CANETON FOUINEUR

Défiant la vaccination, le Covid mutant n'a pas dit son dernier mot

Omicron fait propager la peur...
Ahmed Zoubaïr
2/12/2021 11:29

Comme en mars 2019, au début de l’apparition du premier cas du coronavirus au Maroc, les autorités ont préféré anticiper et fermer...

Comme en mars 2019, au début de l’apparition du premier cas du coronavirus au Maroc, les autorités ont préféré anticiper et fermer les frontières nationales aux voyageurs étrangers pour se protéger contre le nouveau variant Omicron, jugé « préoccupant » par l’OMS. Est-ce la bonne stratégie pour un pays économiquement fragile ?

On croyait que dans sa lutte contre le Covid, le Maroc a tourné définitivement le dos aux suspensions des liaisons aériennes - désastreuses à plus d’un titre - avec le reste du monde, à la faveur du renforcement des contrôles aux frontières par l’annonce à la mi-novembre de la mise en place d’un « double contrôle, par caméras thermiques et thermomètres électroniques, ainsi que par tests antigéniques ». Eh bien, non!  C’était visiblement juste un bel effet d’annonce.

En témoigne l’annonce, vendredi 26 novembre, de l’annulation des vols entre le Maroc et la France jusqu’à nouvel ordre, en raison du rebond épidémique dans ce pays européen, suivie deux jours plus tard de la suspension pour deux semaines, par principe de précaution, de tous les vols directs en direction du Royaume ! En cause, le variant Omicron identifié en Afrique du Sud, séquencé ensuite en Israël et en Asie, mais aussi en Europe. Du coup, c’est l’alerte mondiale sur fond d'agitation.  Pour se protéger contre ce nouveau virus classé « préoccupant » par l’OMS et éviter des scénarios-catastrophes, de nombreux pays, saisis d’inquiétude, voire de panique, ont décidé de fermer leurs frontières aux ressortissants du pays de Mandela et aux États de l’Afrique australe, en attendant de cerner son mode opératoire, le degré de sa virulence, son potentiel réel de propagation et   les symptômes qu’il génère.

Annoncée la veille, dimanche 28 novembre, pour une entrée en vigueur le lendemain à minuit, la décision marocaine, qui porte l’estocade finale au tourisme national à un moment où il espérait une sortie du tunnel, est porteuse d’une foultitude de désagréments pour de nombreux citoyens qui ont programmé à l’étranger des rendez-vous médicaux ou des stages de formation. Sans oublier le calvaire occasionné dans l’immédiat pour les Marocains qui se retrouvent sous d’autres cieux au moment de cette annonce brutale. Le même scénario douloureux du blocage des Marocains qui étaient en voyage à l’étranger lorsque les autorités décidèrent sans crier gare de fermer le 14 mars 2020 les frontières nationales  et de suspendre tous les vols internationaux pour contenir la propagation du coronavirus risque donc de se produire. Sans préavis, l’annonce avait pris au dépourvu les Marocains en voyage à l’étranger qui n’ont pas été autorisés à regagner leur pays faute d’affrètements de vols spéciaux par le gouvernement Al Othmani alors que les touristes bloqués à l’époque au Maroc ont été exfiltrés par leurs pays respectifs. « Dès que la décision d’ouvrir les frontières sera prise, ils rentreront », avait déclaré le 7 mai 2020 le chef du gouvernement, Saadeddine El Othmani, dans une interview à la première chaîne, en guise de réponse aux diverses interpellations, pétitions et autres campagnes sur les réseaux sociaux de ces séquestrés malgré eux qui ont vécu pour la plupart des situations dramatiques pendant plusieurs mois (expiration du visa, assèchement des ressources financières…). Au point que certains en ont été réduits à dormir dans la rue et à faire la manche pour manger. En proie à un immense désarroi, ils sont soudainement passés de statut de touristes enchantés à celui de clandestins désargentés !

Sentiment de déjà vu

Près de deux ans plus tard, la même tragédie est bien partie pour se reproduire si les pouvoirs publics marocains ne sonnent pas la mobilisation pour rapatrier leurs ressortissants bloqués à l’étranger. Si le Maroc avait anticipé en mars 2020 en fermant ses frontières aériennes, maritimes et terrestres c’était pour éviter un effondrement éventuel de son système de santé, défaillant, sous la pression des hospitalisations des cas graves. Avec moins de 2.000 lits de réanimation et quelque 12.000 médecins opérant dans le public pour une population de 36,5 millions d’habitants, les autorités, qui ont décrété en même temps un confinement national de près de 5 mois, avaient peur d’une hécatombe qui finalement n’a pas eu lieu.

Et voilà que l’histoire se répète alors que la connaissance et le traitement du virus ont depuis beaucoup évolué. On sait aujourd’hui soigner le Covid plus efficacement qu’au début de son apparition et, last but not least, plusieurs vaccins qui ont été mis au point sont censés fortifier le système immunitaire des populations dont certaines en sont aujourd’hui à la quatrième dose.

Finalement, la vaccination massive des humains, contrairement aux affirmations des laboratoires, semble inopérante face au coronavirus et ses différentes versions. Bien malin celui qui peut, face à la résilience phénoménale du virus et sa mutation permanente, prédire le nombre de doses qu’il va falloir se faire injecter, avec tout ce que ces vaccinations itératives impliquent, entre effets secondaires et contradictions des scientifiques, comme risques réels pour la santé humaine. Face au nouveau variant qui a poussé de nombreux gens à se barricader, un troublant sentiment de déjà-vu et vécu s’empare de tout le monde.  Un parfum de remake se dégage de ces mesures de fermeture de frontières prises par de nombreux pays. Les fêtes de fin d’année étant certainement compromises, l’année 2022 s’annonce sous de bien troublants auspices. Maître des horloges, bousculant sans cesse les décideurs publics, le Covid et ses différents variants imprévisibles mènent la planète…à la catastrophe ou, pour les moins pessimistes, à un nouveau monde plein d’incertitudes qui dysfonctionne au rythme du coronavirus. Avec son lot de restrictions périodiques, de confinements réguliers, d’obligations vaccinales à l’infini et ses lourdes conséquences économiques, sociales et sanitaires…

L’Afrique, nouveau continent émetteur du Covid ?

Omicron a été classé VOC (Variant of Concern) par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cela signifie que les mutations détectées provoqueraient plus de contagions, une virulence accrue ou encore une « diminution de l'efficacité des mesures de santé publique », comme le vaccin. Mais tous ces aspects font toujours l’objet d’analyses approfondies et « il n'y a actuellement aucune information suggérant que les symptômes associés à Omicron sont différents de ceux d'autres variants », indique l’OMS.Or, ce nouveau virus n’est pas vraiment une surprise pour le patron de l’OMS et de nombreux experts qui pointent, à l’unisson, du doigt l’absence d’une stratégie sanitaire mondiale et la mainmise des pays riches sur les vaccins. Faiblement vaccinée, l’Afrique est le grand perdant de la lutte contre le Covid.  D’ailleurs,   en Afrique du Sud, foyer émetteur d’Omicron, seuls 25% de la population disposent d'un schéma vaccinal complet.

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