Ahmed Zoubaïr
30/6/2022 1:14
Les migrants clandestins étaient déterminés à en découdre avec les forces de l’ordre…

Un nouveau drame de l’immigration s’est produit vendredi 24 juin, provoquant un lourd bilan humain. Celui-ci n’est pas dû au naufrage...

Un nouveau drame de l’immigration s’est produit vendredi 24 juin, provoquant un lourd bilan humain. Celui-ci n’est pas dû au naufrage de l’embarcation de fortune de migrants au large de la Méditerranée mais à leur passage en force au poste-frontière terrestre de Melilla …


Un nouveau drame de l’émigration irrégulière s’est noué vendredi 24 juin à Nador. C’était lors d’une tentative d’entrée massive de quelque 2000 clandestins d’origine africaine dans l’enclave marocaine de Melilla.  Selon un décompte actualisé, rendu public le lendemain par les autorités marocaines, a porté le nombre de morts à 23 alors que « 18 migrants et un membre des forces de l’ordre restent sous surveillance médicale ». Les victimes ont péri « dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer » qui sépare l'enclave espagnole du territoire marocain, lors d' «un assaut marqué par l'usage de méthodes très violentes de la part des migrants». Jamais un bilan humain aussi lourd n’a été enregistré à l’occasion de nombreuses tentatives de passage en force pour s’introduire clandestinement en Espagne depuis Melilla ou Sebta, l’autre enclave marocaine cible régulière de flux de migrants subsahariens. Choquantes et pas belles à voir, les vidéos de la tragédie qui ont circulé sur les réseaux sociaux témoignent de la violence des affrontements entre les migrants et les forces de l’ordre dont une centaine d’éléments ont été blessés. D’autres enregistrements ont montré un groupe impressionnant de migrants armés de pierres, de matraques, de barres de fer et d’objets tranchants qui se dirigeaient avec détermination en scandant des mots dans leur propre parler vers la clôture de barbelés  séparant Nador de Melilla. Les candidats à l’immigration étaient visiblement décidés à en découdre avec les hommes en uniforme marocains dont ils ont ignoré les mises en garde et les appels à ne pas escalader  le grillage haut de 6 mètres d’où ont chuté, après des bousculades, plusieurs candidats. Dans l’attaque, quelque 133 assaillants sont parvenus toutefois à passer de l’autre côté de la barrière après l’avoir forcée à l’aide d’une cisaille, selon la préfecture de Nador.  

« C’est du jamais vu à Nador ou au Maroc en général », a expliqué à l'AFP  Omar Naji, chargé du dossier des migrants au sein de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) à Nador qui a réclamé l’ouverture d’une enquête pour clarifier les circonstances de ce drame poignant. La même demande a été formulée dans un tweet par Idoia Villanueava, une députée européenne du parti de gauche radicale Podemos, allié du PSOE au sein du gouvernement de Pedro Sánchez. Régissant à cette triste affaire lors d’une conférence de presse à Madrid, le Premier ministre espagnol, a parlé d’un « assaut (…) violent et organisé de la part de mafias qui se livrent au trafic d’êtres humains, contre une ville qui est un territoire espagnol ». Et de conclure : « Par conséquent, il s'agit d’une attaque contre l’intégrité territoriale de notre pays ». De leur côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR) ont réagi conjointement pour exprimer «leurs plus vives inquiétudes » et rappeler la nécessité « en toutes circonstances de prioriser la sécurité des migrants et des réfugiés » et « l’importance de trouver des solutions durables pour les personnes en situation de déplacement ». Face à une Europe qui se barricade de plus en plus face à l’afflux de migrants et qui accroît sa pression sur le Maroc pour jouer le gendarme, cela ressemble à un beau vœu pieux.

La main de l’ennemi?

La tentative de passage en force à Melilla est la première du genre depuis la normalisation à la mi-mars des relations entre Madrid et Rabat, après un froid diplomatique de près d’un an provoqué par la fameuse affaire Ghali. Une normalisation qui a été couronnée par l’alignement de l’Espagne sur la proposition marocaine d’autonomie au Sahara. De là à voir dans la tragédie du 24 juin la résultante sur le terrain de la réconciliation entre les deux pays voisins, il n’a qu’un pas que certains défenseurs des droits des migrants ont vite franchi.  

Dans un communiqué de l'ambassade  du Maroc à Madrid relayé par l’agence de presse espagnole EFE, le Maroc a pointé du doigt la responsabilité de l’Algérie dans la tragédie de Mélillia, puisque «  les assaillants se sont infiltrés à la frontière avec l’Algérie, profitant du laxisme délibéré du pays dans le contrôle de ses frontières avec le Maroc». L’autre élément qui pose question relevé dans le communiqué, est «l’extrême violence des assaillants et la stratégie de l’assaut dénote un sens élevé de l’organisation, une progression planifiée et une hiérarchisation de chefs aguerris et formés avec des profils de miliciens expérimentés dans des zones de conflits». Et last but not least, les vidéos de la tragédie qui ont circulé à grande échelle sur les réseaux sociaux. Qui a immortalisé ces scènes atroces et dans quel dessein inavoué ? L’affaire semble cousue de fil blanc. Après avoir échoué dans toutes ses manœuvres anti-marocaines dont la dernière en date est le chantage gazier, l’Algérie est-elle en train d’utiliser l’arme migratoire contre le Royaume pour le déstabiliser et surtout pour salir son image à l’international ?

Ce drame montre aussi que les forces de sécurité marocaines ont du mal à repousser les flux de migrants loin de la frontière séparant les deux villes, Nador et Melilla, malgré les opérations d’évacuation de leurs camps de fortune installés dans la forêt du mont  Gourougou qui surplombe Melilla. C’est dans les bois de cette montagne et ceux avoisinants de Bekoya et de Lakhmis Akdim que les migrants se cachent dans des conditions désastreuses en attendant le moment propice pour tenter de réaliser leur rêve : Mettre un pied en Europe en escaladant sans problème la barrière de Melilla longue de 12 km. Malgré les opérations de refoulement incessantes dont ils font l’objet, ils reviennent toujours pour tenter encore et encore leur chance. Les candidats au départ qui ont les moyens achètent une place qui coûte entre 2000 et 2500 dollars dans une embarcation de fortune pour traverser le détroit de Gibraltar. Pour 5 000 dollars, ils peuvent traverser la frontière de Melilla dans le coffre d’une voiture, en espérant éviter les contrôles policiers. Actifs des deux côtés de la Méditerranée sur un business hautement juteux alimenté sans cesse par le désespoir de millions de laissés pour compte en Afrique, les réseaux spécialisés dans la migration clandestine ne chôment pas.

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