Le télétravail vous en rêviez, le voici ! Que tous ceux qui rêvaient de travailler en pyjama, qui pensaient que le réveil se faisait en ...

Le télétravail vous en rêviez, le voici ! Que tous ceux qui rêvaient de travailler en pyjama, qui pensaient que le réveil se faisait en fonction des envies, qui se disaient qu’ils pourraient enfin tout gérer en même temps, enfants, cuisine, devoirs à la maison, tâches ménagères et boulot… Vous vous en mordez les doigts ?


La plupart des personnes ont poussé un grand OUF de soulagement lorsque le pays a annoncé les mesures de sécurité sanitaire. Celle-ci ont du coup favorisé le télétravail pour ceux qui avaient un emploi en entreprise. Certains, d’un naturel prudent, étaient soulagés de ne pas avoir à s’exposer ainsi aux risques du Covid-19, quand d’autres casaniers dans l’âme se félicitaient d’avoir réalisé leur rêve de travailler à la maison.

Au bout d’une quinzaine de jours, qu’en est-il ? Une entreprise française, premier opérateur de bureaux flexibles en France Deskeo, s’est penchée sur la question.

L’entreprise a interrogé un panel de personnes travaillant de chez eux. Les résultats font ressortir que 70% des Français se sont mis aux joies du télétravail. Tandis que 32 % d’entre eux estiment travailler plus que d’habitude depuis la maison au point que certains n’ont même pas le temps de s’offrir une pause déjeuner. Ce « travailler plus » qui n’implique pas un « payer plus » est à rapprocher au fait que 81% des Français ont peur à l’heure du coronavirus de perdre leur emploi.


Chômage technique


Au Maroc, la donne est la même. Pour se protéger du virus, le mieux est de s’enfermer chez soi. Pour cela, bon nombre d’entreprises, qui en ont les moyens, ont réagi positivement à l’état d’urgence sanitaire décrétée par les pouvoirs publics alors que d’autres  n’ont pas joué le jeu alors qu’elles peuvent instaurer le boulot à domicile.   « Ma supérieure hiérarchique est venue me voir et m’a demandé de déposer ma démission juste avant le confinement. Elle a fait de même avec plusieurs de mes collègues. Lorsque je lui ai dit que j’étais prêt à travailler de chez moi, elle n’a pas accepté. Je lui ai donc dit de me renvoyer afin de percevoir un peu d’argent, dont j’ai affreusement besoin en cette période. Elle a à nouveau refusé et m’a mis au chômage technique jusqu’à la fin du confinement», nous déclare Mehdi, employé dans l’un des plus grands centres d’appels au Maroc. Or, ce ne sont pas les moyens qui manquent à ces opérateurs qui réalisent des profits colossaux sur le dos de leur personnel qu’ils soumettent à une exploitation scandaleuse (voir Canard N°439). Mehdi qui ne sera pas payé n’est pas un cas isolé. Comme lui, opérant dans la même activité, sont légion. Certains patrons ont mis leurs employés au pied du mur : « Vous trouvez une solution pour continuer à travailler depuis chez vous ou alors vous serez virés. C’est ce que m’a dit mon patron », indique Meryem, aussi employée en centre d’appels. « J’ai donc pris mon ordinateur fixe, le téléphone et tout le matériel que j’ai installé seule chez moi ».


Pour cette jeune femme de 33 ans, le télétravail n’est pas une mince affaire. Elle doit souscrire des assurances aux foyers français. Même s’ils sont tous chez eux en ce moment, il y a plus de demandes de devis que de commandes. Et sans commande, pas de prime pour ces employés sous-payés.  

Le coronavirus commence à se propager dans le pays alors  que les entreprises nationales étaient mobilisées  pour réaliser leurs bilan d’activité annuelle. Certaines sociétés ont interdit à leurs comptables d’emmener les dossiers comptables chez eux pour des raisons de secret professionnel, oubliant que ces dossiers soi-disant confidentiels, qu’ils soient à la maison ou au bureau, peuvent tout à fait être photographiés ou dupliqués  discrètement et réutilisés à des fins malveillantes. Anas, commercial dans une agence de pièces de rechange automobile de la place s’est senti « fliqué » par  la manière dont le télétravail se déroule pour lui. « Les responsables nous obligent à pointer toutes les trente minutes via une plateforme installée pour l’occasion. En temps normal, mon travail ne me permet pas d’être assis derrière un ordinateur, tout se fait par téléphone ! », déclare-t-il au Canard.


Nouveau rythme


En se mettant au télétravail, la plupart des employés ne savent pas à quoi s’attendre. En cette période difficile, tout le monde est à la maison… Même les enfants ! Tous les sites conseillent de s’aménager un espace de travail  à la maison  afin de pouvoir se concentrer. Ce n’est pas toujours possible dans les familles nombreuses ou tout simplement dans les foyers où il n’y a pas assez d’espace.

Résultat : Ils sont nombreux à  devoir travailler dans le salon avec la télévision allumée pour occuper les enfants, qui s’ennuient rapidement. Outre ce problème d’espace, il y a aussi la question non moins cruciale des outils du travail.  

Ce ne sont pas tous les foyers qui disposent d’une connexion internet. « Pour ne pas perdre mon job, j’ai été obligé de souscrire un abonnement internet, une charge de plus à payer ! », explique Hicham, journaliste arabophone à Casablanca.  

Et puis nous arrivons au sujet qui fâche : le matériel informatique. Tout le monde n’a pas chez soi d’ordinateur assez fiable et dimensionné pour supporter des plateformes de pointage ou de réunions en ligne. Pour pallier  toutes ces carences, qui ne les auraient pas dérangés en temps normal, les employés sont obligés de doubler voire tripler le temps de travail, sous peine de perdre leur job. Pour sa part, Oumeyma, guide à l’école Montessori, s’est vue imposer un nouveau rythme de travail qui selon ses termes est « crevant ».

« Avant j’allais en classe et m’occupais des enfants. Maintenant, pour ne pas risquer de perdre des inscrits, je dois appeler chaque enfant via Whatsapp, faire un cours de dix minutes avec lui avant d’en appeler un autre. Un rythme soutenu et épuisant, car je ne m’occupe pas seulement de ma classe. Pour ne pas ennuyer l’enfant, les guides changent. De plus, je me retrouve face à des enfants confinés en pyjama qui ne veulent pas suivre le cours et face à des parents qui ne comprennent pas pourquoi je ne peux pas les appeler un peu plus tard pour les laisser faire leur grasse matinée !», explique-t-elle, lessivée par ces derniers jours de cours à distance.  

Malgré la fatigue, le stress et la peur d’être virés, les employés se félicitent du télétravail qu’ils considèrent comme le meilleur remède contre les multiples inconvénients du confinement. Tout le monde n’a pas cette chance, à l’image de Réda, responsable communication  dans une usine. « Mon patron m’a dit pouvoir me payer juste le mois de mars qui s’achève, mais sans aucune garantie de paiement faute de visibilité sur son activité du salaire pour les mois à venir. ».


Interaction


Selon une étude de la Dares, l'institut statistique du ministère du Travail français, les télétravailleurs travaillent en moyenne 35 minutes de plus que d’habitude. De manière hebdomadaire, cela peut même dépasser les 50 heures de travail, soit 1 heure de plus par jour pour un Marocain. Si on comptabilise le temps de transport, cela revient au même, et pourrait être plus rentable pour certains qui habitent non loin de leur lieu de travail. Bousculées par le coronavirus, les entreprises du monde entier ont tenté de s’adapter à la nouvelle donne imposée par la pandémie en mettant au point un système de travail à distance adaptée à leur activité. Une chose est sûre :  le travail au bureau et l’interaction  qu’il permet avec les collègues manquent à beaucoup ! Mais au-delà du respect obligatoire des mesures du confinement, aller au bureau dans cette conjoncture de toutes les angoisses c’est prendre le  isque de chopper le virus et de le passer aux autres. Finie la proximité, bonjour la distanciation.

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