CANETON FOUINEUR

Le statut du délégataire casablancais vire au flou artistique après le rachat de Suez par Veolia

Lydec en eaux troubles
9/6/2022 0:28
Antoine Frérot, président de Veolia.

Consécutive à l’OPA de Veolia sur Suez, la validation du changement d’actionnariat chez Lydec, n’a pas coulé comme une eau de source....

Consécutive à l’OPA de Veolia sur Suez, la validation du changement d’actionnariat  chez Lydec, n’a pas coulé comme une eau de source. Autorité délégante, le ministère de l’Intérieur pose ses conditions. Explications.

Lydec ne coule plus de bourse  ! L’entreprise sera bientôt radiée de la cotation, sur demande de l’Autorité marocaine des marchés des capitaux (AMMC). Annoncé récemment, ce départ de la place  financière casablancaise, où la société a fait son entrée en 2005,  est la conséquence de l’OPA hostile de Veolia lancée en juillet 2021  sur  son rival historique Suez pour l’acquisition de 70,1% du capital restant après avoir racheté 29,9% auprès l’énergéticien  Engie en août 2020. Affaire franco-française qui s’est réglée à l’amiable  devant les tribunaux  et les couloirs du pouvoir macronien lors du printemps dernier, ce raid à 13 milliards d’euros restera dans les annales comme l’une des plus agressives  OPA que la place parisienne ait jamais connues ! Du coup, le délégataire casablancais de l’eau et de l’électricité, filiale marocaine de Suez, est tombé dans l’escarcelle du groupe  d’Antoine Frérot. Si Veolia a pu obtenir le feu vert de la Commission européenne en échange de son engagement, questions de concurrence oblige,  à céder l’essentiel des activités de Suez en France, les autorisations dans les pays d’implantation des filiales de Suez étaient loin d’être une simple formalité.  

A commencer par le Royaume-Uni  où l’OPA du géant de l’eau et des déchets  s’est heurtée à la fermeté l’autorité de concurrence, la Competition and Market Authority (CMA), qui a menacé de déclencher des investigations anti-trust si le nouvel acquéreur ne se désengage pas de quelques actifs en Grande-Bretagne. L’affaire  est toujours en stand-by. Même scénario au Maroc où les dirigeants du Veolia ont du mal à faire fléchir la position de l’autorité délégante. « Le ministère de l’Intérieur a conditionné la validation de l’OPA par l’engagement de Veolia d’investir la bagatelle de 2 milliards  de DH dans le domaine de l’eau, l’électricité et l’assainissement à Casablanca, ce que les patrons de Veolia ont refusé arguant que le montant est trop élevé », confie au Canard une source proche du dossier. Une chose est sûre : cette transaction tombe au bon moment pour les autorités marocaines qui étaient en pleines négociations avec les dirigeants du délégataire casablancais. Objectif : obtenir une révision du contrat de gestion déléguée qui expire en 2027 - la dernière révision remonte à 2009 - destinée à actualiser le programme d’investissement de Lydec à la lumière des nouveaux besoins d’une métropole en croissance constante en termes d’urbanisation et d’évolution démographique qui exerce la pression sur les réseaux d’assainissement. « Autres temps, autres réflexes.

Dans le Maroc ancien, le feu vert aurait été obtenu sans coup férir en faisant intervenir les hautes sphères politiques.  Un coup de fil et l’affaire est réglée. » indique un ex-député qui a rappelé au passage les circonstances de la cession de l’ex-RAD  (Régie Autonome de Distribution) de Casablanca qui passa en 1997 dans le giron de la Lyonnaise des Eaux suite à un accord politique entre feu Hassan II et feu Chirac que les élus de la Communauté Urbaine de Casablanca (ex-CUC, aujourd’hui Conseil de la ville) ont juste eu comme consigne de valider lors d’un vote. « La période de crise silencieuse que traversent depuis quelques années les relations maroco-françaises n’est guère de nature à débloquer la situation et permettre aux deux parties d’œuvrer pour trouver un terrain d’entente », croit savoir un observateur politique local. Résultat : Du fait de la non-validation du nouvel actionnariat par les autorités marocaines, le rapprochement entre les deux groupes français  a accouché  d’un flou artistique autour du statut actuel  de Lydec qui est sous pavillon de Veolia sans l’être vraiment. Une situation du wait and see qui ne coule pas de source, quelque peu bâtarde, qui agit sur le moral à la fois des dirigeants et du personnel du délégataire même si les nouveaux patrons ont obtenu un droit regard sur la gestion de la boîte. « L’inquiétude est surtout vive dans les rangs des collaborateurs marocains qui ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés », s’alarme une source interne. Pour un expert financier de la place qui a requis l’anonymat, le véritable gagnant dans cette transaction se près de 330  millions de DH chacun au titre de la cession de leurs participations (un total de près de 32% dans le capital de Lydec pour un  flottant en bourse de 16,86% ) ne sont autres que la CDG et RMA Watanya. Veolia a racheté les titres à 270 DH l’unité dans le cadre d’une offre publique d’achat obligatoire  qui s’est déroulée entre le 18 avril et le 18 mai 2022. De quoi vous mettre l'eau à la bouche.

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