Alors qu’il fait l’objet d’une grosse controverse à l’étranger, le ministère de la Santé a fait officiellement et résolument le choix de ...

Alors qu’il fait l’objet d’une grosse controverse à l’étranger, le ministère de la Santé a fait officiellement et résolument le choix de miser sur le protocole thérapeutique comprenant la chloroquine pour soigner les malades du coronavirus. Faut-il s’en réjouir ?      

 

Contrairement à laFrance, le Maroc n’a pas hésité. A la guerre comme à la guerre.  Va pour la chloroquine que le ministère de laSanté, contraint et forcé,  a décidé de réserver aux infections Covid-19. Il y a urgence. Pas de temps à perdre à polémiquer, explique-t-on du côté des services de Khalid Ait Taleb. Or,  le médicament, jugé efficient par le professer français Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection de Marseille, qui l’a administré avec succès juste sur une vingtaine de patients atteints de la Covid-19, ne fait pas l’unanimité auprès de l’ensemble de la communauté des spécialistes. Comme le font remarquer à juste titre de nombreux scientifiques à travers le monde, d’autres études plus approfondies doivent être menées pour pouvoir conclure à son efficacité réelle. Ce qui risque de prendre de nombreuses semaines.  La controverse suscitée par l’usage de ce médicament qui divise est en relation avec un certain nombre d’effets secondaires pouvant être préjudiciables pour la santé du patient. Malgré l’existence de ces risques potentiels, M. Ait Taleb a décidé de jouer son va-toux. Dans une correspondance datée du 23 mars, adressée aux aux CHU duMaroc et aux directeurs régionaux de santé, il exhorte les médecins à soigner les malades   à la chloroquine et à l’hydroxychloroquine.  Prise en concertation avec le comité technique et scientifique du programme national de prévention et de contrôle de la grippe et des infections respiratoires aigües sévères, cette décision est censée permettre au pays de faire face à une éventuelle poussée subite du virus dont le nombre des infections a grimpé au soir du mercredi 25 mars à 225 cas après l’apparition de 55 nouveaux cas en une seule journée. Le pire est à craindre. Pour faire éviter au royaume, qui a enregistré jusqu'ici fort heureusement juste 5 décès  contre 6 guérisons,  un scénario-catastrophe, les autorités sanitaires ont pris les  devants en réquisitionnant l’ensemble des stocks disponibles de Nivaquine (chloroquine) et Plaquenil (hydroxychloroquine), fabriqués dans l’usine de Sanofi Maroc àCasablanca.

Nivaquine et Plaquenil sont des antipaludéens prescrits d’habitude aux voyageurs qui se rendent dans les pays subsahariens. Ces médicaments sous forme de comprimés sont généralement pris pour se prémunir contre le paludisme ou malaria, une maladie véhiculée par les moustiques, et aussi pour traiter des maladies rhumatismales.

Le Maroc n’est pas le seul à faire le choix de ce protocole thérapeutique.  Plusieurs autres pays touchés par le virus comme la Belgique le prennent au sérieux et l’appliquent déjà à leurs malades.  Le président américain Donald Trump, qui fanfaronnait tout récemment devant les caméras sur la capacité des chercheursUS de trouver rapidement un vaccin, n’est pas en reste. Celui-ci est devenu subitement modeste, promettant de  «  rendre ce médicament disponible quasiment immédiatement ». La progression spectaculaire du virus dans le pays, qui a déploré plusieurs centaines de morts, a rabattu le caquet à celui qui s’est distingué par ses incohérences dangereuses sur le coronavirus dont il a sous-estimé la menace sur le ton de la dérision. En Chine aussi, foyer original de l’épidémie avant qu’il n’envahisse d’autres coins du monde, de nombreux essais cliniques sont en cours pour tester à grande échelle l’efficacité de la molécule chez des patients touchés par le Covid-19.

 

Oeuvre de pédagogie

 

En attendant la découverte et la mise sur le marché d’un vaccin efficace, ce qui nécessite plusieurs mois, la chloroquine reste pour l’instant la seule alternative pour soigner et sauver des vies. Pour le Maroc, le recours à ce traitement permettrait aux responsables de pallier la faiblesse de son dispositif hospitalier aussi bien en lits qu’en personnel soignant. « L’objectif pour nous est de garder la situation sous contrôle et enrayer la progression de l’épidémie qui commence à prendre des proportions inquiétantes avec l’apparition de 27 nouveaux cas en une seule journée (celle du mardi 25 mars,NDLR)», explique un professionnel de santé du public. L’application stricte des mesures du confinement général et l’adoption de l’état d’urgence sanitaire dans une démarche anticipative procèdent aussi de cette prise de conscience de l’insuffisance de l’offre de santé nationale. À l’étranger, l’approche proactive adoptée par le Maroc, alors que l’épidémie n’en était encore à ses débuts avec moins de 100 cas, a été cependant vivement saluée tout comme le respect par la population des règles de confinement.  

Dans le combat contre le coronavirus qui mobilise le personnel soignant et donne des maux de tête à tout le monde, les forces de l’ordre sont en première ligne. À Casablanca, Rabat, Safi, Fès ou Marrakech, des escouades d’hommes en uniforme(policiers, militaires et forces auxiliaires) accompagnés d’agents d’autorité ont investi les quartiers.  Pour inciter les habitants à faire respecter les consignes de l’enfermement et ne pas s’aventurer dehors qu’en cas d’extrême nécessité, ils font œuvre de pédagogie en criant dans des mégaphones : « Ce virus mortel ne plaisante pas. C’est nous qui le véhiculons. Soyez responsables et rentrez-chez vous ! Que Dieu nous protège tous ! » Par ailleurs,  les forces de l’ordre n’hésitent pas à faire preuve de fermeté envers les récalcitrants qu’ils font rentrer chez eux à la trique.  Les déplacements sont désormais encadrés, soumis à l’obtention d’un documents officiel délivré par la mokataa du quartier de résidence (district). À Casablanca par exemple, les autorités ont installé des barrages policiers sur de nombreux axes routiers pour faire respecter les restrictions de circulation dans un pays où règne, à l’instar du reste du monde, une ambiance de fin du monde. Ou plutôt d’un certain monde…

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