Ahmed Zoubaïr
4/3/2021 1:59
Angela Merkel.

En décrétant la suspension de toute coopération avec les organismes allemands actifs au Maroc, les autorités marocaines...

En décrétant la suspension de toute coopération avec les organismes allemands actifs au Maroc, les autorités marocaines ont invité l’Allemagne à choisir son camp. Le message est bien passé.

Un grand malaise s’est installé au sein du personnel des organismes et des fondations de la coopération allemande, très actifs au Maroc, au lendemain de la lettre adressée par le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita au chef du gouvernement et aux membres de son équipe. Dans cette correspondance, qui a fuité sur les réseaux sociaux en début de soirée du lundi 1er mars, soit le même jour de sa signature, le ministre invite les destinataires à suspendre tout contact, interaction ou action de coopération (…) aussi bien avec l’ambassade d’Allemagne au Maroc qu’avec les organismes de coopération et les fondations politiques allemandes qui lui sont liés ».

Mais quelle est donc la raison de ce qui ressemble à une tension politique sérieuse entre Rabat et Berlin? M. Bourita évoque en préambule de sa missive «des malentendus profonds avec la république fédérale d’Allemagne au sujet des questions fondamentales du Royaume». Sans plus de précision. Mais les observateurs ont compris que le principal point de friction a trait à l’affaire du Sahara marocain.  Et il n’y a que ce dossier qui peut entraîner une telle réaction et jeter un froid dans les relations du Maroc avec les autres pays. Visiblement, la réaction du Maroc est le fruit d’un grand cumul avec une goutte qui a fait déborder le vase. Et cette goutte n’est autre que l’hostilité clairement affichée du pays de Merkel vis-à-vis du dossier de l’intégrité territoriale du Maroc à travers une série d’initiatives et de déclarations concomitantes à la reconnaissance le 10 décembre 2020 par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur ses territoires du sud. Certains officiels allemands ne se sont pas seulement contentés de critiquer la décision prise par l’ex-président US Donald Trump mais sont allés jusqu’à convoquer fin décembre une réunion à huis clos au conseil de sécurité consacrée à la question du Sahara à la lumière de la résolution audacieuse de l’administration républicaine. Si ce n’est pas de l’inimitié, cela y ressemble beaucoup. La chancelière Angela Merkel a tenu le 11 décembre à rappeler la position de son pays dans un communiqué : « La position du gouvernement allemand sur le conflit du Sahara occidental n’a pas changé.

Angela Merkel avec Abdelmajid Tebboune.

Nous sommes déterminés à parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable sous la médiation des Nations unies.» Mais de quelles nations unies parle l’Allemagne alors que l’ONU n’a pas réussi, malgré toute la bonne volonté du Maroc qui est dans son droit, à résoudre le seul conflit territorial factice de la planète ?Venant de la part du pays-locomotive de l’Union européenne qui considère le Maroc comme un partenaire privilégié, une telle attitude a de quoi surprendre. Plus grave encore, il semble que l’Allemagne pèse de tout son poids pour empêcher les pays de l’Union européenne de s’aligner sur la nouvelle donne au Sahara. La dernière provocation en date, qui a irrité Rabat, aura été la levée le 27 février dernier du drapeau de la fantomatique RASD, à l’occasion de son non moins 45e chimérique anniversaire, aux abords du siège du Parlement régional allemand de Brême. Toutes ces provocations sont venues s’ajouter à la mise à l’écart inexpliquée du Maroc de la conférence organisée par Berlin, en décembre 2020, sur le conflit libyen alors qu’il fait partie des rares acteurs à s’être impliqué de manière sincère et désintéressée dans la résolution de ce conflit en accueillant à Skhirat plusieurs conférences en vue  de la réconciliation des protagonistes libyens. Trop, c’est trop. L’Allemagne a curieusement fait le choix d’être à contre-courant de la nouvelle dynamique enclenchée autour du Sahara marocain et de faire siennes les thèses de l’Algésario dont il semble être devenu le porte-parole. Une attitude inamicale tout à fait à l’opposé de l’importance de la coopération allemande au Maroc qui englobe divers secteurs aussi bien économiques, sociaux que culturels. Il est vrai que l’Allemagne, qui a offert un lit d’hôpital au président algérien Abdelaziz Tebboune pour se soigner du Covid, a des intérêts colossaux avec la junte militaire algérienne. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’intégrité territoriale du Royaume dont l’Algérie est l’ennemi numéro 1. Aux dernières nouvelles, Berlin, qui a été prise de court par la réaction marocaine, est prête à ouvrir un dialogue sérieux avec le Maroc pour désamorcer la crise.

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