CANETON FOUINEUR

La France s'acharne sur les sacralités de l'islam

Macron ou l’islamophobie assumée
Jamil Manar
29/10/2020 2:41

La France fait face depuis quelques jours à un mouvement de boycott de ses produits dans plusieurs pays arabes....

La France fait face depuis quelques jours à un mouvement de boycott de ses produits dans plusieurs pays arabes. En cause, les propos provocateurs du président français qui a soufflé sur les braises de la haine en défendant le droit au blasphème du prophète

Emmanuel Macron a mis le doigt dans un engrenage incontrôlable dont l’issue est incertaine. Dans plusieurs pays arabes, les réactions de colère se multiplient dans les rangs de la population en réponse à son propos provocateur envers l’islam et ses symboles : « Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent », avait assuré le président français dans son discours prononcé à l’occasion de la cérémonie d’hommage national au professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, victime d’une attaque meurtrière menée par un jeune d’origine tchétchène pour avoir montré une caricature insultante pour le prophète. Résultat : Le lancement sur les réseaux sociaux d’appels au boycott des produits français dans le monde arabe. Le mouvement, très peu suivi pour le moment dans les pays du Maghreb, a pris naissance dans les pays du Golf, notamment du Koweït et du Qatar où plusieurs enseignes de grande distribution ont retiré le 23 octobre lune flopée de produits agroalimentaires français (fromages, confitures, beurre…) de leurs rayons.

Dans nombre de pays musulmans, les autorités ont par ailleurs réagi vigoureusement aux propos de M. Macron sur son engagement à défendre le droit de blasphémer par voie de caricature le prophète de l’islam. Premier à monter au créneau est le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a saisi la balle au bond pour enfiler son manteau de défenseur de l’islam et des musulmans et faire un beau smatsh : « Mais quel est son problème avec les musulmans ? Ce Macron a besoin de faire examiner sa santé mentale », a fustigé celui qui a de lourds contentieux géopolitiques avec la France de Macron (Syrie, Libye et Méditerranée Orientale). Dans un communiqué émanant du ministère des Affaires étrangères rendu public dimanche 25 octobre, le Maroc a enjoint à la France de «cesser d’attiser le ressentiment et à faire preuve de discernement et de respect de l’altérité », tout en condamnant des « actes qui reflètent l’immaturité de leurs auteurs ». Les réactions de protestation dans le monde arabe où la France jouissait jusque-là d’un grand respect continuaient à tomber en cascade.  L’Université du Qatar a annoncé le report de la semaine culturelle française après « l’atteinte délibérée à l’islam et ses symboles ».

L’Organisation de la coopération islamique a, de son côté, dénoncé « les propos de certains responsables français (…) susceptibles de nuire aux relations franco-musulmanes ». Devant cette levée de boucliers sans précédent, la diplomatie française a appelé dans un communiqué en date du 25 octobre les gouvernements des pays arabes qui ont exprimé leur indignation à « se désolidariser de tout appel au boycott ou de toute attaque » contre la France tout en assurant « la sécurité» des expatriés français. « Les ministres ainsi que l’ensemble de notre réseau diplomatique sont entièrement mobilisés pour rappeler et expliquer à nos partenaires les positions de la France, notamment en matière des libertés fondamentales et de refus de la haine », ajoute ce communiqué qui respire pour le moins l’ambiguïté.

Sentiment anti-musulman

Aux yeux des musulmans, le feu de la haine a été attisé par les caricatures du prophète de l’islam montrées curieusement par le professeur assassiné à ses élèves et entretenu par Emmanuel Macron lui-même en défendant la poursuite du blasphème des symboles de l’Islam. Il est évident que la défense de caricatures diffamatoires, voire obscènes ne relève nullement d’aucune forme de liberté ni d’un quelconque respect de la laïcité. Dans ce contexte délétère où l’amalgame et les raccourcis deviennent faciles, vivre sa foi de musulman en France est devenu dangereux puisque l’extrême droitisation du pouvoir en France a jeté les Musulmans en pâture aux islamophobes de tout poil. Les femmes musulmanes voilées craignant aujourd’hui de sortir voilées dans la rue de peur d’être agressées par les fanatiques et autres xénophobes. C’est ce que Macron insinuait en déclarant deux jours après la décapitation de Samuel Paty que « la peur va changer de camp ? ».

En tout cas, deux Françaises d’origine musulmane ont déjà été poignardées par deux autres femmes dimanche 18 octobre aux abords de la Tour Eiffel à Paris en raison, semble-t-il, de leur port du voile. Résultat : les musulmans de France, livrés à eux-mêmes, se sentent de plus stigmatisés voire menacés dans leur intégrité physique du fait de leur appartenance religieuse. Derrière le discours de lutte contre l’islamisme radical prospère et se développe le sentiment antimusulman  sur fond de chasse aux associations taxées d’extrémistes comme l’ONG internationale Barakacity ou le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a décidé de dissoudre alors que ces deux associations n’ont jamais été mises en cause dans aucune affaire judiciaire. Le propos tenu par le responsable français le 19 octobre 2020 est pour le moins troublant : « Depuis ce matin (…) des opérations de police ont lieu et auront lieu (…). Elles concernent des dizaines d’individus pas en lien forcément avec l’enquête (sur l’assassinat du professeur, NDLR) mais dont nous avons manifestement envie de passer un message (…) ; pas une minute de répit pour les ennemis de la République ». Dénoncer l’islamophobie serait-il assimilé aujourd’hui à un crime contre l’Etat français ?

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