Les sous et les dessous du carburant de mauvaise qualité...

Abdelaziz Rabbah transmet à la justice les dossiers des stations-service impliquées dans la vente de carburants de mauvaise qualité.

Ministre de l’Énergie, des Mines et de l’Environnement, le PJD Abdelaziz Rabbah maîtrise l’art de créer des problèmes porteurs et de leur trouver des solutions juteuses… En voici un cas d’école très liquide… Au PJD, les députés ont un grand rôle à jouer, méconnu du public lambda. Celui de tendre la perche à leurs ministres pour que ces derniers montent à la tribune parlementaire dans le cadre du show hebdomadaire des questions orales. Peu importe si leur démarche peut paraître téléphonée au plus naïf des mortels. L’essentiel c’est que les uns fassent semblant de contrôler le travail du gouvernement et les autres de s’acquitter comme il se doit de leur mission de ministres. Et le tour est joué… C’est à cet exercice cinématographique que les islamistes se sont livrés lundi 18 janvier. Ce jour-là, le ministre de l’Énergie des Mines et de l’Environnement est de service, attendant patiemment d’être actionné par les siens afin de jouer les ministres intraitables qui bossent et sévissent. Face aux élus de la première Chambre, Abdelaziz Rabbah, invisible depuis que le coronavirus s’est abattu comme une malédiction sur le monde, répondait à une question orale posée par le groupe Justice et Développement. Les parlementaires de son parti lui ont donné l’occasion de refaire surface sur un sujet en relation avec « la qualité des carburants distribués au Maroc».

Normes

M. Rabbah révélera que durant l’année 2020, le ministère, qu’il dirige, a effectué pas moins de 3 400 opérations de contrôle de la qualité des carburants distribués dans les différentes stations-service du pays. L’information qu’il a livrée ensuite est d’importance : 61 dossiers de stations-service ont été transmis à la justice en raison de la commercialisation par ces dernières de produits qui ne répondent pas aux normes de qualité requise ! Mais le ministre, qui se soucie visiblement de la propreté du contenu du réservoir des automobilistes, s’est gardé de communiquer les noms des distributeurs indélicats… En plus, il ne se trouvait pas de député parmi les siens pour lui demander de révéler les noms des fraudeurs. Par pudeur certainement…

Or, ce que les gens ne savent pas c’est que le ministre islamiste est lui-même à l’origine de cette mauvaise qualité des carburants qui commence  à infester depuis quelque temps le secteur des hydrocarbures pour avoir attribué en catimini, depuis son arrivée à la tête du ministère en avril 2017, une vingtaine de licences à des enseignes obscures : BB Energy Morocco, AM Petro Service, Petro Big, Localub, Camed, Rimal, 3C TRANS,  Bouderka B9 T et bien d’autres. Il n’y est pas allé de main morte le Rabbah. Ça  fait trop de monde pour un petit marché et un sacré procédé pour noyer la pompe à essence…

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Sur ce dossier qui mérite une enquête parlementaire sérieuse, les agissements du député-maire de Kenitra sont conformes à un dicton bien de chez nous : vendre le singe et se moquer de son acheteur. Abdelaziz Rabbah avait justifié ses largesses au nom de la promotion du secteur des hydrocarbures au Maroc et du renforcement la concurrence dans la filière. C’est du moins ce qu’il avait expliqué lors d’une intervention parlementaire en juillet 2018. Or, c’est tout à fait l’inverse de ses intentions affichées qui s’est produit à l’arrivée : Le carburant de piètre qualité a fait son entrée sur le marché, livrant une concurrence déloyale aux opérateurs sérieux du secteur tout en contribuant à salir son image. Cette situation, pour le moins curieuse, appelle un tas de questions et non des moindres : Quelles sont les véritables motivations de M. Rabbah dans cette affaire ? Sur la base de quel cahier des charges a-t-il délivré les autorisations d’exercer aux nouvelles sociétés ? Quelle est la nature de la relation qu’il entretient avec les bénéficiaires de ces « grimates » dont l’un des deux est un président de région issu d’un parti de l’opposition ?  

Une chose est sûre : la qualité douteuse des carburants introduite dans le paysage renseigne clairement sur le mode opératoire de ces nouveaux distributeurs… Ce qui ajoute au trouble, c’est que l’autorisation de ces derniers, censée être un grand événement sectoriel, n’a été accompagnée de la part de M. Rabbah d’aucune démarche de communication pour les présenter au moins à la presse. Black-out total. Notre ministre cachottier avait-il peur d’être en panne d’arguments face à ses questionneurs ? On attend de lui qu’il rattrape le temps perdu pour communiquer officiellement sur la liste des nouveaux seigneurs du carburant au Maroc… En attendant qu’il embraye sur la demande du Canard, Abdelaziz Rabbah qui a de l’énergie à revendre et même à vendre a annoncé  ce 18 janvier ce qui doit représenter l’essentiel à ses yeux : La mise en place au cours de 2021 d’un nouveau laboratoire de contrôle des carburants d’un investissement de 10 millions de DH. Chez lui, les bons projets démarrent au quart de tour… Le grand Rabbah, qui fait le plein en douce, n’est pas homme à perdre du temps ni à lambiner en route. En bon islamiste qui carbure, il a déjà mis dans la pipe un appel d’offres pour sélectionner le laboratoire chargé de contrôler la qualité du carburant depuis son arrivée au port jusqu’à sa distribution. Créer un problème et proposer la solution ! C’est tout un métier où il faut être à la fois liquide et tactile pour exceller…