CANETON FOUINEUR

Le Maroc renoue dans la confusion avec le trafic aérien international

Deux listes et une flopée d’incohérences
La rédaction
8/6/2021 21:43

Mais qui est ce génie qui sur la base des indicateurs sanitaires du Covid-19 a élaboré la classification des pays étrangers...

Mais qui est ce génie qui sur la base des indicateurs sanitaires du Covid-19 a élaboré la classification des pays étrangers émetteurs de voyageurs à destination du Maroc ?  

Beaucoup d’incohérences et de contradictions et non des moindres, qui heurtent violemment le bon sens, émaillent à souhait les deux listes, A et B.  Un pays en particulier n’a rien à faire a priori dans la liste B : les Émirats-arabes unis. Ce dernier, tout comme le Qatar, Bahreïn et Oman, a été incorporé mystérieusement  parmi pas moins de 75 pays dont les ressortissants désireux de se rendre au Maroc doivent obtenir des autorisations exceptionnelles avant de voyager, présenter à l’arrivée un test PCR négatif de moins de 48 heures  et, en guise de thé de bienvenue, se soumettre à ses frais à un isolement sanitaire de 10 jours !Pour un séjour d’un week-end par exemple, il faut rester cloîtré plus d’une semaine dans un hôtel !  De quoi décourager les voyageurs les plus enthousiastes et se poser quelques questions. A commencer par celle-là :  est-il logique et juste que les EAU,  pays arabe de 10 millions d’habitants qui  était parmi les premiers au monde à vacciner sa population à tour de bras dans le cadre d’une campagne de vaccination rondement menée, soient mis sur un pied d’égalité avec un pays comme l’Algérie où le dispositif de vaccination est à la traîne et les chiffres officiels des infections en dessous de la réalité ? Il y a visiblement quelque chose qui dysfonctionne… Autre contradiction, les pays de la liste B ne sont pas logiquement concernés par la réouverture des frontières décidées parle Maroc puisque leurs ressortissants doivent se faire délivrer une autorisation exceptionnelle de voyager ! Pour les Marocains du monde vivant dans les pays de la liste B, c’est une épreuve douloureuse de plus.Imaginer un peu la beauté de la scène : Les consulats marocains de Dubaï,Doha ou Mascate pris d’assaut par des milliers d’expatriés pour obtenir le fameux« laisser-voyager ». Quelle situation ingérable !  Maître de l’absurde, Kafka n’aurait pas imaginé mieux !

Partagés entre colère et déception, les Marocains issus des pays de la liste B, dont certains ont déjà acheté leur billets d’avion, ne comprennent pas les restrictions qui leurs ont été imposées pour se rendre dans leur pays d’origine. Les Marocains de Dubaï par exemple sont d’autant plus scandalisés qu’ils sont titulaires de leur certification de vaccination complète par le vaccin chinois Sinopharm, par ailleurs largement utilisé au Maroc.  Pourquoi exiger d’eux le fameux permis de prendre l’avion et leur infliger par-dessus-le marché, une fois arrivés au Maroc, une quarantaine de 10 jours dans un hôtel ?  S’agit-il d’une méprise ou d’une décision mûrement irréfléchie ?

Renseignement pris auprès d’un membre du Comité scientifique et technique dont les recommandations sont suivies par le gouvernement, il ne s’agit nullement d’une erreur mais d’une mesure préventive qui se justifie à ses yeux pour les Émirats.  Objectif : contrecarrer de nouveau une éventuelle arrivée au Maroc du variant indien déjà introduit dans le pays en mai dernier via un ressortissant indien qui aurait transité par Abou Dhabi. Chat échaudé craint eau froide… Soit.Or malgré la découverte de cette souche jugée inquiétante (elle n’a nullement augmenté le nombre des contaminations au Maroc), les autorités marocaines ont maintenu curieusement les vols de et vers les Émirats-Unis, le Qatar et le Bahreïn, se contentant d’exiger des passagers en provenance de ces pays arabes un test PCR négatif de moins de 72 heures, un examen rapide à l’aéroport d’arrivée et une mise en quarantaine pour les cas déclarés positifs.  Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette facilité a disparu subitement pour le triumvirat arabe, intégré avec Oman dans la liste B, avec l’annonce dans la soirée du dimanche 6 juin par les autorités marocaines de leur fameuse décision de rétablir l’accueil des flux de voyageurs internationaux. Question à 1.000 tests PCR : Qu’est-ce qui a changé pour que les EAU et leurs voisins basculent subitement dans la liste des pays à risque ? Un membre du Comité scientifique et technique tente cette explication pour le moins laborieuse : « Il y a un risque que le variant B.1.617 qui circule en Inde résiste aux vaccins Sinopharm et que les ressortissants des pays de la liste B même dûment vaccinés,contaminent la population marocaine non encore vaccinée ». D’où l’imposition de la mesure de la quarantaine destinée à détecter les cas suspects pendant la période d’isolation. Ils sont forts Khalid Aït Taleb et son comité d’esprits supérieurs, scientifiquement mieux outillés que de nombreux spécialistes en microbiologie, en infectiologie et en immunologie qui sont sont formels : il n’y a actuellement aucune preuve que les vaccins ne soient pas efficaces contre les variants y compris indien qui ont circulé jusqu’ici. Et puis, les responsables marocains sont-ils au courant que les Émirats arabes unis ont suspendu tous les vols en provenance d’Inde depuis le 24 avril ?  

En revanche, le risque de contamination disparaît pour les pays de la liste A qui sont « membres de l’Organisation des Nations Unies et qui ne sont pas mentionnés dans la liste B ». Pour les ressortissants issus de ces États, c’est le tapis rouge. Ils peuvent accéder au territoire national sur simple présentation d’un certificat de vaccination et/ou d’un résultat négatif d’un test PCR d’au moins 48 heures de la date d’entrée au Maroc. Or, la situation épidémiologique de nombreux pays de la liste A est beaucoup plus préoccupante que celle des Émirats arabes unis ou du Qatar. A commencer par la Grande-Bretagne dont la levée des dernières restrictions est menacée par l’apparition d’un variant indien jugé 40% plus contagieux que le variant anglais par le ministre britannique de la santé Matt Hancock, été chappant partiellement à la vaccination. La même souche dangereuse a fait son apparition dans les Landes en France, provoquant la création de clusters, selon l’aveu même du ministre français de la Santé Olivier Véran.

Khalid Aït Taleb, dont les services sont les têtes pensantes de ces listes très confuses, sont-ils à ce point vaccinés contre la cohérence. N’ont-ils pas peur que les touristes français et anglais, accueillis sans grandes restrictions au Maroc, introduisent dans le Royaume ces nouveaux variants et contaminent une bonne partie de la population?

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