CANETON FOUINEUR

De la prison ferme pour l’ex-président istiqlalien de la commune de Guéliz dans l’affaire du Casino Essaadi

Abdouh décroche la martingale
Ahmed Zoubaïr
2/12/2020 0:21
Abdellatif Abdouh. Un jeu fatal...

L’ex-président de la commune de Guéliz a été rattrapé par une affaire de corruption en relation avec la cession...

L’ex-président de la commune de Guéliz a été rattrapé par une affaire de corruption en relation avec la cession pour une bouchée du pain du terrain du casino de l’établissement Essaadi...

L'Istiqlalien Abdellatif Abdouh envoyé à l’ombre. Cinq ans de prison ferme assortie d’une amende de 50.000 DH et la saisie de ses biens immobiliers. Qui l’aurait cru ? La cour d’appel de Marrakech a confirmé, en dernière instance, jeudi 26 novembre, le jugement du tribunal de première instance rendu le 19 février 2015 dans le cadre du fameux scandale « Casino Essaadi » où une brochette de figures locales a été poursuivie pour corruption et participation à la dilapidation de l’argent public. M. Abdouh occupe actuellement le poste de conseiller à la deuxième Chambre et, ironie du sort, celui de vice-président de la Commission de la Justice et de la législation !  

C’est eu égard à l’immunité parlementaire dont il bénéficie qu’il n’a pas été placé immédiatement sous mandat de dépôt…  On verra si le condamné sera conduit à sa cellule au pénitencier de l’Oudaya. Poursuivi en état de liberté tout comme ses coaccusés, la tête d’affiche de ce procès a été   condamné en sa qualité de président de la commune Menara Guéliz au moment des faits qui ont valu à ses complices, pour la plupart des élus locaux (un ancien président de l’arrondissement de Guéliz, cinq adjoints au maire et trois anciens conseillers communaux) une peine  d’emprisonnement de 3 ans et une amende de 40.000 DH. Un promoteur immobilier a vu sa peine confirmée, 2 années de prison et une amende de 30.000 DH, tandis qu’un ancien membre de la chambre de commerce, de l’industrie et des services a été acquitté.    

Remontant à 2001, les faits sont troubles et ils concernent la cession d’un terrain cette année là sur lequel la famille Bauchet a fait construire ce complexe des jeux du hasard. Les Bauchet sont les propriétaires de ce complexe hôtelier «Essaadi» 5 étoiles qui traîne une réputation sulfureuse. Justement, il a été établi par la justice que M. Abdouh a profité de son statut de président du conseil communal pour faire voter la décision de  cession du foncier en cause, d’une superficie d’un hectare à un prix bien inférieur à sa valeur réelle : 600 DH le mètre carré pour la partie nue et 1.026 DH le mètre carré pour la surface construite. Alors que le mètre carré dans la zone huppée de l’Hivernage où est situé l’établissement Essaadi valait à l’époque, selon certaines estimations, la bagatelle de 8.000 DH contre plus de 20.000 DH aujourd’hui en raison de la difficulté de trouver un lot vacant dans cette zone touristique et résidentielle de premier plan.  

Vengeance

Pour cette transaction de tous les soupçons, les acheteurs ont déboursé la somme de 8,3 millions de DH. Plus qu’un prix d’ami. Un vrai cadeau. Le jackpot. Il faut rappeler à cet égard que la même municipalité avait rejeté une offre de 2 500 DH le mètre carré jugée très peu intéressante, faite au début des années 90 par la société des Bauchet, pour acquérir le même foncier. Il fallait simplement que les proprios de Essaadi attendent l’arrivée de Abdouh à la tête de la commune pour qu’ils fassent tomber le terrain très convoité dans leur escarcelle pour une bouchée de pain… Il était clair que les acquéreurs ont profité d’un prix anormalement bas, en tout cas très en dessous du celui du marché, pour le terrain qui faisait l’objet d’un bail de location litigieux et que Abdouh a bradé dans des proportions ahurissantes au profit de la société Ferma qui exploitait ce terrain depuis 1959, date de la création de l’hôtel et du casino.  

Le scandale sera révélé en 2007 par un conseiller communal local du nom de Lahcen Aourragh, qui a visiblement agi par désir de vengeance du dirigeant istiqlalien qui d’après son accusateur a réussi à accumuler une fortune colossale sous forme notamment de biens fonciers et immobiliers. «On m’a proposé la somme de 100.000 DH en échange de mon vote en faveur de la vente du terrain aux propriétaires de l’hôtel Essaadi mais j’ai refusé », avait-il alors soutenu en substance dans un enregistrement audio qui avait circulé à l’époque dans le landernau politique marrakchi. Se vendre pour 10.000 DH pour une «affaire» qui a généré, selon la rumeur qui s’était répandue à Marrakech, une corruption d’un montant de 20 millions de DH ! Le jackpot. Il y a de quoi se sentir insulté et en concevoir un désir tenace de tout déballer au grand jour…

Sur ces entrefaites, la justice  s’était saisie de l’affaire après la mobilisation de l’antenne locale de  l’instance nationale pour la protection des biens publics pour qui a demandé que la lumière soit faire sur cette affaire qui fera l’objet d’une investigation de la BNPJ. Cette dernière a procédé à l’audition de l’ensemble des protagonistes du casino Essaadi. Interrogé par les enquêteurs, Abdellatif Abdouh, qui était un simple fonctionnaire dans une entreprise de promotion immobilière publique avant de s’enrichir au contact de la chose locale, botte en touche, arguant que ce n’est pas lui qui a fixé le prix de cession et que la décision de vendre le foncier de la discorde en dessous du prix du marché a été prise par le conseil municipal et les autorités locales chapeautés à l’époque par le wali Mohamed Hassad. Or, rien ne justifie, sauf à céder à la tentation de l’argent facile, une telle faveur à des promoteurs touristiques qui avaient largement les moyens d’acheter le terrain au prix du marché. Pour avoir abusé de son pouvoir pour s’enrichir sa cause, Abdellatif Abdouh ne peut même pas sauver la mise...

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