Le jury du prix HSBC pour la photographie a rendu public, le 16 mars, les noms des deux vainqueurs de la 26e édition...

Le jury du prix HSBC pour la photographie a rendu public, le 16 mars, les noms des deux vainqueurs de la 26e édition. Il s’agit de la Marocaine Aassmaa Akhannouch, pour ses tirages intitulés La maison qui m’habite encore… et du Français Cyrus Cornut, pour Chongqing, sur les quatre rives du temps qui passe. Ce prix, remis à des artistes français et internationaux, vise à faire émerger une nouvelle génération de photographes en acquérant leurs œuvres et en produisant des expositions et des ouvrages sur leur travail.

Les deux artistes se sont intéressés aux maisons, avec deux visions bien différentes : l’une à sa charge émotionnelle intrinsèque et l’autre à son potentiel destructeur. Le travail d’Aassmaa Akhannouch s’est centré sur sa maison d’enfance, la « maison rouge » où tant de souvenirs se retrouvent et où tant d’événements, apparemment insignifiants, ont construit ce qu’elle est aujourd’hui. Avec ses cyanotypes, qui utilisent une technique de tirage photographique monochrome ancienne, rehaussés à l’aquarelle, la photographe entend travailler sur la représentation de la mémoire en photographie. La série se compose autant de photographies prises dans l’ancienne maison que de reconstitution de scènes qui l’évoquent et qui ont su toucher le jury par leur atmosphère mélancolique. « C’est un peu comme si on ouvrait une vieille malle au grenier et qu’on tombait sur ces photographies », écrit Sylvie Hugues, photographe et conseillère artistique du prix de cette année, qui  avait  proposé les deux artistes. Cyrus Cornut adopte un postulat bien éloigné en s’intéressant à la croissance urbaine frénétique de la ville de Chongqing, en Chine, contre les conditions de terrain difficiles, à flanc de montagne. Il entend capter la destruction implacable de la nature par l’urbanisation, la « danse des grues et des pelleteuses » qui percent, fracturent, aplanissent les terrains pour « empiler les hommes ». Avec ses œuvres, réalisées à la chambre photographique, encombrante et nécessitant autant de technique que de patience, Cyrus Cornut critique la construction à outrance, tout comme la pollution et le mépris des ruraux qui l’accompagnent. Avec ses procédés laborieux, il réintroduit le temps long, celui de la nature, dans ses messages et dans sa technique, pour rendre compte de ces bouleversements géologiques.

Aassmaa Akhannouch, née en 1973, vit et travaille entre Casablanca et le Lot, en Occitanie (France). Après un diplôme d’ingénieur en France et un MBA aux États-Unis, elle travaille dans le marketing pendant 15 ans. En 2013, elle suit un cursus à la Photo Academy Casablanca pour perfectionner ses connaissances en photographie.

En 2016, elle décide de se consacrer entièrement à la pratique photographique. De 2016 à 2018, elle a été accompagnée dans sa recherche par l’artiste photographe Flore à Paris. Son travail photographique se déploie autour de l’exploration du souvenir.

Cyrus Cornut est né en 1977 à Paris. Photographe, Architecte de formation, son travail s’oriente en premier lieu sur la ville, sa plastique, ses évolutions, ses traces, ses vides, et sur les comportements humains qu’elle induit.

En 2006, son premier travail sur les villes chinoises est exposé aux Rencontres Internationales de la photographie d’Arles sous la direction artistique de Raymond Depardon. Il sera membre de l’agence coopérative Picturetank qu’il intègre en 2007, jusqu’à sa fermeture en2017.

En 2010, avec le groupe France14, il expose «Voyage en périphérie », travail sur les paysages de logements de masses en Île de France.

A partir de 2011 ses recherches s’orientent également sur la place du végétal dans le paysage urbain, mais aussi vers le paysage rural…

L'une des photos de «Chongqing, sur les quatre rives du temps qui passe» de Cyrus Cornut © Cyrus Cornut

L’une des photos de «Chongqing, sur les quatre rives du temps qui passe» de Cyrus Cornut © Cyrus Cornut

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