L’avenir s’annonce très sombre pour la compagnie nationale. Le nouveau Coronavirus, qui l’a plongée dans la pire...

L’avenir s’annonce très sombre pour la compagnie nationale. Le nouveau Coronavirus, qui l’a plongée dans la pire crise de son histoire, lui a coupé les ailes en clouant brutalement ses quelque 58 avions au sol. Mais quel plan de sortie de crise pour le transporteur ?

L’atterrissage forcé a commencé pour la RAM le 13 mars dernier suite à la décision préventive des autorités marocaines de fermer l’espace aérien du royaume pour protéger le pays d’une grosse vague de contamination en provenance d’Europe. Résultat : La compagnie nationale a perdu plus de 95 % de son activité, impactant dans des proportions sans précédent ses résultats du premier trimestre de l’année en cours. Ceux du prochain trimestre ne s’annoncent guère fameux,  surtout que la reprise, selon les scénarios les plus optimistes, n’est envisagée qu’au début de 2021. Quant à un retour d’avant le Covid-19, il n’est pas espéré avant plusieurs années. Le plus dur reste à venir.  

Pendant que la flotte de la RAM est immobilisée sur le tarmac, le compteur des charges, lui,  continue de tourner. Les charges de leasing d’une bonne partie de la flotte, d’abord. La facture, qui n’inclut pas les frais de maintenance, est estimée à plusieurs dizaines de milliards de DH par an, ce qui représente un gros fardeau pour une compagnie dont les avions ne volent pas, et qui se trouve de ce fait privée d’un chiffre d’affaires mensuel d’environ 1,5 milliard de DH. Ensuite viennent les charges de fonctionnement constituées principalement de la masse salariale. Se chiffrant à un peu moins de 200 millions de DH dont la moitié est trustée par les pilotes qui sont au nombre de 600, les dépenses du personnel pèsent lourd dans les finances de la compagnie. Le gouvernement Al Othmani est en train de plancher sur un plan social comptant des réductions de salaires   pour les pilotes, des départs négociés et même des licenciements pour se débarrasser des sureffectifs. La réflexion en cours dessine les contours d’une nouvelle compagnie avec une structure de coûts moins lourde qu’elle ne l’a été jusqu’ici.

« Les salaires à 160.000 DH pour les pilotes qui exigent des hôtels de luxe, cette vie de rêve, trop coûteuse pour la RAM, est terminée », croit savoir une source proche du dossier qui aurait aimé que les commandants de bord prennent exemple sur leurs collègues de Lufthansa qui ont décidé de leur propre chef de renoncer à 45% de leur salaire jusqu’à juin 2022. Ce sacrifice financier permettra au transporteur allemand, qui perdrait 1 million d’euros toutes les heures à cause de la crise sanitaire liée au Covid-19,  d’économiser la bagatelle de 350 millions d’euros. «Nous avons toujours dit qu'en tant que personnel avec les plus hauts salaires, nous nous engagerions à assumer notre responsabilité particulière, dans les bons comme dans les mauvais moments, même si cela implique des réductions douloureuses », a déclaré à cette occasion Markus Wahl, le président du syndicat des pilotes, Vereinigung Cockpit.


Exemple


La pandémie a poussé de nombreuses compagnies aériennes à se séparer d’une partie de leur personnel. C’est le cas de Air New Zaeland qui a licencié dans le cadre d’un accord trouvé avec le gouvernement pas moins de 300 pilotes, soit le quart des effectifs, et réduit de 30% les salaires des autres collaborateurs. Air Canada, elle, a condamné au chômage technique plus de 16.500 employés, soit environ la moitié de ses effectifs.  

Quid de la RAM ? Quel nouveau plan de vol ?  Sans un plan de sauvetage ambitieux des pouvoirs publics, la compagnie, dirigée par Abdelhamid Addou, aura du mal à trouver de nouveau le chemin des airs. Le gouvernement Al Othmani va-t-il faire bénéficier l’entreprise d’emprunts garantis par l’État sur le modèle de la France qui a annoncé en avril dernier la promesse d’une injection massive de fonds à hauteur de 6 milliards d’euros dans les caisses exsangues d’Air France ? « L’après-Covid-19 se prépare maintenant et l’État marocain doit recourir à l’emprunt surtout que les taux sont bas pour relancer l’activité aérienne et les autres secteurs stratégiques qui ont pâti de la pandémie », explique un expert économique.  Aux commandes d’un superministère englobant le Tourisme, l’Aérien, l’Artisanat et l’Économie sociale, Nadia Fettah ne s’est pas exprimée depuis l’avènement de la crise sur le sort d’aucun de ces secteurs qui ont pourtant tous besoin d’une feuille de route claire pour mieux se positionner pour le jour d’après. En mode pause, notre ministre n’a pas l’air de vouloir prendre de l’altitude. Le mal de l’air ?

Encadré

Un crash terrible et une absence de visibilité

Bien malin celui qui pourrait prédire dans quel état la filière aéronautique sortira-t-elle de la crise liée du Covid-19, combien d’années les compagnies aériennes, les aéroports, les constructeurs et les équipementiers mettront-ils à s’en relever ? Tout l’écosystème aérien avec ses différentes activités et branches est à terre.  Selon, les experts de l’IATA , l’Association internationale du transport aérien qui brossent un tableau noir du secteur de l’aviation commerciale, la crise sanitaire qui frappe le secteur de plein fouet pourrait entraîner la suppression de 11,2 millions de postes dans la région Asie-Pacifique, 5,6 millions en Europe, 2,9 millions en Amérique latine, 2 millions en Amérique du Nord, 2 millions en Afrique et 900.000 au Moyen-Orient, alerte l’organisation internationale. Pour l’IATA, le manque à gagner pour les compagnies aériennes, dont la flotte est presque entièrement immobilisée, s’élèverait déjà à plus de 250 milliards de dollars, soit 30 % de leur chiffre d’affaires global annuel. Le redécollage pour beaucoup de compagnies s’en trouve très compliqué.

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