CANETON FOUINEUR

Pas de vacances estivales à l’étranger cette année

Les Marocains assignés à résidence !
Ahmed Zoubaïr
19/7/2020 15:55

Au nom de la lutte contre la Covid-19 et sa propagation, le gouvernement a décidé de maintenir la fermeture...

Au nom de la lutte contre la Covid-19 et sa propagation, le gouvernement a décidé de maintenir  la fermeture des frontières nationales pour les Marocains résidents au Maroc...

Ceux qui croyaient qu’ils allaient pouvoir voyager à l’étranger pendant cet été ou ce qui en reste en ont été pour leurs frais. Le communiqué tombé en début de soirée du mercredi 8 juillet a douché leurs espoirs. « Les Marocains résidents à l’étranger ainsi que les étrangers résidents au Maroc pourront quitter le Royaume à l’issue de leur séjour par les mêmes moyens, aériens et maritimes ». Ce passage du communiqué semblait leur dire indirectement en les narguant : « Cette année pas de Costa del Sol  ni de tourisme exotique ou sous les tropiques». Il faut donc, coronavirus oblige, consommer local, bronzer sous le soleil national d’Agadir, Dakhla ou de la côte tétouanaise…Les belles voitures, 4x4 et autres berlines de luxe, ne vont pas traverser le détroit dans un ballet incessant devenu habituel pendant les mois de juillet et août. Les avions non plus. Vols réguliers ou low cost, ils ne sont pas autorisés à se poser au Maroc pour déverser leur trop-plein de touristes bigarrés ni emmener les privilégiés du cru  sous d’autres cieux où il fait bon dépenser des euros et des dollars par paquets loin des regards indiscrets des compatriotes. Seuls les appareils RAM et Air Arabia ont le droit, selon un calendrier établi à l’avance, de reprendre les cieux pour embarquer les résidents étrangers au Maroc vers les destinations de leur choix et faire venir au bercail les nationaux bloqués à l’étranger.  

Pour une fois, tous les Marocains de souche, qu’ils soient nantis ou pas, issus de la classe moyenne ou démunie, sont mis dans le même sac… de voyage. Tous, d’habitude inégaux y compris devant les vacances, sont logés à la même enseigne touristique  locale. Tous assignés à résidence dans l’espace national pour une durée indéterminée au nom de la lutte contre la Covid-19. Quel choc  mâtiné de frustration pour Madame Tazi, sa famille et ses congénères qui ont des fortunes à claquer dans les parcs d’attractions de Floride ou Californie, les stations balnéaires d’Antalya en Turquie, les destinations exotiques d’Asie ou les clubs Med d’Europe, des Caraïbes ou d’Amérique Latine etc. Finis pour cette année les vacances onéreuses avec shopping dans les grands magasins occidentaux. Les clients huppés de ces contrées de luxe, qui ont l’exil touristique facile avant que  le coronavirus ne s’abatte comme une malédiction sur la planète, sont obligés de  changer leurs plans.  

Les bons plans voyage de rêve tombent à l’eau, bannis au profit de vacances locales. L’évasion aux couleurs nationales, rouge et vert. Purement makhzéniennes. Un choix contraint qui fait jaser dans les salons huppés de Casablanca et Rabat. « Fermer les frontières nationales aux Marocains est une atteinte à un droit fondamental, celui de circuler garanti par la Constitution », fulmine un homme d’affaires Casablancais. « A trop vouloir protéger le pays, le gouvernement est en train de l’étouffer », renchérit un autre. On sent la colère décoller crescendo contre ce déni du droit de s’envoler sans restrictions. Les richards du pays iront-ils organiser un sit-in de protestation aux abords du ministère des Affaires étrangères ?    

Partir désormais dans l’immédiat à l’étranger est possible mais sous conditions. Affaires ou soins de santé. En dehors de ces deux raisons, point de dérogation ! Pour cela, il faut déposer sa demande (accompagnée entre autres de l’invitation du partenaire étranger et de la réservation du vol RAM évidemment) auprès de la direction des Affaires consulaires et sociales au ministère des Affaires étrangères et attendre que son dossier soit instruit par une commission spéciale. Les départements de l’Intérieur et de la Santé ont eux aussi leur mot à dire sur le volet retour du passager à titre exceptionnel obligé de se présenter à l’embarquement muni des résultats de deux tests, PCR et sérologique. Toute une procédure aussi laborieuse que compliquée qui, vu les contraintes et les risques sanitaires qu’elle induit, n’encourage guère à prendre l’avion…  

Dit autrement, voyager est suspendu jusqu’à la fin de l’été au moins à une autorisation administrative. Après les fameux agréments de transport ou de carrières de sable, bonjour l’agrément du voyage à l’étranger ! Autres temps, autres pratiques ! « Du droit  d’aller au bout du monde on est passé au droit de rester au pays », fait remarquer, un peu philosophe, un agent de voyages qui a le moral dans les chaussettes.

Derrière le maintien de la fermeture des liaisons nationales  avec l’étranger, se cache aussi une volonté officielle de limiter les dégâts colossaux provoqués par la Covid-19 dans l’économie nationale. « Cette mesure restrictive permettra au pays d’économiser des devises dont les réserves se sont  dangereusement amenuisées pour cause du Covid-19 », explique un haut cadre d’une banque de la place. Les voyages des nationaux à l’étranger ont représenté en 2018 la bagatelle de près de 19 milliards de DH, soit le quart des recettes touristiques engrangées par le Maroc au titre des arrivées internationales ! Et cette tendance, loin de ralentir, croit d’année en année du fait que les Marocains sont de plus en nombreux, faute  d’une offre touristique locale adaptée à leurs attentes, à opter pour des vacances à l’étranger. Là où l’on voit que le Maroc est devenu un réservoir intéressant de  touristes pour les pays récepteurs et une bonne affaire pour eux…

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