La mairie de Casablanca, dirigée par les islamistes du PJD, a donné la pleine mesure de son incompétence sur le dossier nauséabond de la décharge de Médiouna. Incapable de décréter sa fermeture ni de faire fonctionner la nouvelle décharge de remplacement. Au grand malheur des riverains qui souffrent de ce point noir depuis plusieurs décennies…
Cela fait plusieurs décennies que la décharge de Médiouna empoisonne la vie des douars avoisinants et des habitants de Bouskoura. Avec ses odeurs pestilentielles et ses mares de lixiviat qui polluent en continu l’environnement, cette décharge sauvage, qui a la peau dure, a résisté à toutes les réclamations et sit-in de protestation des victimes de ce scandale écologique à ciel ouvert. Les ravages sont environnementaux, mais sont aussi sanitaires. En plus de la dégradation des sols et la pollution de l’air, cet océan de déchets est à l’origine de problèmes respiratoires dont souffrent les enfants comme les adultes. En raison de cet énorme désagrément, de nombreuses familles qui ont acheté des villas dans les complexes résidentiels de la ville verte ont dû fuir la zone, eux, qui croyaient avoir emménagé dans un havre de paix et un écrin de verdure. Malgré la mobilisation de ceux qui ont décidé de rester, la situation n’a pas bougé d’un iota. Riverains et associations ayant l’impression que les autorités de Casablanca, principalement la mairie concernée en premier lieu, se désintéressent du dossier.
Dans une lettre adressée au maire de la ville, le PJD Abdelaziz El Omari, par l’association regroupant les habitants de la ville verte de Bouskoura et des quartiers Californie et de Médiouna, les signataires dénoncent dès 2016 « la pollution quotidienne subie à cause des tonnes d’ordures brûlées à la décharge Médiouna » et « les fumées toxiques et l’odeur nauséabonde émanant de la décharge ». «Nous vous tenons comme responsable des conséquences sur notre santé et celle de nos enfants», avertissent les plaignants dont la revendication est sans équivoque : la fermeture pure de la décharge de toutes les nuisances et l’ouverture d’une décharge écologique répondant aux normes internationales. « C’est très simple : quand on ouvre les fenêtres le matin, c’est comme si on nous mettait une poubelle à la figure. C’est invivable», avait dénoncé auprès de la Vie Économique Hanane Souaidi Bouzil, résidente et présidente de l’association « Mamans de Bouskoura ».
Sous la pression des contestataires, le Conseil de la ville de Casablanca a fini par annoncer il y a quelques années l’acquisition d’un terrain situé dans la commune de Mejjatia à Médiouna pour y construire une nouvelle décharge contrôlée et respectueuse des normes environnementales. La date du démarrage des travaux a été également dévoilée : novembre 2016. Ouf de soulagement des victimes de la décharge de Médiouna. Enfin elles pourront respirer un air frais et ouvrir leurs fenêtres sans risque d’inhaler de mauvaises odeurs.
Mauvaise gestion
Mais elles vont devoir vite déchanter face à l’opposition du conseil communal de Mejjatia-Ouled Taleb ainsi que de la société civile de Médiouna… Le président de cette commune mitoyenne, Amine Hachem dit s’opposer à sa mise en service pour non-respect du cahier des charges. En plus du manque de certains documents administratifs, notamment le certificat de conformité, l’attestation de fin de travaux délivrée par l’architecte, l’autorisation mise en service du nouveau site, M. Hachem déplore l’absence de l’étude d’impact environnemental, le rapport de gestion des résidus de lixiviat ainsi que des carences constatées dans l’aménagement et l’équipement de la nouvelle décharge. Visiblement très mal géré, ce projet de transfert dégage les relents de l’incompétence des élus islamistes. Très peu communicatifs sur le sujet, ils cherchaient manifestement juste à refiler la patate pourrie à un autre territoire… Une manière de déplacer le problème au lieu de le résoudre pour désamorcer la colère de plus en plus grandissante des riverains de la décharge de Médiouna.
Laquelle décharge, où sont déversés chaque jour quelque 3.000 tonnes de déchets, n’est pas donc près de mourir. Elle est toujours en service avec son ballet quotidien de camions qui viennent déverser leurs chargements nauséabonds dans ce site de 80 hectares. À force de mauvaise gestion, le dossier est devenu complexe puisque l’équipe dirigeante de la mairie a du mal à fermer ce point noir qu’est la décharge de Médiouna ni à faire fonctionner la nouvelle structure alors qu’elle s’était engagée de régler ce problème lors de son élection en 2015. Sauf intervention des autorités locales, Médiouna ne peut pas échapper à son triste destin. Celui de dépotoir de la métropole. N’est-elle pas poubelle la vie ?