CANETON FOUINEUR

Une fumée noire toxique empoisonne la vie des habitants de Kenitra

Au secours, ils leur pompent l'air !
La rédaction
13/1/2022 1:59

Face au calvaire de la population locale qui se plaint depuis près d’une décennie de ce nuage noir préjudiciable à la santé et...

Face au calvaire de la population locale qui se plaint depuis près d’une décennie de ce nuage noir préjudiciable à la santé et à l’environnement, c’est l’indifférence des autorités qui est toujours dans l’air.

Les habitants de Kenitra n'ont qu'une envie : changer d'air. Mais face à l'indifférence persistante des responsables, ils sont, semble-t-il, condamnés à cohabiter avec cette fumée noire qui couvre le ciel, leur empoisonne l'existence et menace sérieusement leur santé... Les militants de la ville ont beau dénoncer cette pollution permanente préjudiciable qui les rend malades, rien n'y fait. Les autorités locales font la sourde oreille. Et pourtant, le problème de la « poussière noire » est réel. Palpable. Les Kenitris la découvrent chaque matin sur les bords de leurs fenêtres et la constatent sur leur linge blanc qu’ils font sécher sur les terrasses.

Mais d’où viennent ces nuages de fumée ? Pas aussi mystérieux que ça, ils émanent de la centrale thermique de la ville et se propagent ensuite dans plusieurs quartiers situés à proximité de la zone industrielle. Ce qui impacte évidemment la qualité de l’air en raison d’un certain nombre de polluants nocifs aussi bien pour la santé humaine que pour l’environnement. En plus des dégâts écologiques, les particules rejetées dans l’atmosphère provoquent une série de désagréments de santé, notamment les irritations oculaires ou les gênes  respiratoires, les crises d'asthme ou l’exacerbation des troubles cardio-vasculaires… De nombreuses familles font état de nombre de ces morbidités qui touchent particulièrement les enfants.

Fléau

Selon l’OMS, la pollution de l’air extérieur est un problème majeur qui touche tout le monde dans les pays à revenu faible, intermédiaire et élevé. En 2016, au niveau mondial, la pollution de l’air ambiant (extérieur) dans les villes et les zones rurales était responsable, selon certaines estimations, de 4,2 millions de décès prématurés par an. Cette mortalité était due à l’exposition aux particules fines de 2,5 microns de diamètre ou moins (PM 2,5), qui provoquent des maladies cardiovasculaires et respiratoires, ainsi que des cancers.

Les élus de la ville de Kenitra ont récemment saisi par écrit la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable Leïla Benali pour attirer son attention sur ce fléau et agir en conséquence. Aucune réponse pour l’instant. En fait, l’apparition de la fumée noire à Kenitra n’est pas récente. Le problème a surgi en 2012 et il se poursuit malgré la mobilisation des ONG locales et les protestations des résidents.  Ils ont beau remué l’air, trouver une solution à leur calvaire ne semble pas être une priorité pour les autorités.

Et pourtant, une étude, rendue publique par Greenpeace Mena en juin 2020, a tiré la sonnette d’alarme sur les dangers de la pollution atmosphérique au Maroc et l’importance de son coût économique et sanitaire, estimé respectivement à 5.000 décès par an et 11 milliards de DH.  Basée sur des données fournies par la NASA, cette enquête pointe principalement les quatre centrales thermiques du pays (Jorf Lasfar, Mohammedia, Safi et Kenitra). Fonctionnant essentiellement au charbon (gaz et charbon pour celle de Kenitra), ces centrales sont responsables des émissions de l’oxyde de soufre (SO2), un gaz présent dans de nombreux secteurs d’activités tels que les usines de pâtes à papier, les centrales thermiques, l’industrie du froid et suite à la combustion d’énergies fossiles (charbon et fuel).Le SO2 est un gaz  incolore hautement toxique, détectable par son odeur âcre et très irritante  pour les muqueuses (yeux et voies respiratoires).

Économie verte

Pour un pays résolument engagé sur la voie de la transition énergétique et la promotion des énergies renouvelables, cette situation fait quelque peu désordre. Celle-ci met en effet le Maroc en porte-à-faux par rapport à ses engagements internationaux en matière de préservation de l’environnement et de défense du développement durable. Le Maroc est pris en tenaille entre la nécessité de recourir aux énergies fossiles pour faire tourner ses centrales et autres secteurs d’activités économiques et son pari de s’inscrire dans une économie verte sollicitant des énergies moins carbonées comme l’éolien  et le solaire. Mais il faut plus que des catalogues d’intention pour que l’installation de ce cercle vertueux soit vraiment dans l’air.

Les champions de la pollution atmosphérique

La pollution atmosphérique due à la combustion de combustibles fossiles, en particulier le charbon, le pétrole et le gaz, est responsable à environ 4,5 millions de décès prématurés dans le monde chaque année, un chiffre qui fait plus que tripler le nombre de décès provoqués par les accidents de la circulation dans le monde.

La pollution atmosphérique par les combustibles fossiles coûte à la planète environ 2,9 trillions de dollars par an, soit près de 3,3% du PIB mondial. En effet, les maladies qui résultent de l’exposition aux combustibles chaque année dans le monde correspondent à des pertes économiques d’environ 101 milliards de dollars par an.

La Chine, les États-Unis et l’Inde subissent les coûts les plus élevés de pollution atmosphérique liée à l'usage des combustibles fossiles, avec respectivement environ 900 milliards de dollars, 600 milliards de dollars et 150 milliards de dollars.

En ce qui concerne l’Afrique du Nord et Moyen-Orient, l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont les pays qui supportent la facture la plus élevée de pollution atmosphérique par les combustibles fossiles, avec une valeur estimée à 6,9 milliards de dollars, 6 milliards de dollars et 5,9 milliards de dollars par an pour chacun des pays respectifs.

Source : Greenpeace

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