Ahmed Zoubaïr
28/7/2021 21:20

Les services secrets marocains ont-ils mis en place - comme l’affirme une enquête publiée par un consortium de 17 rédactions -...

Les services secrets marocains ont-ils mis en place - comme l’affirme une enquête publiée par un consortium de 17 rédactions - , un vaste système de cyber surveillance (de conception israélienne) des adversaires du régime en interne et à l’étranger ? Décryptage.  

Il faut se méfier du Maroc, ce petit pays du Maghreb, musulman de surcroît - n’est-ce pas Edwy Plenel ? Sous ses dehors tolérants et hospitaliers se profile une puissance dangereuse qui commence à l’insu de ses partenaires occidentaux à développer des grandes oreilles pour mettre sur écoute la France, ses journalistes et même ses personnalités publiques dont, ô sacrilège, fait partie le président Emmanuel Macron. C’est le nouveau roman de l’été imaginé, entre déferlantes Delta et vagues de chaleur, avec le concours d’Amnesty International (association connue historiquement pour être un nid d’anti-Marocains primaires), par une organisation mystérieuse baptisée « Forbidden stories », formée de pas moins de 17 médias dont Le Monde et The Guardian.

L’arme du crime est toute trouvée. Elle a pour nom, Pegasus, ce logiciel espion conçu par la startup  israélienne NSO Group dont l’usage initiale, la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme, aurait été détourné, selon les révélations de cette même association de bienfaiteurs de l’humanité, par une quarantaine d’États parmi lesquels figure le Maroc, présenté comme le principal client de la startup israélienne. Objectif : cibler journalistes, opposants et militants des droits de l’homme qui dérangent les régimes peu respectueux des libertés… Pegasus est décrit comme un espion high-tech redoutable car capable d’aspirer, sans que son propriétaire ne s’en rende compte, les données contenues dans un téléphone (photos, messages échangés via des applications, carnet d'adresses…). Invisible comme le coronavirus, ce logiciel qui peut également transformer le micro du téléphone en mouchard peut être installé et activé à distance, sans que la cible ait même besoin de cliquer sur un lien malveillant en exploitant des failles de sécurité dans les logiciels d'Apple et de Google.

Dispositif accusatoire

Mais les articles accusateurs n’ont curieusement ciblé nommément que 6 pays…Le Maroc, le Rwanda, la Hongrie, le Mexique, l’Azerbaïdjan et l’Inde. Plus sélectif que ça tu meurs ! Ces pays - la Hongrie de Victor Orban étant en rupture de ban de l’Europe - ont visiblement l’avantage de ne pas faire partie de la noblesse occidentale. Alors haro sur le baudet ! En fait, c’est du réchauffé que les 17 rédactions de « Forbidden Stories » ont servi à leurs lecteurs puisqu’elles ont déjà relayé en juillet de l’année dernière les même accusations de leur commanditaire, Amnesty International (AI), selon lesquelles le smartphone du journaliste et militant des Droits de l’homme Omar Radi, qui a écopé récemment de 6 ans de prison ferme pour « viol » et « intelligence avec une partie étrangère », a été infecté par le même logiciel israélien. Sans que cette organisation, mise au défi par les autorités marocaines, n’ait apporté jusqu’à aujourd’hui la moindre preuve tangible de ce qui relève manifestement du domaine des allégations ou des affabulations.

Les accusations de l’ONG, portées dès le 9 juin 2020, à la connaissance de cinq responsables du ministère marocain des Droits de l’homme, sont consignées dans son rapport mis en ligne le 21 juin sur son site Internet et relayé en même temps par les mêmes médias de «Forbidden stories». Le titre de cette enquête: « Un journaliste marocain victime d’attaques par injection réseau au moyen d’outils conçus par NSO Group». Et voilà que Amnesty, tout à son amour légendaire pour le Maroc et ses institutions, revient à la charge une année plus tard avec son « Pegassucé» de l’été 2021 en musclant cette fois-ci son dispositif accusatoire par une tentative d’internationalisation de l’affaire. Pour la cuvée 2021, les têtes pensantes d’Amnesty ont élargi le répertoire des cibles supposées à des chefs d’État et de gouvernement, députés, princes, princesses, diplomates, militaires de haut rang, chefs d’entreprises, milliardaires journalistes, avocats et militants des droits de l’homme…Omar Radi seul ne fait-il pas recette ?  Plus c’est gros, plus ça passe ?

A en croire, le Monde et ses partenaires, même les téléphones du Roi du Maroc et les membres du premier cercle de son entourage auraient été mis sous surveillance par les services secrets du Royaume !  Et si c’était ces derniers, reconnus pour leur efficacité dans la lutte contre le terrorisme, qui étaient principalement visés par les promoteurs de cette théorie de la cyber surveillance mondialisée…  Les médias, enrôlés dans ce dossier obscur, indiquent avoir eu accès à 50.000 numéros de téléphone (le quota attribué au Maroc par Forbidden Stories est de 1.000 téléphones), présélectionnés par certains clients de NSO Group pour une potentielle mise sur écoute tout en affirmant qu’ils ont pu authentifier le contenu de cette liste. Mais comment conclure à la véracité du ciblage des données téléphoniques collectées par le mouchard israélien ? C’est très simple comme un clic : Les journalistes du Monde qui ne cherchent pas à se casser la tête disent se fier aux analyses des téléphones figurant sur la liste en question, effectuées par les experts en sécurité informatique du Security Lab d’Amnesty International, ceux-là même qui ont décrété un an plus tôt que le téléphone du journaliste Omar Radi a été ciblé par le logiciel Pegasus…Sans apporter de preuves matérielles étayant leur thèse.

Kabbale médiatique

Les investigateurs du Monde, qu’il convient de croire sur parole ( !) , se contentent de se cacher derrière  le Citizen Lab de l’université de Toronto,  considéré comme l’un des principaux centres de recherche mondial  sur les logiciels espions,  qui avait, dès 2018, identifié le Maroc comme un très probable client de NSO ».  Mais depuis quand une probabilité est une certitude? Les mêmes journalistes prennent aussi pour argent comptant la détection par les spécialistes de AI de « cas de traces d’attaque ou d’infection » relevées dans de nombreux numéros téléphoniques de la liste. Sans donner plus de détails concrets. Compte tenu de la gravité des accusations proférées, les autorités marocaines, qui nient être un client de NSO Group ou avoir recouru au système de cyber surveillance qu’on lui prête, a décidé de porter plainte pour diffamation à l’encontre des membres de Forbidden Stories et Amnesty International devant le tribunal correctionnel de Paris.

La France serait la plus grande victime de ce vaste système d’écoutes illégal.  Plusieurs milliers de numéros téléphoniques ace l’indicatif + « 33 » auraient été visés par Pegasus pour le compte des services secrets marocains. L’espionnage supposé d’un grand ami par un petit ami a fait scandale dans un certain landernau médiatique hexagonal qui cherchait laborieusement à monter la sauce autour de ce qui ressemble pour certains à une énième kabbale médiatique contre le Royaume et pour d’autres à un immense écran de fumée. Forbidden Stories attribue également au Maroc l’infiltration de 6.000 numéros algériens-ce qui est invraisemblable- pour la plupart appartenant aux membres de la gérontocratie militaire algérienne dont les pantins en civil ont ordonné l’ouverture -sans pour autant citer le Maroc - « d’une enquête préliminaire sur l'existence d'un système d'intelligence informatique d'écoute et d'espionnage ayant visé les intérêts de l'Algérie, mais aussi des citoyens et des personnalités algériennes ». France, Algérie, Amnesty International… Qui a intérêt à ostraciser le Maroc ? S’est interrogé le chef de la diplomatie marocaine Nacer Bourita sur les colonnes de Jeune Afrique. A qui profite cette tentative de diabolisation du pays ? Sommes-nous face à une opération barbouzarde avec un habillage journalistique ?

Amnesty International déboutée par la justice israélienne

La justice israélienne a rejeté en 2020 la demande introduite par Amnesty International de faire révoquer la licence d'exportation du logiciel espion élaboré par NSO Group, utilisé selon l’ONG par les autorités marocaines pour espionner le journaliste Omar Radi. Dans son jugement, rendu dimanche 12 juillet 2020, la justice israélienne s’est basée sur le fait que les avocats du plaignant n’ont pas étayé par des preuves leurs allégations d’une quelconque tentative de piratage du téléphone portable de M. Radi. En réaction aux accusations d’Amnesty international, la Direction générale de la sécurité des systèmes d’information (DGSSI), placée sous la tutelle de l’Administration de la Défense nationale, avait publié un rapport sur le cas Omar Radi. Relayée par le magazine parisien Jeune Afrique, cette enquête conclut que le journaliste activiste aurait oublié « d’effectuer les mises à jour de sécurité sur son iPhone et continué de naviguer sur des sites non sécurisés et non chiffrés », « alors même que la DGSSI publie régulièrement des bulletins de sécurité décrivant les correctifs à installer pour éviter toute intrusion malveillante, y compris par des logiciels espions ». Autrement dit, M. Radi s’est fait pirater le contenu de son GSM par le logiciel Pegasus en raison de sa propre négligence. Amnesty International, forte d’une liste à l’origine douteuse de 50.000 numéros de portables présumées victimes du Spyware israélien, va-t-elle de nouveau saisir la justice israélienne ?

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