Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a appelé lundi 26 février les membres du Forum de l’islam de France à mettre au point un statut de l’imam d’ici à six mois. Une nouvelle étape d’égarement republicain?
Depuis le 1er janvier, la France n’accepte plus «d’imams détachés » sur son territoire, et ceux qui s’y trouvent déjà, ne pourront plus y rester au-delà du 1er avril 2024. Envoyés principalement par le Maroc, l’Algérie et la Turquie, ces imams étaient rémunérés par leurs pays d’origine. Ils sont obligés désormais, s’ils souhaitent continuer d’y officier, de passer sous contrat direct avec les lieux de culte où ils exercent. Cette mesure, contenue dans la loi séparatisme voulue par Emmanuel Macron et adoptée en mars 2023 pour draguer l’électorat de ‘extrême-droite, est venue rompre avec un système qui permettait d’accueillir jusqu’alors 301 imams détachés dont 151 issus de Turquie, 120 d’Algérie et 30 du Maroc. Un chiffre dérisoire au regard des 2 700 imams recensés en France mais les autorités françaises disent vouloir mettre un terme à ce qu’elles qualifient « d’influence étrangère » des pays d’origine. L’objectif officiellement affiché trahit une arrière-pensée très française à l’encontre de l’islam en ce sens que cette disposition Ne vise qu’une catégorie de la population, la même depuis toujours : la communauté musulmane de France! Ce fut le cas avec « la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises» promulguée en 2004 et qui dans la pratique a une portée spécifique, le voile islamique (et non pas la kippa, par exemple) que ses concepteurs ont principalement dans le viseur. Le traitement du culte musulman et tout ce qui s’y rapporte a ceci de particulier qu’il est excessivement instrumentalisé dans le débat national français. Au point que les musulmans de France, porteurs souvent de la double nationalité, se sentent discriminés et stigmatisés ; ce qui leur donne le sentiment de plus en plus fort d’être utilisés dans des joutes de pouvoir tout en discréditant au passage leur religion dans une volonté à peine voilée de faire d’eux les boucs-émissaires des turpitudes et du mal-être français. Ces calculs nourris à la démagogie ne font qu’accentuer le climat d’islamophobie ambiante et contribuer à une rupture d’égalité. « Je comprends qu’au niveau politique, ce soit à la mode de désigner les étrangers comme le problème de tous les maux du pays mais qu’est-ce que ça va changer concrètement de résilier les contrats de quelque 300 imams pour la seule raison qu’ils sont payés par le Maroc, l’Algérie ou la Türkiye?», s’interroge un imam. Et d’expliquer qu’aucun de ces imams « n’a jamais fait parler de lui en mal, ni commis un quelconque méfait ».
Sur les réseaux sociaux, l’écrivain Fouad Kemache a abondé dans le même sens. « La loi Séparatisme était censée avoir une vocation universelle mais l’exemple des imams détachés donne raison à ceux qui affirmaient, dès le départ, que cette loi ciblait en particulier le culte musulman », écrit-il sur son compte X. Dans une lettre adressée le 29 décembre 2023 aux pays d’origine des «imams détachés », le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a pris le soin de préciser que « le but n’est pas d’empêcher des imams étrangers de prêcher en France, mais de s’assurer qu’aucun n’est payé par un État étranger dont il serait fonctionnaire ou agent public ». Un imam rétribué par le contribuable français pour prêcher la bonne parole républicaine?
Ramadan 2024
La Fondation Hassan II pour les MRE se mobilise
La Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Étranger a présenté mercredi 6 mars à Rabat lors d’une rencontre avec la presse son programme « Ramadan 2024 ». A l’instar des années précédentes, la Fondation a désigné une délégation de 274 universitaires, prédicateurs et récitateurs du Coran. Objectif : organiser des causeries religieuses et des activités cultuelles tout au long du mois de Ramadan du 9 mars au 12 avril 2024 au profit des Marocains résidant à l’étranger. Les pays concernés sont principalement la France, Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Italie, Belgique, Canada, Etats-Unis, Suède, Danemark, Royaume Uni, Hongrie, Norvège et Islande.La délégation se compose de 41 professeurs universitaires, 38 prédicateurs détenteurs d’un doctorat, 45 prêcheurs titulaires d’un master, 60 prêcheurs titulaires d’une licence, et 60 prédicateurs dont le rôle est d’assurer à la fois les prêches religieux et les séances de mémorisation du Coran, ainsi qu’un groupe de 30 imams chargés de diriger les prières des Tarawih. Depuis 1992, La Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Étranger assure un accompagnement religieux au bénéfice des Marocains résidant à l’étranger à l’occasion du mois sacré.