CANETON FOUINEUR

Plusieurs millions de Marocains privés de cours

C'est grève, professeur?
Ahmed Zoubaïr
23/11/2023 0:05
Les enseignants réclament une amélioration de leurs revenus…

La grève des enseignants qui dure depuis plusieurs semaines, prenant en otage des millions d'élèves du public, n’est qu’un nouveau...

La grève des enseignants qui dure depuis plusieurs semaines, prenant en otage des millions d'élèves du public, n’est qu’un nouveau chapitre dans le grand livre des dysfonctionnements de l’éducation nationale.

L’indice qui sied à l’école publique n’est pas celui de performance mais de gâchis. Les grèves à répétition organisées depuis plus d’un mois par les coordinations des enseignants aggravent la situation d’un système éducatif déjà plombé par des déficits chroniques qui empêchent dès le primaire l’acquisition des fondamentaux du savoir. Prenant en otage l’institution éducative dont les principales victimes sont les élèves , les grévistes conditionnent l’arrêt de leur mouvement par le retrait par le ministre de tutelle Chakib Benmoussa du nouveau statut des fonctionnaires de l’Éducation nationale. Devant cette crise sociale d’ampleur, le gouvernement, incapable de les faire fléchir,  en est  réduit a créer des commissions pour dialoguer avec les principaux syndicats du secteur. Or, si ces derniers  sont sensibles  aux arguments de l’exécutif avec lesquels ils ont signé  un  accord en janvier 2023, ils  semblent démunis vis-à-vis des coordinations, ne disposant d’aucun moyen sur ces entités  qui  visiblement se sont autonomisées. Un nouveau débrayage  a été annoncé il est  observé pendant trois jours à partir du mardi 21 novembre. L’impasse est totale.
Un école publique  pacifiée, performante et débarrassée de ses mille et un maux, n’est donc  pas pour demain. De promesses de réformes en effets d’annonce, on continue à tâtonner merveilleusement bien. Entre ceux qui recommandent l’adoption de la darija (le dialect national) comme solution à la médiocrité scolaire et ceux qui prônent l’introduction de l’anglais dès le primaire, les responsables donnent l’impression de ne savoir plus sur quel pied danser.
Il faut dire que la crise de l’enseignement au Maroc n’a pas commencé avec le gouvernement Akhannouch ni avec celui d’avant ; celle-ci a démarré il y a environ trois décennies avec la mise en place d’une arabisation mal pensée sans contenu ni outils pédagogiques. La suite est connue, une génération de cobayes mal formés, ne maîtrisant ni l’arabe ni le français, sacrifiée sur l’autel de l’on ne sait quelle idéologie, vient chaque année grossir les rangs des chômeurs… La déformation continue sans que les responsables agissent pour stopper la dérive de l’inadéquation entre l’apprentissage et les besoins du marché de l’emploi . Cette situation est d’autant plus scandaleuse que le Maroc disposait d’une école publique de qualité, qui a formé plusieurs fournées de cadres de valeur, que des politiques hasardeuses, initiées par l’Istiqlal, ont cassée. Les fossoyeurs de l’école publique, représentés aujourd'hui au gouvernement,  doivent rendre des comptes.  

La crise de l’enseignement au Maroc n’a pas commencé avec le gouvernement Akhannouch ni avec celui d’avant ; celle-ci a démarré il y a environ trois décennies avec la mise en place d’une arabisation mal pensée sans contenu ni outils pédagogiques.


De ratages en laxisme, d’improvisation  en démission,  il était devenu comme allant de soi, voire une fatalité que l’enseignement public sombre dans la médiocrité alors qu’il est supposé être performant. Résultat : les parents ont perdu petit à petit confiance dans le système public sur les décombres duquel a vite prospéré au-delà de toute espérance un secteur privé marocain et étranger réputé de qualité mais de plus en plus onéreux et mercantile. Il faut dire que la demande dépasse l’offre surtout qu’un nombre croissant de couples, pas nécessairement riches,  préfèrent se saigner aux quatre veines plutôt que de mettre leur progéniture dans les centres d’une éducation nationale dont le niveau solaire a baissé de manière inquiétante pour diverses raisons liées notamment à la relation entre l’élève et l’enseignant…L’état de l’école publique est d’autant plus scandaleux que le ministère de l’éducation nationale engloutit près des 2/3 du budget de la nation . Plusieurs dizaines de milliards de DH  chaque année pour un résultat presque nul. Cette réalité très peu reluisante, qui fait mal au cœur, se trouve résumée dans les piètres classements internationaux occupés par le Maroc en matière d’éducation. L'enseignement public tel qu’il dysfonctionne dans notre pays ne garantit pas l’égalité des chances en ce sens que le destin des enfants marocains se retrouve déterminé à la naissance selon qu’ils sont issus d’une classé aisée ou d’un milieu défavorisé. Ce qui est inacceptable.
L’enseignement ne devant pas obéir à des considérations politiques ni  à la surenchère syndicalo- partisane qui ont fait beaucoup de dégâts dans ce pays, il est temps de confier ce département  stratégique à  une agence apolitique capable de redresser un système éducatif à la dérive  dans le cadre d’une vision claire à long terme. A cet effet, il serait peut-être judicieux de régionaliser l’enseignement -au lieu de continuer à le (mal) gérer depuis Rabat- dans le cadre d’académies rénovées dotées de véritables conseils d’administration chapeautés par des hauts cadres qui ont fait leurs preuves dans le domaine de l’entreprise.
Après avoir  élaboré une loi qui interdit les grèves sauvages dans l’enseignement et  n’autorise que le port du brassard comme signe  de protestation, Il s’agit d’aller au-delà du statut de divergences autour du statut de l’enseignant  pour réinventer l’école de demain dans le cadre d’un nouveau contrat avec un personnel enseignant  doté des aptitudes pédagogiques nécessaires. Une école en phase avec son temps où tous les Marocains quelle que soit leur origine sociale peuvent recevoir un enseignement digne de ce nom est à ce prix. Or, la majorité des problèmes du pays proviennent des dysfonctionnements que connaît l’éducation dans son acception la plus large. Et c’est ce qui nous joue bien des tours, plombant le décollage du Maroc et compromettant son avenir.

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