L’envolée spectaculaire des chiffres des contaminations au coronavirus au cours de ces derniers jours au Maroc commence à inquiéter ...

L’envolée spectaculaire des chiffres des contaminations au coronavirus au cours de ces derniers jours au Maroc commence à inquiéter : plus de 1.200 cas confirmés à l’échelle nationale pour près de 100 décès. L’afflux massif des malades vers les hôpitaux semble inévitable…    


Si toutes les régions sont touchées à des degrés divers, Casablanca-Settat occupe le haut du podium avec près de 400 cas, soit le tiers des malades confirmés. Cette flambée fait de la capitale économique le principal foyer de propagation épidémiologique.  

Les mesures de prévention, que sont le confinement général et l’adoption des mesures barrières conjuguées aux autres règles d’hygiène sont-elles suffisantes pour juguler la maladie et éviter au pays d’atteindre des pics ingérables? Pour éviter  ce scénario noir qui se traduit par le débordement des unités de soins qui sont limitées au Maroc, le dépistage massif apparaît comme la digue capable de casser une vague potentielle. Les experts sont aujourd’hui unanimes sur l’importance capitale de ce dispositif dans le contrôle de la progression de la maladie et l’aplatissement de la courbe d’infection.

Or, le Maroc est  à la traîne dans ce domaine avec moins de 6 000 tests PCR réalisés depuis la déclaration du premier cas de contamination le 2 mars dernier. Ce qui est extrêmement faible comparativement  à des pays comme l’Allemane qui fait jusqu’à 500 000 tests par semaine ou la Corée du Sud qui a opté pour un dépistage massif de la population, à hauteur de 20 000 personnes par jour. Cette stratégie de massification des tests a porté ses fruits dans ces deux pays : Le taux de mortalité dû au coronavirus est pour  le moment beaucoup moins élevé en Allemagne : 872 au 2 avril, soit une létalité de près 1 %, plus faible qu’en France ou en Angleterre (entre 6 % et 7 %), et autrement plus basse qu’en Italie (entre 11 % et 12 %). Ce taux commence à augmenter sensiblement au Maroc, passant à plus de 7% alors qu’il était de 5,8 % il y a une semaine. Pas de répit non plus pour le compteur des infections avec l’apparition de jour en jour de  nouveaux cas qui sont essentiellement d’origine locale. En effet, le pourcentage de ces contaminations avoisine aujourd’hui les 80% alors que le taux des cas importés était prédominant il y a quelques semaines encore. Cette évolution souligne la progression de la pandémie dans le pays, créant de nouveaux foyers d’infections y compris interfamiliales. Pas de répit non plus pour le compteur des infections avec l'apparition de jour en jour de  nouveaux cas qui sont essentiellement d'origine locale. En effet, le pourcentage de ces contaminations avoisine aujourd’hui les 80% alors que le taux des cas importés était prédominant il y a quelques semaines encore. Cette évolution souligne la progression de la pandémie dans le pays, créant de nouveaux foyers d'infections y compris intrafamiliales.

Isolement

Comme meilleure mesure prophylactique, l’expert OMS marocain et épidémiologiste marocain le Pr Jaafar Heikel préconise une montée en charge en dépistage. « Notre pays a les moyens d’accélérer la cadence pour  faire jusqu’à 250 000 dépistages toutes les deux semaines », explique-t-il.

Pour notre interlocuteur, il s’agit dans un premier temps de cibler en priorité les groupes à risque souffrant de comorbidités (cancer, obésité, problèmes cardiovasculaires, hypertension, diabète, etc.) qui représentent 29% de la population adulte, soit quelque 7 millions d’individus. «Le dépistage rapide permettra de traiter les cas graves et de sauver des vies, ce qui risque d’être compliqué en cas- qu’à Dieu ne plaise- d’afflux massif des maladies comme cela s’est produit en Italie», ajoute-t-il, tout en proposant d’associer les laboratoires privés au test PCR (polymerase chain reaction) qui consiste à prélever des cellules nasales profondes par le biais d’un écouvillon (un long coton-tige).

Pour le moment, seuls l’Institut Pasteur de Casablanca, l’Institut d’hygiène de Rabat et l’hôpital militaire Mohammed V situé dans la capitale, sont habilités à effectuer les dépistage Covid-19. Le moment est  certainement venu d’élargir la liste des organismes autorisés aux structures non étatiques pour renforcer le front contre le coronavirus.      

Ayant appris de ses erreurs du passé liées au SRAS en 2003 et et au MERS en 2015, la Corée du sud a anticipé la vague en lançant très tôt une production industrielle de kits de dépistage rapide (Le Maroc en a passé commande pour 100 000 unités)  conjuguée à une stratégie d’isolement des cas testés positifs et à un dispositif de traçage  de la population. La France et le Maroc, tout comme l’Italie d’ailleurs, n’ont pas adopté la même doctrine, préférant suivre les recommandations de l’OMS consistant à ne dépister que les sujets suspects en les plaçant à l’isolement afin de réduire l’expansion du virus. Le lundi 16 mars, revirement de stratégie. L’OMS, qui donne l’impression depuis l’apparition de la maladie en Chine, fin décembre 2019, de ne pas maîtriser son sujet, appelle tous les pays du monde à intensifier les tests de dépistage comme principal moyen pour faire reculer la progression du virus. « Testez, testez, testez », avait lancé le directeur général de l’OMS de sa voix résignée. C’est à n’y plus rien comprendre. L’organisation mondiale de la santé qui patauge de plus belle opèrera la même volte-face sur le port de masques qu’elle a exigé initialement juste pour le personnel soignant avant de décréter récemment sa généralisation aux populations comme mesure-barrière supplémentaire. Juste après cela, les autorités marocaines appellent les Marocains à se couvrir le visage sous peine d’être expédiés à l’ombre pour quelques mois.

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