Cible d’une vive contestation aussi bien de la majorité que de l’opposition, la maire RNI a fini par remettre mercredi 28 février sa démission au wali de la région Rabat-Salé. Une page communale catastrophique est tournée…
La maire de Rabat a longtemps défié tout le monde, les élus de la majorité comme de l’opposition, les siens comme ses adversaires politiques. Elle pensait à tort rester toujours là, accrochée à son poste de maire indésirable, magnifique dans son rôle de « seule contre tous ».
Il ne resterait plus alors qu’à auréoler Asma Rhlalou, qui a accédé à la célébrité nationale moins par ses projets de proximité que par ses incartades communales, du titre de maire le plus réfractaire à l’autorité y compris locale qu’elle a réussi aussi à se mettre à dos…
Tout à son sentiment d’impunité , Asmaa Rhlalou a même nargué et énervé le patron du parti dont elle est issue et auquel elle doit son élection en 2021, en l’occurrence le patron du RNI Aziz Akhannouch, également chef du gouvernement ! C’est le comportement-type d’une personne qui s’est autonomisée par rapport à sa formation et à ses règles, convaincue qu’elle est protégée par l’on ne sait quelle force irrésistible, ce qui lui donnerait le droit d’agir à sa guise, sans rendre de compte à personne… De quoi se poser cette question: qui protège Asmaa Rhlalou ? De l’avis des observateurs, Rabat présente un cas de figure unique de fronde contre l’autorité communale et de mépris des élus , sans que cette situation incroyable ne tire à connaissance pour l’intéressée …
Souvenez-vous de la réunion de crise convoquée par M. Akhannouch le 26 septembre 2023. Il y avait là, autour de la table, la rebelle de la capitale, droite dans ses escarpins et les conseillers RNI de la mairie qui lui reprochent sa gestion unilatérale des affaires de la ville.
Les deux camps se regardaient en chiens de faïence pendant que le chef dans son rôle d’arbitre a invité sur un ton serein Asmaa Rhlalou de choisir: soit changer sa méthode de travail en associant la majorité dans le processus de décisions ou renoncer à son mandat en déposant sa démission. Près de cinq mois après cette réunion de réconciliation à laquelle ont assisté les membres du Bureau politique, la maire controversée a fait son propre choix. Celui de défier le chef et continuer sur sa ligne provocatrice. Aucune amélioration dans le comportement de la maire n’a été constatée. C’est le statu quo qui domine sur fond d’aggravation du bras fer avec les élus des deux bords qui croyaient naïvement que les remontrances du patron du RNI allait la remettre « sur le droit chemin » communal.
Provocations
Le 20 février, la mairie de Rabat fait encore l’actualité, rubrique fait divers! Un groupe de conseillers de la majorité (RNI, Istiqlal et PAM) venus déposer au bureau d’ordre de la commune une demande en vue de la tenue d’une session extraordinaire signée par 65 membres, ont été victimes d’actes de violence physiques et d’intimidation perpétrés par des élus proches de la maire frondeuse.
Imperturbable, Asmaa Rhlalou persiste et signe, multipliant les provocations, les cas de népotisme et de mauvaise gestion. Les décisions cavalières comme cette décision unilatérale de virement de 10 millions de DH du budget communal sur le Fonds spécial pour la gestion des effets du séisme d’Al Haouz. Sans concertation aucune avec les membres du conseil de la ville. Le wali de la région de Rabat-Salé-Kénitra, Mohamed Yacoubi, s’est contenté de demander récemment des explications à l’intéressée, sans plus. Pendant ce temps, la mairie s’enlise dans un blocage politique préjudiciable qui dure depuis plusieurs mois à cause de l’absence des conditions du fonctionnement normal d’une municipalité. A ce degré de tensions, le stade du conflit a été longtemps dépassé pour laisser la place à la guerre ouverte.
Rarement maire a fait à ce point l’unanimité contre lui tout en continuant à prendre en otage dans l’impunité les intérêts de la collectivité. Fallait-il attendre que Rhlalou consomme la moitié de son mandat de six ans pour la restituer en vertu de la règle des 2/3? En principe, le conflit en question compte tenu de son intensité appelait une réponse ferme et immédiate.
Cette situation d’attentisme prolongé laissait perplexe surtout qu’il s’agit de la capitale du royaume et non d’une commune d’un bourg poussiéreux du Maroc profond. Rhlalou a atteint un point de non-retour. Elle est politiquement grillée. La messe était dite.