Le dilemme des hôteliers

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice.

C’est une mesure discriminatoire  à l’égard des femmes marocaines qui vient d’être levée : l’obligation de produire l’acte de mariage pour pouvoir réserver une chambre d’hôtel dans plusieurs villes du pays comme Rabat, Marrakech, Fès , Agadir ou Casablanca. Pour pouvoir  y séjourner, une Marocaine devait aussi prouver au réceptionniste qu’elle n’habite pas dans la ville où elle souhaite séjourner… Les couples qui ne présentent pas ce document ont  désormais également  la possibilité de séjourner dans un établissement touristique, ce qui n’était pas  le cas avant.
La suppression de cette mesure  à caractère purement administratif et verbal , survivance du Maroc ancien,  qui n’est stipulée dans aucun texte de loi, est intervenue dans la foulée de la déclaration du ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi devant le Parlement. «  Je cherche, depuis 20 ans, une loi qui stipule cela. Je ne l’ai pas encore trouvée», a-t-il indiqué tout en précisant que ce qu’il a qualifié de mesure illégale  peut valoir des poursuites judiciaires à l’encontre des hôteliers en cas de refus de loger une cliente marocaine. Or, le code pénal marocain ne protège pas ces derniers en cas d’adultère commis dans un  hôtel  et qu’un des conjoints fait constater par la police judiciaire.
Le responsable légal de l’établissement  et ses collaborateurs qui ont facilité le crime en question  risquent d’être condamnés à une peine de prison pour complicité assortie d’une amende. Résultat : les hôteliers sont désormais devant un dilemme : Soit  ils respectent la levée de l’interdiction  de la fameuse  mesure discriminatoire à l’égard  des femmes, auquel cas c’est une poursuite au  pénal dont ils sont passibles, soit ils optent pour un risque moindre ( une poursuite au civil) en maintenant la mesure en question quand bien même elle est injuste envers la gent féminine marocaine. C’est la double peine pour les opérateurs hôteliers, l’une moins sévère que l’autre. Mais dans les deux cas de figure, au civil ou au pénal,  la condamnation tombe. Entre une descente policière lourde de conséquence  et descendre dans un hôtel sans problème, le choix des hôteliers est clair. Que faut-il en conclure ? Réponse d’un vieux routier du tourisme national : « Le ministre de la justice doit aller jusqu’au bout de sa logique en proposant une réforme du code pénal qui dégagerait la responsabilité de  l’hôtelier en cas d’adultère commis dans son établissement. En un mot, il faut faire en sorte que la liberté des unes ne s’obtient pas au détriment de celle des autres en faisant potentiellement le lit de leur incarcération…

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