CANETON FOUINEUR

L’Europe prend le risque et se déconfine

Faut-il craindre une quatrième vague ?
Jamil Manar
20/5/2021 14:58

Dans l’optique des prochaines vacances d’été, les pays européens ont commencé à lever les restrictions...

Dans l’optique des prochaines vacances d’été, les pays européens ont commencé à lever les restrictions sanitaires alors que le virus est toujours en circulation. Sans que l’on sache vraiment si les vaccins et le passeport sanitaire, face à l’apparition de nouveaux variants, sont une garantie d'éradiquer ou du moins juguler la maladie.

L'Espagne a rouvert lundi ses plages, l'Italie ses piscines : l'Europe poursuit son déconfinement après des semaines de paralysie en raison du coronavirus, qui a fait plus de 343.000 morts à travers la planète et continue sa progression notamment en Amérique latine. À Madrid et Barcelone, c'est une immense bouffée d'air: jusqu'alors toujours soumis à un des confinements les plus stricts au monde face à la pandémie partie de Chine fin 2019, les habitants des deux principales villes d'Espagne ont commencé lundi à bénéficier d'un premier allègement, avec la réouverture des terrasses et des espaces verts. En Grèce, les terrasses des tavernes et des cafés ont rouvert lundi, une semaine plus tôt que prévu, pour soutenir le secteur de la restauration avant un retour espéré des touristes à la mi-juin. Ces séquences de liberté retrouvée, après plusieurs mois de confinement, datent de mai… 2020. On connaît la suite, une deuxième vague virulente d’infections puis une troisième s’est abattue sur de nombreux pays européens au retour des vacances en août.   Une année plus tard, le même scénario se répète :  les autorités des pays européens s’apprêtent, au terme d’une batterie de mesures restrictives à faire face à une deuxième, puis troisième vague, à alléger les barrières sanitaires en prévision de l’été, histoire de permettre aux professionnels du secteur touristique, ravagés par plus d’une année de crise sanitaire, de sauver leur business moribond.  

Après l’Italie, qui a levé l'obligation d'isolement pour les Français le 15 mai, le Portugal rejoint les autres pays du sud de l'Europe dans une course acharnée pour accueillir à nouveau les voyageurs, Grèce, Espagne ou Croatie en tête. Tous attendent le déploiement du passeport sanitaire élevé au rang de visa obligatoire, ce document, considéré comme le sésame pour le tourisme, offre-t-il une véritable garantie sanitaire ? Là réside toute la question surtout face à la multiplication des variants susceptibles d’entraîner une quatrième vague de contaminations après la fin de la séquence bronzage estival. Britannique, sud-africain, brésilien et indien, différents variants du virus soulèvent de nombreuses questions quant à leur dangerosité. Lorsqu’ils se multiplient, les virus peuvent développer des mutations, c’est-à-dire des erreurs conduisant à des modifications de la séquence génétique d’origine, donnant naissance à des variants. Il en va ainsi du SARS-CoV-2 comme des autres virus : c’est un phénomène attendu et courant.

Certaines erreurs n’ont aucune conséquence, d’autres lui confèrent de nouvelles capacités d’adaptation. Certains variants peuvent devenir plus contagieux ; plus virulents; moins sensibles à l’immunité acquise par une infection ou une vaccination. Les variants sont classés en trois catégories par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et surveillées dans des bases de données internationales. Plusieurs variants du coronavirus inquiètent en ce moment les scientifiques. Il y a eu environ 12.000 mutations du virus à ce jour. Les variants les plus inquiétants sont ceux qui proviennent du Brésil, d’Afrique du Sud et d’Inde. Ces variants donnent des soucis car ils bénéficieraient d’un potentiel de transmissibilité plus important et entraîneraient des formes plus graves de la maladie. Le variant sud-africain est issu d’une mutation de la protéine Spike, la clé qui permet au SARS-CoV-2 de pénétrer dans nos cellules. Elle est aussi l’une des cibles de notre système immunitaire face à l’infection. Voilà pourquoi cette nouvelle version du virus semble pouvoir réduire sa détectabilité par les anticorps. Les chercheurs estiment par ailleurs que ce variant sud-africain est environ 50 à 60% plus contagieux, sans pour autant être plus mortel. En revanche, de plus en plus de jeunes semblent tomber malades une fois infectés par ce variant, y compris des enfants. Comme il peut échapper partiellement à la réponse immunitaire, le variant sud-africain réduirait aussi l'efficacité des vaccins. Le vaccin d'AstraZeneca n'offrirait ainsi qu'une protection minimale contre les formes légères et modérées de la maladie. C’est-à-dire que les personnes vaccinées peuvent être infectées et développer également des symptômes. En revanche, les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna semblent efficaces contre les mutations du SRAS-CoV-2 apparues en Afrique du Sud. A la fin mars, le variant sud-africain avait déjà été signalé dans 18 pays d’Afrique, dont le Cameroun, le Rwanda, la RDC, selon le Centre africain de prévention des contrôles des maladies.

« Le double mutant »

Le variant indien suscite des inquiétudes à cause de la dégradation rapide de la situation sanitaire dans ce pays. Ce variant résulte de quinze mutations. Mais deux d'entre elles inquiètent les chercheurs : la mutation observée sur le variant californien (la mutation L452R) et une mutation proche de celle que présentent les variants brésilien et sud-africain (la mutation E484Q). Deux mutations encore jamais observées ensemble. C’est pour cela que le variant indien est qualifié de «double mutant». S’il semble acté que la double mutation présentée par le variant indien le rendrait plus contagieux que les autres, il est encore trop tôt pour dire si celui-ci est plus mortel. S’agissant des vaccins, les chercheurs indiens pensent qu’ils sont encore efficaces contre le variant. Mais jusqu’à quand ?

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