Un demi-siècle après sa disparition, la tombe de Jilali Gharbaoui a été enfin identifiée et réhabilitée par la Wilaya de la région...

Un demi-siècle après sa disparition, la tombe de Jilali Gharbaoui a été enfin identifiée et réhabilitée par la Wilaya de la région Fès-Meknès. Il a fallu à cette dernière une dizaine de jours pour rechercher des témoins et identifier la tombe sur laquelle une stèle commémorative, en hommage à ce grand artiste, a été érigée mercredi 7 octobre, au cimetière Bab Ftouh de Fès. Heureuse coïncidence ! La découverte de la sépulture du célèbre peintre marocain, mort sur un banc public à Paris, est survenue alors qu’on s’apprêtait à lui rendre hommage 50 ans après sa disparition. En 1971, Jilali Gharbaoui meurt sur un banc public au Champ de Mars à Paris. L’alcool, son remède pour « oublier » son mal être et ses déceptions sentimentales a fini par l’emporter. Il avait 41 ans. Sa dépouille sera rapatriée au Maroc et enterrée au cimetière Bab Ftouh à Fès, dans l’anonymat le plus total.

La vie de Gharbaoui, né en 1930 à Jorf El Melha dans la région de Sidi Kacem, n’est pas connue du grand public et même ceux qui s’y intéressent n’en connaissent que peu ou prou. Une bonne occasion donc pour revenir sur un ouvrage publié le 20 janvier dernier aux éditions Studiolo (une petite agence de Rabat) qui jette une lumière sur cet artiste en revenant sur son parcours exceptionnel. « L’épithète de précurseur qui est attribuée à Jilali Gharbaoui n’est pas une imposture. À 41 ans, il laisse une œuvre prolifique et forte qui en fait, avec Ahmed Cherkaoui et Ahmed Yacoubi – trop souvent oublié – une figure emblématique de l’art abstrait au Maroc. Mort à 41 ans sur un banc du Champ de Mars à Paris, il a eu une fin d’artiste maudit.

Ce dévaliseur posthume de gloire n’a pas connu de son vivant le succès ou la reconnaissance que mérite la figure emblématique de l’abstraction au Maroc et l’artisan d’une modernité vivante et assumée», souligne Latifa Serghini l’auteure de « Jilali Gharbaoui: Le messager de l’exil ». Les témoignages, les détails, les documents iconographiques rassemblés et étalées sur 236 pages font de cet ouvrage un récit de vie précis, précieux et minutieux. A lire. Latifa Serghini, médecin de métier, est l'auteure de deux récits biographiques : Life Before Thinking. Sur les pas du peintre Ahmed Yacoubi (Artdif, Casablanca, 2015) et Mohamed Hamri, peintre et saltimbanque, (Artdif, Casablanca, 2018). Ces ouvrages sont considérés comme une contribution de qualité apportée à l'Histoire de l'Art au Maroc et un travail de mémoire visant à éclairer le parcours de personnalités souvent oubliées, pionnières de la modernité au Maroc.

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