Mohamed Boudrika,

Botter en touche ne sera pas possible pour le scandale de la revente au marché noir des billets gratuits du mondial du Qatar. Ceux qui...

Botter en touche ne sera pas possible pour le scandale  de la revente au marché noir des billets gratuits du mondial du Qatar. Ceux qui croyaient, à commencer par les coupables présumés, que  cette triste affaire, qui a terni l’exploit footballistique du Maroc, ne tirerait pas à conséquence en ont été pour leurs frais. L’affaire a été abordée le 27 décembre sur un ton empreint de gravité et d’indignation par le président de la FRMF Fouzi Lekjaa en ouverture  de la réunion du comité directeur de la Fédération. « Parmi les choses qui ont relativement gâché notre joie et la liesse des supporters, il y a les trafics  abjects  autour des billets, caractérisées par la bassesse et la cupidité et dont les protagonistes étaient des personnes (prétendument, ndlr) affiliées à la famille du football national », a-t-il fustigé  en annonçant des mesures sévères-pouvant aller jusqu’à l’exclusion du monde du football- à l’encontre de ceux dont  la culpabilité aura été établie par la commission d’enquête  constituée à cet effet et qui livrera ses  résultats le 16 janvier.

Tout porte à croire que  la justice va passer puisque la BNPJ a déjà procédé sur ordre du procureur du roi près la cour d’appel de Casablanca à  l’audition d’un mis en cause, le président de l’Olympique de Safi Mohamed El Haidaoui. Celui-ci est soupçonné avec l’ex-président du RAJA Mohamed Boudrika, dont le nom a été abondamment cité sur les réseaux sociaux au moment des faits, d’avoir trempé dans cette sombre histoire qui a scandalisé les Marocains.
Le parcours du Maroc était épique, salué et fêté comme il se doit sous plusieurs cieux arabes et africains.  Mais ce serait sans compter avec les champions d’un autre sport, le jeu trouble de l’enrichissement indu,  pour marquer contre leur camp et créer un bad buzz préjudiciable à l’image du pays,  prouvant par la même occasion leur avidité tout-terrain et sans frontières y compris à l’étranger.

Les mis en cause excellent aussi dans une autre discipline : le cumul des mandats dans des proportions ahurissantes. Prenez par exemple M. Boudrika :  En plus ses mandats électifs (président de commune de Mers Sultan et député de la même circonscription), il est questeur du Parlement,  membre de la région de Casablanca-Settat, membre du conseil préfectoral,  membre du Raja, membre dans la ligue Grand Casablanca de football et membre fédéral à la FRMF. Promoteur immobilier de son état, l’intéressé est sur la bonne voie pour égaler le record d’un autre personnage champion  toutes catégories de l’empilement des mandats et des titres : Mohamed Joudar. Celui-ci est député, président de la commune de Ben M'sik, vice-président du Parlement, vice-président au Conseil de la ville, membre de la région,  membre du conseil préfectoral, président du club de football de Ben M'sik, membre de l’association des élus,  membre de l’association des présidents,  président de la ligue Grand Casablanca de football, vice-président de la FRMF et secrétaire général de l’UC.  Ouf !!!!!! Cet enseignant qui a bénéficié d’une retraite anticipée en 2003 a estimé qu’il a encore suffisamment de temps pour ajouter  cette dernière responsabilité politique à son palmarès pour le moins frappant.  Il faut croire que ce personnage  très discret malgré ses responsabilités multiples est un superman doué de facultés hors normes qui lui permettent de collectionner sans problèmes les postes et les mandats d’influence. Ces derniers servent aussi  et surtout comme des boucliers en développant une capacité à profiter des privilèges du système et à échapper aux conséquences d’éventuels actes délictueux. Se servir plutôt que de servir. Se protéger et protéger ses intérêts plutôt que défendre ceux des administrés.

Si des cumulards à l’image des Joudar et Boudrika, qui renvoient une image ambiguë du fait de leurs nombreux statuts hybrides, existent  c’est parce le Maroc peine justement à adopter des lois de limitation du cumul de mandats. La raison vient principalement du blocage opéré par les bénéficiaires qui, étant souvent députés, ont tendance à légiférer dans le sens qui les arrange.
En attendant une volonté politique claire et ferme en la matière, les pratiques restent marquées par la concentration entre les mains d’un groupe de personnes d’une multitude de positions de pouvoir alimentées par la relation  incestueuse  entre la politique et le sport notamment le plus populaire d’entre eux. Il y a quelque chose de malsain à tolérer une telle collusion surtout que sa valeur ajoutée  pour le sport ou la politique reste sincèrement à démontrer. Bien au contraire, les agissements de certaines brebis galeuses de cet acabit deviennent contre-productifs et rejaillissent sur  l’image de leurs partis et du pays.

C’est ce laxisme qui a permis à plus d’une dizaine de présidents de clubs de football de faire leur entrée sous la coupole suite aux élections législatives de septembre 2021. Jamais le ballon rond n’a été utilisé comme marchepied pour accéder au pouvoir  dans des proportions aussi considérables. Ce débarquement en force a de quoi interroger dans sa finalité et ses principes. Le Maroc qui gagne est magnifique. Ce Maroc-là, qui a ébloui le monde lors du mondial qatari, ne doit pas s'accommoder des champions de l'antijeu...

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