Masques alternatifs : Le filon en or des textiliens marocains

Ces fichus grand public, subventionnés par le Fonds spécial Covid-19, sont en plus introuvables, chers et de mauvaise qualité. Cherchez le défaut…

La distribution des masques connaît de gros ratés et suscite du coup beaucoup d’interrogations. Alors que le communiqué gouvernemental du lundi 6 avril rendant obligatoire dès le lendemain leur port au dehors sous peine d’amende, voire d’emprisonnement, les Marocains se sont rendus compte que le marché n’a pas été achalandé comme cela a été affirmé dans le même communiqué. Résultat : pas de masques ni dans les enseignes de la grande distribution ni dans le commerce de proximité ni même dans les pharmacies. Les trouver c’est coton. Il faut repasser…Certaines personnes, sans même avoir une machine à coudre, se sont débrouillées pour en fabriquer à partir de bouts de tissus…Ce qui n’est pas vraiment sorcier.

Faire fabriquer en quantités industrielles les masques grand public est une initiative louable.  Mais  l’exécutif est-il allé trop vite en besogne conformément à sa politique d’improvisation habituelle en affirmant que le marché a été bien approvisionné (3 millions d’unités produites par jour selon les chiffres officiels)  ou bien faut-il voir dans ce dysfonctionnement la main des spéculateurs qui ont organisé la pénurie en amont-avant même que le produit ne soit mis en vente- pour faire monter ensuite les prix ?

En attendant de connaître  le fin mot de l’histoire, il est clair que filon est très juteux pour les fabricants  que sont  les industriels du textile. Ces derniers ont trouvé dans le coronavirus l’occasion inespérée  d’amortir le choc de cette crise sanitaire en se recyclant fissa dans la production des masques alternatifs aux masques médicaux FFP2 réservés au seul personnel soignant. Le prix de vente de ces masques du peuple pas du tout normés, hissés par le Covid-19 au rang de produit de nécessité absolue et obligatoire, a été fixé à 80 centimes pièce. Ce qui n’est pas donné compte tenu de sa qualité qui laisse beaucoup à désirer, la texture étant trop fine pour empêcher le virus de passer au travers et d’être inhalé si jamais il est établi avec exactitude  que le coronavirus se propage dans l’air ambiant. Le tarif de 80 centimes n’est franchement pas un prix correct surtout que ce fichu du peuple a bénéficié d’une subvention substantielle du Fonds de lutte anti-Covid-19. 0,80 centimes l’unité c’est faire payer trop cher un article très basic par la masse des acheteurs qui se comptent par millions. Surtout lorsqu’on sait que le même produit avec une qualité meilleure était vendu dans le commerce à 0,30 centimes l’exemplaire au tout début de l’épidémie au Maroc. Comment expliquer cet écart de prix ?  Pour ceux qui connaissent les dessous du cache-col, cette affaire juteuse sent l’opportunisme à plein nez…Tout porte à croire que le ministre en charge de l’Industrie Moulahom Hafid a fait un beau cadeau aux textiliens qui traînent une réputation de profiteurs de crises. La preuve, le secteur n’a pas fait don du moindre centime au Fonds spécial de solidarité anti-coronavirus alors qu’il aurait pu le faire sans que cela ruine la filière. Juste recevoir. Prendre. Donner n’est pas dans ses gènes. Force est de constater qu’une poignée de ses gros bonnets s’est arrangée pour bien profiter de la générosité des autres secteurs économiques contributeurs au Fonds tout en faisant cracher en même temps au bassinet une population déjà durement touchée par les effets ravageurs de la maladie en se sucrant sur la vente des masques… On essore bien le tissu social !

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