CANETON FOUINEUR

Fermeture des frontières aériennes et maritimes

Le Maroc a-t-il été mis sous observation ?
Ahmed Zoubaïr
23/12/2021 0:49

Mais pourquoi un tel verrouillage des frontières nationales assorti d’une opération rapatriement très contrôlée, limitée de surcroît,...

Mais pourquoi un tel verrouillage des frontières nationales assorti d’une opération rapatriement très contrôlée, limitée de surcroît, dans le temps et dans l’espace pour les nationaux bloqués à l'étranger ?

Le Maroc est le seul pays au monde à s’être infligé un embargo aérien et maritime d’un peu plus d’un mois. Prenant fin le 31 décembre - sauf reconduction de dernière minute - il a fermé l’accès au territoire national non seulement aux étrangers mais aussi aux ressortissants marocains qui se trouvaient sous d’autres cieux au moment de la prise de cette décision déroutante. Les quelques autres pays comme Israël qui se sont enfermés l’ont été juste pour les non-résidents. Pas pour les nationaux qui ont été, eux, autorisés à rentrer au bercail à condition de présenter un test PCR négatif et accepter un confinement domestique de quelques jours.

Les autorités marocaines auraient pu agir de la même manière à l’égard de leurs ressortissants coincés en terre étrangère : filtre sanitaire à leur intention dans les principaux aéroports du pays et quarantaine dans des hôtels préalablement sélectionnés. Du coup une question se pose d’elle-même:  pourquoi le Maroc n’a-t-il pas fait preuve de souplesse quitte à condamner ses ressortissants à la précarité provoquée par l’épuisement des ressources financières qui engendre  détresse et même clochardisation pour nombre d’entre eux…Pourquoi les pouvoirs publics  sont-ils restés longtemps sourds à leurs appels aux secours pour les faire rapatrier ? Pourquoi ont-ils attendu le 15 décembre, soit plus de deux semaines après la fermeture des frontières, pour mettre en place les vols de rapatriement au départ de trois pays seulement (Portugal, Turquie et Émirats arabes unis) ? Lequel dispositif exceptionnel n’est pas ouvert durablement mais avec une date de validité fixée entre-temps par les autorités marocaines au 23 décembre à 23h59 en raison de la propagation fulgurante de Omicron… Autrement dit, ceux qui n’arriveront pas à monter dans un avion avant cette date fatidique resteront bloqués à l’étranger jusqu’à nouvel ordre. Bonjour la galère, la crise de nerfs et la paupérisation.

Et Dieu sait qu’ils sont plusieurs dizaines à se retrouver à leur corps défendant dans ce cas de figure à cause notamment du renchérissement du prix des billets à cause des vols de correspondance que les Marocains bloqués par exemple aux États-Unis, au Canada et ailleurs sont obligés de prendre pour rallier les trois  points d’embarquement (Portugal, Turquie, Émirats…) vers le Maroc.

Incompréhension

Un long parcours du combattant qui coûte en plus la peau des fesses. Très cher payé le retour au bercail que les pouvoirs publics auraient pu prendre en charge surtout que la majorité des passagers sont des touristes munis de leurs billets retour. Mais pourquoi un tel verrouillage des frontières nationales assorti d’une opération rapatriement très contrôlée, limitée de surcroît, dans le temps et dans l’espace pour les nationaux ? Quelle lecture donner à cet embargo au long cours et sévère ? La mise en place de celui-ci s’inscrit-elle, ainsi que l’explique le ministère de la Santé, dans une stratégie préventive contre l’invasion de Omicron susceptible de provoquer la saturation du système hospitalier national, talon d’Achille du Maroc ? Le Maroc aurait-il  été placé, comme le chuchotent  en privé certains médecins indépendants, sous surveillance virale dans le cadre d’une opération d’observation de l’évolution du virus en interne dans un contexte complètement fermé au risque d’importation de Omicron jugé hautement contagieux mais peu dangereux ? D’autres spéculent sur une économie du Covid corrélée essentiellement à tout ce qui est médical et biomédical, le business florissant du moment. Les profiteurs de la « guerre sanitaire » auraient pris le pouvoir et agissent en coulisse pour qu’elle se prolonge longtemps encore quitte à faire des dégâts dans d’autres secteurs d’activité.  

Toutes les hypothèses semblent plausibles face à l’incompréhension suscitée par une décision - celle de couper le Royaume du reste du monde pendant plus d’un mois - qui a porté le coup de grâce à l’écosystème touristique déjà ravagé par près d’une année et demie de panne du tourisme international de séjour. L’apparition d’un Omicron local chez une Casablancaise qui n’a jamais mis les pieds à l’étranger au cours de ces dernières semaines prouve si besoin est qu’il n’est nul besoin de se fermer fût-il à triple tour pour obtenir une version strictement locale du nouveau variant. Les cas d’infection ont dû se multiplier, cette souche ayant eu certainement le temps de se propager parmi la population. Ce qui interroge sur la pertinence de la fermeture des frontières et appelle en même temps à une évaluation objective du rapport pertes économiques-bénéfices sanitaires d’une pareille décision, histoire de connaître la proportion des décès Covid et celle des «morts économiques», personnes physiques et morales confondues. Pour le porte-parole du gouvernement Mustapha Baitas, la suspension des lignes aériennes et maritimes est une démarche anticipatrice qui a permis de retarder la propagation rapide de Omicron au Maroc. La volonté « de préserver les acquis du Maroc dans la lutte contre la pandémie », exprimée dans tous les communiqués officiels pour justifier les mesures restrictives adoptées, résistera-t-elle pour combien de temps face à la vague Omicron qui frappe de plein de fouet l’Europe et les États-Unis ?

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