CANETON FOUINEUR

Le Maroc submergé par une forte vague du Covid-19

Pourquoi il faut confiner les personnes à risque
Jamil Manar
12/12/2020 2:11
Abdelouafi Laftit, ministre de l’intérieur.

Devant l’afflux incessant des malades touchés par le Covid-19 dans les hôpitaux, le gouvernement doit réagir...

Devant l’afflux incessant des malades touchés par le Covid-19 dans les hôpitaux, le gouvernement doit réagir. La solution la plus raisonnable ?  Le confinement des populations à risque du moins à Casablanca pour réduire la pression de plus en plus forte sur les lits en réanimation.

Et si on suspendait les tests anti Covid ? Ce n’est pas une boutade. Une vraie question. Un brin provocateur, elle ne manquera pas de faire bondir les profiteurs du coronavirus de tout poil. Mais à y regarder de plus près, suspendre les tests anti-Covid n’aggravera pas plus la situation épidémiologique qui n’a de cesse, lentement mais sûrement, de se dégrader (toujours plus de décès et de contaminations journalières) malgré les efforts colossaux déployés depuis mars dernier par les pouvoirs publics pour casser la chaîne des infections et juguler l’épidémie.

Devant ce constat inquiétant, le mieux serait, sinon d’arrêter complètement de tester, du moins de réguler les dépistages en les réservant aux seules personnes à risque (seniors et malades chroniques). Pour le reste de la population, jeune et bien portante qui aura développé les symptômes du Covid-19, lui permettre, comme c’est le cas depuis quelques mois de se soigner chez elle grâce au protocole de soins élaboré par le ministère de la Santé. L’Etat économiserait même de l’argent en offrant, via les agents d’autorité, les médicaments nécessaires aux populations nécessiteuses. Franchement, tester à tout va comme cela est pratiqué depuis le déconfinement en juin dernier c’est jeter l’argent par les fenêtres sans garantie de résultat. Le Canard a eu accès à une liste des « patients » dépistés dans le chapiteau installé aux abords de l’hôpital Moulay-Youssef à Casablanca. Plus de la moitié des sujets testés se sont révélés négatifs.


Prise en charge


Il y a même un risque que vous chopiez le virus dans les centres de dépistages pris d’assaut chaque jour que Dieu fait par la foule des grands jours dans la pagaille et le désordre dont les Marocains ont le secret. Ici, les gens sont collés les uns aux autres sans aucun respect des règles de distanciation sociale et des gestes barrières réputés protéger contre la contagion. Cerise sur le gâteau, on a souvent droit aux mêmes scènes (cris, vociférations et autres prises de bec) qui sont monnaie courante dans les files à la marocaine qui se forment généralement dans certains services administratifs de proximité… En somme, les gens, inconscients et insouciants, se comportent comme s’il n’y avait pas de virus. Dans ces conditions, tests ou pas tests, l’épidémie ne reculera jamais. Bien au contraire. Tous les ferments essentiellement à caractère social (concentration de la population, promiscuité, non-respect des gestes barrières…), pour qu’elle se propage davantage sont réunis. Difficile pour ne pas dire impossible devant une telle réalité de lutter efficacement contre le Covid… Les responsables doivent en tirer une fois pour toutes les conséquences qui s’imposent au lieu de continuer à se cacher derrière une batterie de mesures restrictives inopérantes sur le terrain. A cet égard, la première décision fondamentale à prendre, susceptible d’inverser la tendance épidémique de manière assez significative, serait de  protéger les sujets à risque, les personnes âgées et les malades chroniques qui sont les principaux « clients » des soins intensifs.

Le confinement de cette catégorie se traduira immédiatement par une réduction de la pression actuellement très forte sur les lits en réanimation, résultant justement de la non-protection de ces sujets vulnérables. La saturation des services de réanimation (près de 1.000 lits occupés rien qu’à Casablanca) prive les autres malades graves non Covid d’être opérés et pris en charge. Organiser un tel confinement est très difficile à mettre en œuvre, objecteront certains. En fait, rien n’est plus compliqué et contre-productif à gérer que l’absence d’initiative et d’imagination. A Casablanca, les autorités ont le droit de réquisitionner les appartements inoccupés et les hôtels en arrêt d’activité pour y loger les gens de condition modeste qui n’ont pas les moyens de s’offrir un confinement correct (habitation exiguë, famille nombreuse, petits revenus ou inexistants…). En plus du gîte, du couvert et de la blanchisserie, la prise en charge comprendra la nourriture et l’encadrement. Une telle opération a l’avantage de relancer au passage l’activité des traiteurs et tous les métiers qui gravitent retour. Et au-delà c’est tout le pays qui gagnerait puisque la machine économique ne sera plus bloquée par des restrictions à l’efficacité très incertaine.  

Ne rien tenter sous prétexte que le confinement des personnes à risque est impossible à faire revient à exposer de plus en plus de gens à la santé fragile à des contaminations pouvant être mortelles. Ce qui peut être assimilé à non-assistance à personne en danger. La piste du confinement des populations à risque gagnerait à être explorée, surtout que les nouveaux records des derniers jours (plus de 5.000 cas de contaminations déclarés, la hausse du nombre des décès et le débordement des services de réanimation) laissent croire que la situation est en train de devenir incontrôlable. Autre signe inquiétant, ce n’est pas seulement le Grand Casablanca qui est très touché, la situation commence à se dégrader aussi dans d’autres régions, particulièrement Rabat-Salé et l’Oriental où la dynamique du virus a repris du poil de la bête. Ce qui n’augure rien de bon. Le ministre de la Santé Khalid Aït Taleb doit écouter le cri de détresse lancé ces derniers jours par les Médecins-anesthésistes. De plus en plus de témoignages circulent sur les réseaux sociaux font état de l’impossibilité pour les cas graves de trouver une place en ranimation. Une situation de détresse qui livre les malades à la rapacité de certains cliniciens. Il est urgent d’agir…

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