Dans cet entretien, Mounir Houari, directeur général du Centre régional d'investissement de Dakhla Oued-Eddahab, présente les...

Dans cet entretien, Mounir Houari, directeur général du Centre régional d'investissement de Dakhla Oued-Eddahab, présente les principaux atouts de la perle du Sahara marocain qui la qualifient, à ses yeux, d'être un hub d'échange régional de premier plan.

Le Canard Libéré : La ville de Dakhla suscite un engouement de plus en plus grandissant en interne et à l’international ? Quel en est le secret ?

Mounir Houari : Il n’y a pas de secret ! Cet engouement est la résultante de l’engagement fort et constant du Royaume en faveur du développement des provinces du sud. Cet engagement se poursuit par le déploiement d’efforts considérables au niveau des divers chantiers de l’accélération économique menés dans le cadre du plan industriel et des stratégies sectorielles de renforcement des infrastructures.

La région Dakhla Oued Eddahab récolte les fruits de cette dynamique forte d’un point de vue politique suite aux derniers développements positifs qu’a connus l’affaire nationale. Certes, la région est encore vierge mais elle connaît un essor et une croissance, tirés de ses multiples atouts : un potentiel naturel exceptionnel, un positionnement en tant que hub et trait d’union entre l’Europe et l’Afrique qui en fait une région multi-connectée, ce qui favorise la circulation des biens et des personnes, sans oublier que la région dispose d’un vivier de ressources humaines qualifiées et de qualité.

Autre atout, l’énergie renouvelable, la région se situe dans l’un des couloirs de vent les plus importants et jouit également et un ensoleillement remarquable tout au long de l’année. Ces atouts naturels renforcent le potentiel d’investissement dans le secteur des énergies propres, le développement des énergies renouvelables à grand potentiel est aussi au menu.

Quels sont les secteurs qui restent à valoriser et les actions à mener pour que Dakhla tourne à plein régime sachant que la part des investissements étrangers n'est pas encore à la hauteur des grands atouts de la ville ?

Certes, la part des investissements directs étrangers reste modeste par rapport au potentiel de valorisation et grands atouts de la ville de Dakhla. Toutefois, l'État a déjà engagé, sous l’égide et le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, un contrat programme ambitieux comprenant plusieurs investissements publics pour doter la région de plusieurs infrastructures socioéconomiques de qualité, et grands projets structurants à l'image des chefs lieu des autres régions du pays.

La région est un chantier ouvert pour favoriser l’installation rapide et pérenne des investisseurs notamment à travers les nouveaux leviers de développement et des projets structurants en cours tels que les plateformes logistiques, le nouveau port Dakhla atlantique avec ses trois composantes principales : un quai de commerce, de pêche hauturière ainsi qu’un bassin de réparation navale. Il sera adossé à la zone industrialo-logistique de 1650ha dont la Zone Franche West Africa, la station de dessalement qui servira à irriguer plus de 5000 ha de terres agricoles, un parc d’énergie éolienne et les plateformes logistiques. Enfin, les travaux de renforcement et d’élargissement de la voie express reliant Dakhla à Tiznit.

Certains secteurs comme celui de la pêche restent certes à valoriser avant export, à travers la transformation locale. Dans le domaine de la conserverie de poissons, une bonne partie des produits de la mer est congelée et expédiée à l’étranger sans transformation. Le secteur de l’agriculture et celui de l’aquaculture pourront également offrir beaucoup d’opportunités d’investissement dans le secteur industriel. Concernant le secteur du tourisme, axé principalement sur la niche sport de glisse et kitesurf, nous travaillons sur d’autres niches à caractère écologique en vue de diversifier l’offre actuelle, étendre la durée moyenne de séjours de 4 à 7 jours en mettre en place d’autres services, notamment en matière d’animation, en plus du développement d’autres créneaux tels que la pêche sportive, le tourisme du désert et du bien-être.


La région de Oued Eddahab a le potentiel nécessaire pour devenir la Dubaï de l'Afrique. Quels sont les leviers qu'il faut actionner pour atteindre cet objectif ambitieux ?  

Je pense sincèrement qu’elle peut le devenir, la région a toutes les potentialités pour réussir ce pari. Le nouveau modèle de développement vise à inscrire la région dans une dynamique de croissance soutenue et en faire un véritable centre économique

La région jouera dans le futur un rôle essentiel dans le nouveau paradigme de coopération « Nord-Sud-Sud » et deviendra une plaque tournante régionale liant l’Europe et l’Afrique, un centre mondial pour le commerce intra-africain, idéale pour la production locale et le flux des marchandises.

En effet, avec un emplacement stratégique unique et une situation géographique favorable, la région de Dakhla Oued Eddahab est sur la bonne voie pour renouer avec sa vocation historique de carrefour dans le continent africain.

Avec l’implémentation des accords de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), la région pourra attirer encore plus de capitaux et accélérer les flux des IDE du monde entier qui ciblent le marché Africain. Dans ce cadre, le port Dakhla Atlantic, levier stratégique s’il en est, est dimensionné pour être un véritable hub commercial et industriel pour le continent.

Récemment, une délégation d'opérateurs économiques polonais qui a débarqué à Dakhla a exprimé sa volonté d'y lancer des investissements dans divers secteurs. Est-ce le début d’une nouvelle dynamique?

En effet, plusieurs entreprises polonaises privées, actives dans différents secteurs, ont effectué une visite dans la région dans le cadre d’une mission économique avec l’Ambassade du Maroc à Varsovie. Cette visite exprime une volonté réelle de la Pologne d’investir dans la région et tirer profit du cercle économique vertueux qui s’est installé à Dakhla dont la proximité avec l’Afrique Subsaharienne est un atout considérable.

La région suscite l’intérêt de plusieurs délégations locales et étrangères ayant déjà des marchés sécurisés en Afrique et qui souhaitent délocaliser leurs unités de production pour des raisons de proximité.

Le CRI dont vous êtes le directeur est au cœur du développement économique de Dakhla. Quel est l'accompagnement que vous offrez aux investisseurs locaux ou étrangers désireux d'investir dans la région ?

La dernière réforme des CRI était orientée essentiellement vers cette question importante. Résultat : un meilleur accompagnement des investisseurs et une nette amélioration du climat d’investissement et des affaires.

Cette réforme s’articule autour d’axes principaux dont la restructuration des CRI à travers leur transformation en établissements publics dotés de l’autonomie administrative et financière tout en élargissant leur domaine d’action et de compétences.

L’instauration de la digitalisation et du processus de traitement des dossiers d’investissement et d’octroi des autorisations administratives dans des délais records tout en assurant une transparence et un suivi.

Tout cela a permis au CRI de devenir un acteur principal du développement socio-économique des territoires dans la participation à la promotion d’une offre territoriale adaptée, et mené des actions de marketing territorial pour proposer des offres attrayantes aux investisseurs.

Quels est à votre avis le secteur d'avenir où Dakhla peut offrir des avantages comparatifs séduisants. Le tourisme, les énergies renouvelables, la logistique, l’agriculture ou la transformation du poisson ?

Tous les secteurs mentionnés disposent d’avantages compétitifs, le tourisme à titre d‘exemple est un secteur opérant à longueur d’année et propose donc à l’investisseur une rentabilité stable et un retour sur investissement garanti.

Le secteur des énergies renouvelables offre également un potentiel éolien et solaire exceptionnel. Un potentiel solaire qui s’élève à plus de 3.000 heures par an d’ensoleillement et des vents forts qui soufflent régulièrement jusqu’à 35 km à l’heure, Dakhla Oued Eddahab est parmi les régions les plus ventées et les plus ensoleillées du Royaume et donc fortement prometteuses pour l’énergie propre.

L’agriculture est un secteur florissant et prometteur avec des conditions climatiques et environnementales très avantageuses permettant d’avoir des produits très précoces de qualité gustative exceptionnelle.

Concernant le secteur de la pêche, la région jouit d’un littoral de 667 km de longueur sur l’Océan Atlantique, la région étant située dans une zone des plus poissonneuses au monde, ajouter à cela une baie de 37 km, un idéal habitat pour un éventail d’espèces halieutiques connu pour être une zone à vocation aquacole par excellence, puisque l’environnement est propice au développement rapide des huîtres puisqu’elle représente 50 % de la production aquacole marine nationale.

Ces énormes potentialités et diversités dans les secteurs assurent une croissance pérenne aux investisseurs et à l’économie de la région.

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