Jamil Manar
7/7/2022 2:01
Ahmed Akhchichine, ex-ministre de l'éducation nationale.

Les mis en cause dans l’affaire de dilapidation des fonds alloués au fameux plan d’urgence de l’Éducation nationale ont des soucis...

Les mis en cause dans l’affaire de dilapidation des fonds alloués au fameux plan d’urgence de l’Éducation nationale ont des soucis à se faire. Ils seront bientôt appelés à la barre. Retour sur un gâchis monumental.

Le procès du fameux programme d’urgence de l’Éducation nationale va s’ouvrir bientôt, après le démarrage des auditions des personnes impliquées dans ce scandale par les juges d’instruction chargés des crimes financiers dans plusieurs villes, notamment Casablanca, Rabat, Casablanca, Marrakech et Fès. Hauts responsables du ministère de tutelle, anciens directeurs des académies régionales et de formation (AREF), délégués provinciaux, chefs de service et entrepreneurs, les mis en cause sont au nombre de 300 et ils sont soupçonnés d’avoir dilapidé les fonds de ce programme d’un montant de 43 milliards de DH ; soit près de 5% du PIB du pays.

Visant à rattraper le retard enregistré depuis le début des années 2000 dans la mise en œuvre de la réforme du système éducatif lancée par la Charte nationale d’éducation et de formation (CNEF), le Plan d’urgence « Najah 2009-2012 » a été décrété suite au discours royal prononcé à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire à l’automne 2007.

Le souverain avait alors donné ses hautes directives pour l’élaboration de ce programme présenté comme innovant et censé aboutir à la réalisation de quatre objectifs majeurs: rendre effective l'obligation de la scolarité jusqu'à l’âge de 15 ans ; stimuler l’initiative et l’excellence au lycée et à l’université ; affronter les problématiques transversales du système et se donner les moyens de le réussir étant considéré comme une condition déterminante. Aux commandes du ministère de l’Éducation à l’époque, il y avait Ahmed Akhchichine du PAM qui officiait dans le gouvernement dirigé par Abbas El fassi.

Or, ce plan d’urgence, très coûteux, tournera à l’échec retentissant dans sa raison d’être même, celle d’accélérer le rythme du redressement de l’école publique, mais les responsables chargés de son exécution ayant vu dans ce programme une opportunité inespérée pour s’enrichir de manière indue. Nous sommes de nouveau au cœur des pratiques qui minent les marchés publics: clientélisme, corruption, surfacturation et trafic d’influence… Le tout dans l’opacité totale. Toute la panoplie des détourneurs de l’argent public est omniprésente, y compris la livraison fictive des commandes. En connivence avec les responsables de certaines AREF et délégués régionaux de l’Éducation nationale, deux entreprises privilégiées, propriété d’une patronne promue entre-temps membre du Conseil supérieur de l’Éducation, trusteront pas moins 173 marchés portant sur l’acquisition de divers matériels pour équiper les établissements scolaires. En décortiquant le plan d’urgence avec une comparaison des objectifs proclamés et les réalisations effectives, un rapport de la Cour des Comptes, daté de 2018, a découvert des vertes et des pas mûres. Le dossier des malversations relevées, impliquant 7 académies régionales, sera transféré à la justice qui ouvrira des poursuites judiciaires à l’encontre des mis en cause.

Sur le bilan du Plan d’urgence en termes d’effectivité de la réforme, les magistrats de la Cour ont dressé un diagnostic peu satisfaisant. « La Cour des comptes considère que le programme d’urgence n’a pas réalisé tous les objectifs initialement fixés. Il n’a pas eu non plus les impacts souhaités sur le système éducatif dans la mesure où le ministère concerné n’a pas pris suffisamment en compte certaines règles fondamentales du cycle de toute politique publique lors de la planification, la programmation, l’exécution et la gouvernance ». Connaissant l’ampleur des déficits dont souffre l’enseignement au Maroc à tous les niveaux, les tuteurs du secteur n’ont pu paradoxalement consommer que 58% du budget total alloué au Plan, une situation expliquée par une absence de « capacité de gestion suffisante ».

Taxant de « médiocres, voire de faibles » les performances de gestion budgétaire du ministère de tutelle et des académies régionales, la Cour des comptes prononce un jugement qui en dit long : « Il a été relevé l’absence d’un diagnostic précis de l’état des lieux et des préalables nécessaires à la mise en œuvre de tout programme, de l’évaluation des risques et des solutions alternatives ». Autant dire, un beau ratage. Un tableau de déshonneur !

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