La mèche de la révolte sera-t-elle allumée ?

Dossier sensible à manipuler avec délicatesse.

Le projet gouvernemental de décompensation de la bonbonne de gaz de 12 kg prévu dans le PLF 2023, au profit d’une aide directe aux ménages démunis, suscite de vives inquiétudes dans la population. Le sujet fait grincer des dents notamment chez les classes défavorisées et certains commerçants comme les laiteries et autres snacks qui utilisent la bonbonne de gaz pour préparer au quotidien  des repas bon marché (petit déjeuner et déjeuner notamment) pour les petites et moyennes bourses qui constituent le gros des travailleurs. Le rôle social de ces cantines du pauvre est non négligeable dans la  restauration à des prix très abordables d’une bonne partie de la population.  

La fin du soutien à ce produit socialement stratégique, soutenu à hauteur de 90 DH l’unité,  ferait passer le prix de la bonbonne de gaz de 40 DH à près de 120 DH, soit le triple de son prix actuel. Ce qui ferait renchérir davantage les prix de la pitance journalière dans un contexte déjà de forte inflation. C’est dire que le sujet de la bonbonne est explosif. D’où l’importance de le manier avec beaucoup de délicatesse politique.  Surtout dans cette conjoncture de toutes les augmentations qui ont réduit de manière considérable le pouvoir d’achat du grand nombre.  

Caractère inflammable

Il est vrai que la réforme de la compensation du gaz butane, que les gouvernements qui se sont succédé ont évité de rendre effective étant donné son caractère inflammable, est une nécessité absolue. Surtout que ce produit soutenu profite moins aux pauvres (un ménage nécessiteux utilise entre 2 et 3 bonbonnes par mois) qu’aux couches aisées et certains commerces juteux (restaurants, pâtisseries, hôtels et même cliniques) ou agriculteurs qui recourent à la bonbonne de 12 kg comme énergie pour le pompage de l’eau. Ces catégories en consomment beaucoup plus que la population-cible alors qu’elles ont les moyens de s’offrir  le gaz au prix du marché ou recourir au gaz propane qui n’est pas, lui, subventionné par l’État.  

En voulant privilégier le ciblage de la population, le gouvernement Akhannouch cherche à alléger la charge de la compensation du gaz butane qui devrait dépasser à la fin de l’année 2022 la bagatelle de 22 milliards de DH, soit une hausse de 52% par rapport à l’année précédente. Le gaz butane a mis le feu aux finances publiques. Mais est-ce le bon moment pour faire cette réforme impopulaire et à haut risque ? Gare au ciblage mal fait ; il risque d’allumer la mèche de la révolte.

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