Le confinement allégé qui ressemble au fond à un faux déconfinement dévoilé par le gouvernement Al Othmani exhale...

Le confinement allégé qui ressemble au fond à un faux  déconfinement dévoilé par le gouvernement Al Othmani exhale les relents d’une peur par anticipation...

Le verdict est tombé dans la soirée du mardi 9 juin. Ce n’est donc pas un plan de déconfinement progressif, tant attendu, que le gouvernement a dévoilé mais un dispositif d’allégement du confinement ! Il s’agit d’une espèce de plan bâtard, mi-figue, mi-raisin, différent de celui mis en place en Europe par exemple,  qui baigne dans un certain flou artistique.

Dans  la carte de la première phase du déconfinement qui démarre le 11 juin, tel qu’elle a été détaillée par un communiqué conjoint des ministères de la Santé et de l’Intérieur, le Royaume a été divisé en deux zones, la zone 1 et la zone 2. Grosso modo,  la première classée verte bénéficie d’un desserrement des restrictions toujours imposées à la zone classée rouge. Dans cette partie verte, plus besoin de présenter l’autorisation de circulation de l’autorité locale pour pouvoir circuler dans le territoire de la province ou la préfecture. Réouverture de toutes les activités et commerces y compris les salons de coiffure et d’esthétique avec un taux d’exploitation de 50%, espaces publics à ciel ouvert (parcs, jardins) et pratique sportive en individuel.

S’agissant de la zone rouge qui compte le grandes villes (Casablanca, Mohammedia Rabat-Salé, Marrakech, Fès, Tanger-Asilah…),  les conditions de l’allègement du confinement sont plus  strictes que les régions et villes de la zone 1. Ici, toutes les restrictions restent en vigueur: présentation de l’autorisation de déplacement dérogatoire pour aller travailler ou faire les courses. Seul changement, la fermeture des commerces a été avancée à 20 heures au lieu de 18 heures. Pourquoi gratifier les commerçants de deux heures supplémentaires, sachant  que la population est censée être de retour à la maison à 18 heures, état d’urgence sanitaire oblige ? !!

Les habitants des deux zones ont en commun la reprise de l’activité industrielle, le commerce de proximité, l’artisanat, les petits métiers, les professions libérales et les souks hebdomadaires. Mais les uns et les autres  ne peuvent toujours pas prendre un café ou manger dans un restaurant sur place, s’offrir un bon hammam, voir un film dans en salle de cinéma, célébrer une fête collectivité ou organiser un rassemblement… Or, dans un pays où la vie sociale et les loisirs de la majorité Marocains tournent principalement autour des cafés et restaurants, ne pas autoriser l’ouverture de ces commerces,  fait que l’assouplissement du confinement perd sa substance, laissant un arrière-goût de frustration…Tant il est vrai que le prêt à emporter ou la livraison à domicile ou au bureau n’est pas dans la culture marocaine, les gens ayant besoin de s’attabler autour d’un déjeuner ou un thé…

Nouveau prolongement

À y regarder de plus près, rien n’a changé surtout pour les habitants de la zone 1 et la zone 2, puisqu’ils n’ont toujours pas le droit de se déplacer entre les villes et les régions. Du coup, la saison estivale  passe à la trappe dès lors  qu’un  Casablancais  (zone 2) ne peut pas se rendre à Agadir ( zone 1)  pour y passer ses vacances tout comme un habitant de Fès ne pourra pas programmer son séjour estival à Tétouan ou Tanger… Ces restrictions de mobilité entre villes  et régions vont durer au moins jusqu’au 10 juillet, date de la levée de l’état d’urgence sanitaire qui a été prolongée d’un mois à partir du 10 juin. Comme ce gouvernement a montré un faible particulier pour les prolongations, il n’est pas exclu qu’il attende la veille pour décréter un nouveau prolongement…

Les opérateurs touristiques avaient nourri jusqu’au bout l’espoir de voir les autorités lever l’interdiction des déplacements inter villes et interrégionaux. Mais  la circulaire conjointe du ministère de l’Intérieur et de la Santé, prohibant la mobilité à travers le pays, a douché leurs espoirs. Adieu les vacances d’été. Le tourisme intérieur, sur lequel ont misé bien des hôteliers pour amortir un peu le choc de la crise, est un bel rendez-vous manqué…

Encadré

Le mirage de 0 contaminations…

L’extrême prudence qui frôle l’incompréhension du gouvernement Al Othmani dans sa gestion du déconfinement sied plutôt à un pays où le Covid-19 a fait des ravages en termes de nombre de morts en provoquant le débordement des hôpitaux et des unités de soins intensifs. Dieu merci, le Maroc a évité ce scénario-catastrophe que tout le monde redoutait grâce à  la stratégie d’anticipation mise en œuvre.  Résultat : Depuis le 2 mars dernier, date d’apparition du 1er cas importé d’Italie, le Covid-19 a emporté 211 personnes seulement alors que les lits de réanimation sont remplis à 1% à peine, soit 7 malades graves et le taux de guérison avoisine 90%. Sur le front du coronavirus, les meilleurs indicateurs au monde sont marocains.  Mais au lieu de capitaliser sur ces  acquis  en gérant de manière intelligente l’évolution de l’état épidémiologique et sanitaire sur le terrain, les pouvoirs publics ont préféré jouer sur le registre de la peur par anticipation en pariant sur une menace sanitaire potentielle que les bons indicateurs actuels de la maladie sont loin de valider…

En analysant le propos du Premier ministre au Parlement, mercredi 10 juin,  l’on devine aisément qu’il poursuit un mirage- que le coronavirus lui annonce qu’il quitte définitivement le Maroc- avant d’entamer l’élaboration d’un véritable plan du déconfinement du pays avec des dates et des échéances précises pour donner de la visibilité aux professionnels de chaque secteur.

Or, tout le monde sait que le virus ne partira pas de sitôt et que la courbe des contaminations continuera pour les semaines à venir à s’enrichir de nouveaux cas quotidiens. Le début d’une vision réaliste et objective de la situation épidémiologique nationale passe probablement par  surseoir à la livraison du décompte quotidien des nouveaux infectés- qui dans l’absolu ne veut rien dire- et ne communiquer que  sur le nombre de décès à l’aune duquel est apprécié véritablement la gravité de la situation.   Est-ce pour alimenter la peur collective  que le gouvernement a choisi dès le départ de communiquer massivement et abondamment sur les chiffres des contaminations ?

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