CANETON FOUINEUR

Le gendarme de la bourse français lui réclame 26 millions d’euros

Diana Holding accusé de délit d’initié
La rédaction
1/4/2021 2:04
Une affaire troublante...

Le conglomérat dirigé par Rita Zniber est à nouveau sous les feux de la rampe. Cette fois-ci en France où il est accusé de délit...

Le conglomérat dirigé par Rita Zniber est à nouveau sous les feux de la rampe. Cette fois-ci en France où il est accusé de délit d’initié par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). Un nouveau coup dur pour l’image du groupe agroalimentaire fondé par feu Brahim Zniber.  Explications.

Le gendarme de la bourse français soupçonne les actionnaires de Marie Brizard Wine & Spirits (MBWS) que sont  Diana Holding,  DF Holding et la Compagnie financière européenne de prises de participations (Cofepp), ainsi que deux administrateurs, Rita Zniber et Serge Heringer, d’avoir utilisé des informations privilégiées sur le groupe des spiritueux. Selon la presse française, les informations en question étaient le résultat brut d'exploitation (Ebitda) 2014 et une révision à la hausse des objectifs du plan stratégique à horizon 2018.

Ce délit d’initié aurait permis à Diana Holding et sa présidente, qui savait visiblement que la société allait dépasser ses objectifs, d’acquérir en mars et en novembre 2015, un paquet de titres du groupe de vins et de spiritueux.  En guise de sanction, la représentante du collège de l'AMF a réclamé la bagatelle de 17 millions d'euros contre Diana Holding, 9 millions contre sa PDG, 8 millions contre DF Holding, 2 millions contre M. Heringer et 400.000 euros contre la Cofepp. Une fortune…

Contactée par le Canard, Rita Zniber considère que « ces montants ont été calculés sur la base des prétendues économies réalisées par les mis en cause, alors que ceux-ci ont tous subi d’énormes pertes (55 millions pour Diana Holding, 26 millions pour DF Holding), à raison de leurs investissements dans MBWS dont le cours a été divisé par plus de 10 depuis cinq ans ».  

Le collège du gendarme de la Bourse est persuadé que Mme Zniber, par ailleurs en délicatesse avec la justice au Maroc sur une affaire d’héritage (voir le Canard Libéré n°632), a pu faire profiter sa société de ces informations avant leur publication, lorsque cette dernière a racheté des titres et des bons de souscription de MBWS au printemps et à l'automne 2015.

Rita Zniber balaie les accusations de l’AMF d’un revers de la main. «Ce rapport (de l’AMF) est en décalage avec les faits, car il ne fait état que des éléments à charge produits par les enquêteurs et omet de prendre en considération tous les éléments à décharge présentés par notre défense dans le dossier présenté à l’AMF», indique-t-elle tout en ajoutant avoir toujours la possibilité d’aller en recours devant le tribunal administratif d’appel, puis le Conseil de l’État et même la commission européenne des droits de l’homme si la décision finale de l’AMF va à l’encontre des intérêts de son groupe.

Analyse

Le pot aux roses a été découvert en avril 2017 lorsque des enquêteurs de l'AMF débarquent en plein conseil d'administration, au siège de Marie Brizard à Ivry-sur-Seine en France, pour saisir les smartphones de deux administrateurs marocains, Rita Zniber et Hachem Belghiti. L’analyse du contenu professionnel des téléphones saisis aurait permis aux limiers de l’AMF de découvrir les preuves du délit d’initié supposé. Toutefois, la Cour de Cassation invalidera les deux arrêts de la cour d'appel qui considéraient « régulières les opérations de saisie » menées par l’AMF, les deux mis en cause marocains ne résidant pas en France et qu’ils y étaient juste de passage.

Rita Zniber coupable de « délice d’initié » ? L’avocat de cette dernière, Me Frank Martin Laprade, botte en touche, estimant que « les opérations réalisées par Diana Holding étaient gérées sous mandat par une société tierce, sans aucune instruction de Mme Zniber ». Et d’ajouter « que les informations considérées comme privilégiées par le collège sur l'Ebidta 2014, envoyées aux administrateurs à la mi-mars 2015, se situaient dans une fourchette déjà communiquée au public depuis plusieurs semaines». Une chose est sûre : cette affaire troublante porte un coup dur à la réputation de Diana Holding. Pas de quoi être ivre de joie…

Diana Holding trinque

Les accusations de délit d’initié signent l’échec de la stratégie de Maria Rita Zniber qui nourrissait depuis mai 2015 l’ambition de prendre le contrôle de Marie Brizard Wine &Spirits (MBWS). Pour elle, une présence prépondérante dans le tour de table du leader mondial des spiritueux, fort d’un chiffre d’affaires de 716 millions en 2014, et des marques prestigieuses comme le whisky William Peel, la vodka Sobieski et Marie Brizard, permettrait à son groupe, leader dans le vin au Maroc, de s’implanter au-delà des frontières nationales. Devenu l’actionnaire de référence du groupe français dès octobre 2014 avec 13,14% du capital, Diana Holding et sa présidente ont péché certainement par gourmandise. Après avoir décroché un siège au conseil d’administration pour elle-même puis un deuxième pour Mehdi Bouchaara, Rita Zniber noue une alliance à partir de mai 2015 avec DF Holding, propriété de la famille Castel. Totalisant une participation de 22, 97%, les deux alliés veulent mettre en commun leurs réseaux et savoir-faire pour développer la distribution des spiritueux en Afrique et en Asie. Erreur stratégique sur toute la ligne. Le titre MBWS ne tarde pas à plonger en bourse, perdant plus de 80% de sa valeur ( l’action que Diana Holding a acquis à 8,5 euros  ne valait plus que 1,5 euro).  Une perte sèche colossale qui interroge les qualités gestionnaires de la présidente.

Pendant l’exercice 2015 et le premier semestre 2016, certains experts ont pourtant conseillé à Mme Zniber de vendre l’ensemble des actions MBWS, mais elle s’est entêtée à les conserver, pensant  certainement qu’elle allait décrocher le Jackpot.  Mais c’est exactement l’inverse qui s’est produit. Résultat : Pour avoir voulu jouer sur les deux tableaux, la présidente de Diana Holding risque aujourd’hui de trinquer…

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