C’est l’histoire d’une métropole dont le patrimoine n’arrête pas d’être assassiné par une rapacité immobilière...

C’est l’histoire d’une métropole dont le patrimoine n’arrête  pas d’être assassiné par une rapacité immobilière toujours rampante. Une maison par-là, une bâtisse par-ci et c’est la capitale économique qui  perd son histoire. Dernier massacre en date dénoncé par l’association Casamémoire, la villa Mauvillier.

Direction le boulevard Zerktouni, croisement Anfa. La petite maison blanche aux terrasses grises n’enchantera plus les passants. Tous s’arrêtaient quelques minutes pour l’admirer et de rêvasser d’une  seconde vie dans cette maisonnette. On pourrait en effet y tourner un film,  installer un centre culturel, organiser des activités solidaires… Ces projets  potentiels ne pourront jamais aboutir puisque la villa Mauvillier, une bâtisse style Art-Déco conçue en 1932 par l’architecte Gustave Cottet,  n’est plus ! Victime d’une  prédation immobilière dont la capitale économique est de plus en plus la cible. Dans l’indifférence des autorités locales et élues. Les travaux de démolition ont démarré en catimini  le dimanche 14 juin (un jour de week-end ! ) alors que les Casablancais sont encore officiellement confinés. Les riverains ont été d’autant plus surpris qu’ils crussent que la villa serait restaurée. Scandale…. Personne  ne sait a priori  ce qui adviendra de cette maison puisque aucune pancarte de chantier, mentionnant le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage, le nom de l’architecte ou le projet de substitution, n’est visible.

Le secret a été entretenu sciemment sur ces informations légales pour ne pas attirer l’attention. Il a fallu  l’intervention de Casamémoire, dont la vigilance n’est jamais en défaut sur ce genre de crimes patrimoniaux,  et de la diffusion de son communiqué de presse pour que les concernés décident d’afficher le panneau de chantier pourtant obligatoire. Si le maître d’ouvrage, certainement un promoteur immobilier de la place,  voulait éviter que l’alerte  sur la démolition d’une bâtisse historique soit donnée, c’est raté. L’autorisation de démolition a certes été obtenue, mais dans le dos de l’association : «L’affaire a été traitée par la bande, via une commission à l’échelle de la commune qui a autorisé le chantier  sans que Casamémoire, le représentant  de la société civile, n’ait été consulté à aucun moment», explique la présidente de Casamémoire  Rabéa Ridaoui.

Or, Casamémoire fait partie de la commission de pilotage relative à la sauvegarde et la valorisation du patrimoine du Grand Casablanca, crée en 2015 par S.M. le Roi Mohammed VI, afin de protéger le patrimoine national et notamment architectural et culturel de la capitale économique. En plus,  le périmètre de la villa Mauvillier est situé sur le territoire la commune de Sidi Belyout, et il existe déjà un arrêté qui stipule qu’il faut passer par une commission. Sans oublier l’agence urbaine qui a  élaboré  un plan de sauvegarde, avec un inventaire de tout ce qui doit être sauvegardé. Sur les décombres de la villa Mauvillier, poussera  certainement, comme ce fut le cas de nombreuses bâtisses à caractère historique,  un immeuble  R+10  à l’image de ceux qui ont déjà poussé dans les environs.  La rapacité immobilière, forte de la complicité des élus locaux, est en train de tuer la mémoire de Casablanca pour blinder encore plus son patrimoine en banque…

Encadré

Un architecte de talent

Gustave Cottet compte de nombreuses réalisations à Casablanca. Parmi celles-ci l’immeuble Escot, rue Oudjari et rue Abdellah El Mediouni (ex Coli) construit en 1929, l’immeuble Domerc, rue de Karatchi (ex Lapérouse) et Mohamed Laaroussi (ex Bascunana) construit en 1934 ainsi que le mythique immeuble du rond-point Mers-Sultan et rue Hadj Amar Riffi ex.Franchet D’Espèrey.

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