19/5/2022 0:43
Loubna Tricha, directrice générale de l'OFPPT.

Malgré ses effectifs pléthoriques estimés à près de 11.000 collaborateurs à travers tout le pays, l’OFPPT de Loubna Tricha fait appel...

Malgré ses effectifs pléthoriques estimés à près de 11.000 collaborateurs à travers tout le pays, l’OFPPT de Loubna Tricha fait appel de manière systématique aux cabinets de consulting pour élaborer la moindre stratégie.  Et les cadres maison grassement payés, ils font partie juste du décor ? Révélations.

Dès que le visiteur accède par la porte principale au siège de l'OFPPT à Sidi Maarouf, à Casablanca, il est d’emblée sous bonne impression. Un certain dynamisme règne dans ce bâtiment vitré de six étages, doté des attributs d’une administration moderne avec des espaces verts bien entretenus tout autour. Ça bouge dans tous les sens. Une nuée de jeunes s’affairent dans leurs bureaux. A première vue, il y a plus de filles que de garçons. Effet de la parité dont la directrice de l’office Loubna Tricha a fait son principal défi, qu’elle est en train de relever puisque 30% du personnel titulaire de l’établissement sont de sexe féminin.  Seule ombre au tableau et elle est de taille selon une source interne, le directeur des Ressources humaines, propulsé à ce poste par  la grâce d’une promotion interne, manque de  formation RH  et des qualités appropriées pour gérer une machine de près de 11.000 collaborateurs (bonjour l’État dans l’État) et mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

D’ailleurs, les couacs sur les nominations sont légion, à l’image de la promotion troublante d’une directrice de complexe au poste de représentante régionale alors qu’elle n’a pas la compétence pour cette responsabilité, de l’avis d’un collègue. L’affaire fait scandale en interne et l’intéressée sera démise de ses (nouvelles) fonctions deux mois à peine après son adoubement.

Depuis l’avènement de Loubna Tricha à la tête de l’office en 2018, un poste a connu une progression spectaculaire : les recrutements. Ces derniers ont littéralement explosé et la masse salariale avec, puisque les nouvelles recrues sont engagées avec des échelles élevées, cadres et plus. Cette situation n’est pas saine, générant une certaine frustration chez les anciens cadres qui côtoient des bataillons de jeunes plus gradés et mieux payés qu’eux. « Cette injustice salariale crée de la démotivation dans les rangs des aînés qui se sont sacrifiés pour l’office », confie un employé à la retraite. Le nouveau quartier général de l’office est devenu trop petit pour offrir des bureaux à toutes les recrues. En attendant de dégraisser le mammouth, les effectifs pléthoriques de l’OFPPT ont fait donc rouvrir l’ancien siège de cet établissement, sis à Aïn Borja, pour y transférer une partie du personnel. Et puis une bonne partie de ces recrutements souffre d’une autre tare : Ils dégagent le parfum du népotisme sur commande. C’est ainsi que l’OFPPT avec ses différents centres, complexes et succursales est devenu une grande famille où se retrouvent les gendres, cousins, neveux et cousines ainsi que les profils recommandés par les pontes du syndicat majoritaire. Chantier d’envergures nationales considérées comme le nouveau temple de la formation professionnelle nouvelle vague, les Cités des Métiers et des Compétences (CMC) ont pâti d’une série de couacs. Les complexes de trois régions,  Souss-Massa, l’Oriental et Laâyoune-Sakia-El Hamra, ont bénéficié d’une opération de recrutement péchant par la précipitation avant même la finalisation des travaux. Résultat : Le personnel engagé, qui se tournait les pouces faute d’activité (pas de formation ni d’inscrits) s’est retrouvé à son corps défendant en situation de congé payé. L’absence d’encadrement a poussé certaines recrues à rendre leur tablier avant même d’avoir mis la main à la pâte, obligeant du coup les responsables à lancer de nouveaux processus de recrutement. L’amateurisme est visiblement bien à l’œuvre   à l’office de la formation professionnelle…Ce qui est en action aussi à l’office dans un dynamisme constant c’est le secteur du consulting dont les enseignes principalement étrangères, attirées par l’argent public facile, se bousculent au portillon. Avec une mention assiduité récompensée pour « le Cabinet Southbridge ». Les dirigeants de l’OFPPT y font appel pour le moindre chantier et même pour des métiers nouveaux pour l’office comme la santé, la pêche et le golf…Des consultants en veux-tu en voilà ! Y compris pour le département communication qui s’est payé ses experts chargés de relayer ses actions !  

Il y a quelques semaines, une étude de marché de la formation continue, dont l’estimation initiale établie par le maître d’ouvrage est de 3.500.000 DH, a été décrochée par un consortium étranger formé par Valyans, Ideo et Grant Thornton «pour un meilleur positionnement de l'OFPPT » sur ce créneau. Dans sa partie assistance technique, l’opération de recrutement des encadreurs et des formateurs pour 8 Cités des métiers et des compétences a fait également l’objet d’un appel d’offres pour un lot unique dans une fourchette par l’OFPPT comprise entre 2.508.000 DH et 5.016.000 DH. A cela s'ajoutent les conventions de formation avec certains établissements comme l’École Centrale de Casablanca pour former, dans le cadre de la transformation de l’office, des leaders « agiles » pour des domaines de formation à forte valeur ajoutée. Devant le recours systématique à autant de prestataires externes, il y a de quoi s’interroger sur l’utilité opérationnelle   des milliers de cadres de l’office et leur contribution réelle. Parmi cette armée d’engagés notamment les nouvelles recrues avec des salaires substantiels, n’existe-il pas des profils capables d’élaborer des programmes de formation et des stratégies de développement pour le compte de leur employeur ? Faut-il en conclure que le recrutement de cadres maison sert juste à leur offrir un salaire substantiel à la fin du mois au risque de plomber la boîte avec une masse salariale record en renforçant le schéma des bras cassés et des planqués ? « L’OFPPT est devenu plus qu’avant au nom d’une performance qui reste à démontrer une machine à distribuer des marchés », se désole un cadre marginalisé qui pointe la faiblesse de l’offre de formation au point de vue qualité malgré l’importance des effectifs de l’office et son accompagnement par une kyrielle  de professionnels externes du conseil aux entreprises. Vite un  appel d’offres pour évaluer les livrables des cabinets de consulting et contrôler la mise en œuvre pratique de leurs recommandations !

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