Ahmed Zoubaïr
20/7/2023 5:53

Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a mis en garde contre l’impact du réchauffement climatique sur...

Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a mis en garde contre l’impact du réchauffement climatique sur la stratégie de l’efficacité énergétique du Maroc. En voici les grandes lignes.  

La température annuelle moyenne au Maroc a connu une hausse notable lors des dernières décennies surtout dans les mois les plus chauds et les plus secs. Les projections climatiques indiquent que la hausse des températures se poursuivra jusqu’à la fin du siècle, avec des vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses et plus répandues. Ce phénomène se traduira par une  sur-demande en énergie pour le refroidissement, avec comme  scénario probable une accentuation de la dépendance du Maroc sur les interconnexions régionales. Ces  épisodes caniculaires  sont par ailleurs susceptibles  d’affecter l’efficacité de la transmission et la production électrique  à partir des centrales solaires photovoltaïques et éoliennes.

Le Maroc a basculé progressivement dans l’aridité et la baisse de la pluviométrie annuelle moyenne pourrait se poursuivre, en particulier dans un scénario de fortes émissions. Les projections climatiques montrent également que des sécheresses plus fréquentes et plus graves pourraient se produire dans le centre et le sud du Maroc. La rareté des précipitations et la récurrence  des cycles de  sécheresse font peser un risque d’interruption de la production d’hydroélectricité et de charbon, qui nécessitent de grandes quantités d’eau pour générer de  l’électricité et le refroidissement. Dans un esprit d’anticipation de toutes ces contraintes, le Maroc a fait le choix de se tourner vers des technologies moins gourmandes en eau, telles que le stockage hydroélectrique par pompage et les centrales à cycle combiné au gaz naturel. Le secteur de l’énergie est au cœur de la stratégie marocaine en matière de changement climatique et il est érigé en  principal  levier  d’atténuation de l’effet de serre   et en pierre angulaire de la transition écologique nationale basée  notamment sur le mix énergétique qui atteindra en termes de capacités renouvelables  52 %  en 2030. Étant donné que les dispositifs  d’énergie renouvelable sont généralement sensibles aux conditions météorologiques et peuvent de ce fait  être impactés  par le changement climatique, le renforcement de la résilience climatique deviendra un enjeu majeur.  

Zones à haut risque

Cependant, la résilience climatique du secteur de l’énergie a fait l’objet de moins de discussions  que d’autres secteurs, alors que des progrès notables ont été enregistrés en matière de  politiques d’adaptation et de résilience pour l’eau, l’agriculture, la biodiversité et la pêche.

Pour assurer une transition énergétique résiliente au Maroc, il convient de commencer par l’élaboration  d’un plan sectoriel dédié au secteur de l’énergie. Ce plan pourrait inclure des actions concrètes telles qu’une évaluation complète des impacts climatiques, la mise en place de plans spécialisés pour les zones à haut risque, l’évaluation de l’effet de la diversification sur le mix énergétique, et un passage à des technologies économes en eau et résistantes à la chaleur. En outre, l’élaboration de stratégies spécifiques pour le secteur de l’énergie contre divers types de risques climatiques pourrait soutenir le fonctionnement continu des systèmes énergétiques face aux catastrophes liées au climat. Au Maroc, les saisons se caractérisent par des hivers doux et humides et des étés chauds et secs, comme dans d’autres pays méditerranéens. Cependant, le pays présente également des variations géographiques de son climat, allant de zones plus tempérées au nord influencées par la mer Méditerranée, à des zones arides et désertiques au sud et au sud-est influencées par le désert du Sahara et l’océan Atlantique. La température annuelle moyenne au Maroc a augmenté de 1,7 °C entre 1971 et 2017. Toutefois, la hausse a varié considérablement selon l’emplacement géographique et la saison. Géographiquement, les régions du centre-nord et du nord ont connu la plus forte augmentation de température, soit plus de 2 °C dans des villes comme Oujda, Taza, Errachidia et Beni Mellal. De façon saisonnière, le réchauffement a été le plus prononcé d’avril à juin, les mois les plus chauds et les plus secs.

Les modèles climatiques montrent que le réchauffement  se poursuit au Maroc sous toutes les voies de température jusqu’à la fin de ce siècle. Sous une concentration moyenne de gaz à effet de serre, la hausse annuelle moyenne de la température devrait atteindre 1,5 °C à 1,8 °C en 2050, par rapport à la période de référence de 1981 à 2018. Dans un scénario d’émissions élevées, l’augmentation annuelle moyenne de la température pourrait atteindre entre 2 °C et 3 °C. Si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas atténuées, le Maroc pourrait connaître des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses. La hausse des températures au Maroc a fait grimper rapidement  les degrés-jours de refroidissement (CDD) de 3,5 % en moyenne par an au cours des deux dernières décennies, tandis que les degrés-jours de chauffage (HDD) ont diminué en moyenne de 2 % par an depuis 2000. Cela pourrait entraîner une surconsommation en énergie  pour le refroidissement, ce qui l’emporterait sur une diminution relativement faible de la consommation d’énergie pour le chauffage.

Un climat plus chaud pourrait mettre le système électrique à rude épreuve en relevant dans le secteur résidentiel la pénétration des dispositifs de refroidissement au Maroc, de 9,3 % en 2015 à 49 % d’ici 2030. Pour faire face à la hausse de la demande en été, le Maroc fait de plus en plus appel à ses interconnexions régionales. Les importations nettes d’électricité sont passées de 2 TWh en 2006 à 5,3 TWh en 2016, ce qui représente 14% de l’approvisionnement total en électricité du pays. Les importations d’électricité en provenance de l’Espagne ont atteint des sommets au cours des quatre dernières années, faisant bondir les achats nets d’électricité en juin à plus de 200 GWh. La hausse continue des températures pourrait nécessiter l’expansion des réseaux interconnectés existants, ainsi que le développement de nouvelles interconnexions avec l’Espagne et le Portugal.

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