CANETON FOUINEUR

La troisième injection ne soulève pas les foules

La dose de trop ?
Ahmed Zoubaïr
10/11/2021 23:28
Khalid Ait Taleb et ses experts appelés à convaincre les sceptiques...

La réticence de la population-cible, les seniors et les personnes souffrant de maladies chroniques, à dire oui à une injection censée...

La réticence de la population-cible, les seniors et les personnes souffrant de maladies chroniques, à dire oui à une injection censée renforcer leur immunité trouve son origine dans la peur de complications sérieuses post- vaccinales.

La première dose « active » le système immunitaire, la seconde sert de rappel tandis que la troisième, baptisée « booster », est supposée renforcer encore la réponse immunitaire, plusieurs études ayant révélé que la protection du vaccin pourrait diminuer avec le temps, au bout de 6 mois.  Au total 1.523.603 de personnes ont reçu la 3ème dose du vaccin anti-Covid, au 35ème jour du lancement de l'opération a indiqué, dimanche 7 novembre, le ministère marocain de la Santé et de la protection sociale. Contrairement à la première et deuxième dose, la campagne de rappel de la troisième semble patauger [ils étaient seulement 1 558 275 à la recevoir au 10 novembre]. En cause, la réticence de la population-cible, les seniors et les personnes souffrant de maladies chroniques à dire oui à une injection censée renforcer leur immunité par peur des effets secondaires. «La fatigue et douleurs au point d’injection rougeurs, maux de tête, fatigue musculaire, fièvre, frissons et nausées» sont les effets indésirables bénins ressentis. Le degré d’intensité de ses symptômes diffère en fait d’une personne à l’autre. La méfiance s’est emparée des esprits surtout après la circulation à grande échelle sur les réseaux de témoignages faisant état de complications post-vaccination sérieuses comme l’hémiplégie, voire le décès alors que le ministère de la Santé a fait, depuis le début, un black-out sur ces complications, préférant fonctionner intégralement sur le mode «vaccinez-vous, tout va bien». Du pain bénit pour les antivax et autres complotistes qui sévissent sur la Toile en montant en épingle tout ce qui tend à mettre en doute le bénéfice du vaccin. Face à cette bronca qui va crescendo, Aït Taleb et ses équipes sont appelés à déployer des arguments scientifiques indiscutables pour convaincre les sceptiques et non de rappeler à la rescousse les imams de la prière du vendredi.

La vaccination est devenue plus suspecte avec l’instauration du pass vaccinal, devenu obligatoire pour accéder aux administrations publiques et même au travail.  Ce qui a causé bien des désagréments aux citoyens non vaccinés ou anti-vax. Cette mesure brutale et impopulaire a déclenché dans le pays un mouvement de protestation et d’indignation qui a conduit à l’arrestation de plusieurs manifestants dans plusieurs villes. De nombreux citoyens sont vent debout contre ce document jugé illégal ou anticonstitutionnel. Face à cette levée de boucliers contre le pass vaccinal, accompagnée de la prise de parole par les victimes du vaccin ou leurs proches, le département de Khalid Aït Taleb a dû assouplir sa politique en introduisant le 4 novembre l’attestation d’exemption de la vaccination délivré au profit des « personnes ayant des contre-indications». Obtenir ce certificat n’a rien d’une simple formalité. Bonjour le parcours du combattant. Selon le ministère de tutelle, l’immunité collective n’est pas encore atteinte alors que plus de 80% des Marocains éligibles aux deux injections ont été dûment vaccinés. A la faveur de l’amélioration de la situation épidémiologique nationale, le gouvernement a décidé de lever le couvre feu nocturne. Une mesure prise dans le sillage de la sortie du Maroc de la troisième vague des contaminations et le déferlement de la cinquième vague sur l’Europe. Sur le front du Covid, l’accalmie pouvait-elle être autre chose que fragile ?

Un sous-contractant de Pfizer vacciné contre la rigueur...

On s’y attendait un peu depuis que le vaccin à ARN messager est accusé d’avoir provoqué de graves effets indésirables au Maroc. A Agadir, on déplore même le décès ; après son hospitalisation en urgence ; d’un trentenaire. Décès attribué au sérum américain de BioNTech.   Le « Pfizer Gate » vient ainsi conforter les thèses des antivax du Maroc et ailleurs. Le scandale secoue internet depuis mardi 2 novembre. De quoi s’agit-il exactement ? Il s’agit d’un témoignage d’une ancienne employée d’un sous-traitant texan du laboratoire américain qui depuis sa révélation, le hashtag #PfizerGate, fait partie des sujets les plus débattus sur Twitter. Le témoignage, sous forme d’un article, publié mardi 2 novembre dans le British Medical Journal, intitulé « Covid-19 : un chercheur dénonce les problèmes d'intégrité des données dans l'essai clinique de Pfizer», accuse de graves manquements l'un des sous-traitants du laboratoire américain. Ce qui ressemble a un scoop s’est vite propagé comme une trainée de poudre dans toute la galaxie antivax et des adeptes du complotisme. « Le témoignage recueilli porte sur de potentielles mauvaises pratiques au sein d'un laboratoire de Ventavia, spécialisé dans la tenue d'essais cliniques. L'entreprise texane était alors chargée de trois des 153 sites investis dans les essais cliniques de phase III du vaccin Pfizer-BioNTech. Une pratique courante et publique, réalisée sous la base d'un contrat de Société de recherche contractuelle. Seulement, l'un des trois sites est accusé de ne pas avoir respecté les règles élémentaires de l'évaluation de la sûreté et de l'efficacité d'un produit. » !

Mme Brook Jackson, lanceuse d’alerte, est une ancienne directrice régionale de l'assurance qualité, qui justifie de « quinze ans d'expérience dans la gestion de recherche clinique ». Or,  l’intéressée n’a travaillé que pendant deux semaines chez Ventavia en septembre 2020, avant d'être licenciée pour avoir dénoncé les pratiques peu orthodoxes de son employeur à la toute-puissante Food and drug administration (FDA) qui curieusement n’a pas donné suite à son alerte en ouvrant une enquête.

« Tout d'abord, le laboratoire aurait compromis l'attribution en « double aveugle » de certaines doses. Pour suivre cette démarche expérimentale, ni les patients ni les soignants ne doivent savoir si le produit administré est le vaccin ou le placebo. » Un manquement corroboré par une photo consultée par l'auteur de l'article qui montrerait des pochettes contenant les vraies doses de vaccin avec « les numéros d'identification des participants », laissées à la vue du personnel. De plus, « les formulaires d'attribution des médicaments étaient laissés dans les dossiers des participants ». Un dysfonctionnement qui aurait duré « deux mois après le début du recrutement », avec un impact potentiel sur les 1000 participants alors inscrits.

Mais ce n’est pas tout, Brook Jackson reproche aussi à son ex-employeur d'avoir tardé à remonter certains effets indésirables, avec des dizaines de signalements enregistrés avec plus de trois jours de retard, contre les 24 heures prévues par le protocole. La lanceuse d'alerte évoque également des doses mal stockées, mal étiquetées et des employés mal formés. Employés qui, selon la liste de « mesures d'action», diffusée aux dirigeants de Ventavia début août, auraient falsifié des données. Bref, de quoi piquer une crise de nerfs. Toutefois, certains observateurs ont tenté de minimiser l’affaire en faisant remarquer que l’affaire ne concerne pas Pfizer directement mais un de ses sous-contractants qui plus est a mené les essais cliniques sur 1000 volontaires, ce qui représente 2,3% de l’ensemble des participants. Mais comment savoir que les mêmes pratiques dénoncées par cette femme ne sont pas monnaie courante chez le reste des sous-contractants ?

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