Jamil Manar
9/7/2020 12:33
Khalid Aït Taleb. Des décisions sans explications...

Organiser l’isolement des patients du Covid-19 à Benslimane ou à Ben Guérir ne représente plus la seule alternative...

Organiser l’isolement des patients du Covid-19 à Benslimane ou à Ben Guérir ne représente plus la seule alternative. Les cas positifs ont désormais le choix d’être isolés et soignés à domicile.

La circulaire rendue publique le 6 juillet par le ministère de la Santé marque un tournant dans la stratégie nationale en matière de lutte contre le Covid-19. Ce texte, qui intervient dans un contexte « marqué par l’augmentation significative des cas confirmés, souvent asymptomatiques et sous forme de foyers épidémiques en milieu professionnel et communautaire » introduit un changement de taille :  Les cas actifs Covid-19 et les futurs cas positifs peuvent dorénavant être isolés à domicile.

D’apparence anodine, ce changement est déterminant dans la prophylaxie du virus qui est loin d’avoir disparu de la circulation. La mise en quarantaine des patients chez eux vient en fait corriger une décision gouvernementale contre-productive annoncée le 13 juin dernier, celle du regroupement des covidés au sein de deux structures sanitaires spécialisées, à Benslimane et Ben Guérir.

Sur le terrain, cette décision a eu un effet négatif immédiat : le refus, constatée chez de nombreux cadres et salariés du privé de se faire dépister à la charge de l’employeur dans le cadre de la fameuse campagne de dépistage massif en entreprise afin de « limiter le risque de propagation du virus en milieu professionnel et garantir une reprise d’activité sereine et sécurisée ». Mettez-vous à la place d’un haut cadre d’un grand groupe de la place. Va-t-il accepter de bon cœur de subir le dépistage au risque de se retrouver isolé pendant plusieurs jours à Benslimane ou Ben Guérir ? De nombreuses entreprises ont dû faire face à la résistance de leurs collaborateurs qui craignaient d’être séparés de leurs familles si jamais ils sont déclarés positifs.  La même inquiétude a été exprimée par les parents au sujet de leurs enfants contaminés éventuellement. La perspective de les transférer à Benslimane ou à Ben Guérir loin du cocon familial était très mal vécue.  

Plusieurs cadres ont d’ailleurs appelé des cliniciens amis à Casablanca pour leur demander s’ils peuvent se faire dépister en clinique avec leur progéniture et d’y effectuer la quarantaine au cas où ils seraient porteurs du virus. « C’est impossible», se sont-ils entendus répondre.

Cet effet dissuasif et pervers se lit dans le nombre des dépistés entre le 3 juin, date du démarrage de l’opération et le 19 juin : 46.876 personnes seulement. À ce rythme, il est difficile d’atteindre à fin juillet l’objectif de 1.790.000 tests de dépistage annoncé initialement par la CGEM.

C’est pour mettre fin à l’effet pervers produit par l’obligation de l’isolement à Ben Guérir ou à Benslimane que le ministère de la Santé a décidé de donner aux malades le choix d’être isolés et soignés à domicile. Cet effet pervers, dont se sont inquiétés de nombreux experts dont l’épidémiologiste Jaafar Haïkel auprès du ministère de la Santé, c’est traduit par la propagation exponentielle du virus au sein de la population à cause du refus de se faire dépister alors même que le sujet se sait atteint pour ne pas être enfermé à Benslimane ou Ben Guérir. « Toute personne ayant eu un contact avec un cas probable ou confirmé de Covid-19 dans un délai s’étalant de 48 heures avant le début des symptômes chez le cas suspecté ou confirmé et jusqu’à son isolement devra être mise en quarantaine à domicile pour une durée de suivi et d’isolement de 14 jours, à compter de la date du dernier contact avec le cas de Covid-19 confirmé » indique la nouvelle circulaire du ministère de la Santé. Il était temps de corriger une mesure très peu réfléchie.

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