Abdellah Chankou
11/3/2021 2:45

Avancer sur la voie de l’égalité entre les deux sexes, quand bien même les lois sont meilleures, n’est pas chose aisée,...

Avancer sur la voie de l’égalité entre les deux sexes, quand bien même les lois sont meilleures, n’est pas chose aisée, surtout dans une société où les mentalités sont difficiles à faire évoluer.  Mais quel bilan dresser de la condition de la femme marocaine. L’égalité des sexes n’étant pas acquise y compris dans nombre de pays dits développés, les rapports entre les deux sexes gagneraient sans doute à être envisagés sous l’angle de la complémentarité découlant du statut de chacun. Il convient à cet égard d’apprécier cette question à l’aune de l’émancipation de la femme marocaine et le degré de son implication dans la vie de la nation. Sans conteste, la femme marocaine est parvenue à s’imposer et en à imposer, essentiellement dans le secteur des affaires qui il n’y a pas longtemps encore, était la chasse gardée des hommes. Depuis quelque temps, l’économie nationale s’est de plus en plus enrichie de femmes chefs d’entreprise, créatives et combatives, qui font montre de qualités managériales et humaines impressionnantes. Le monde du travail continue à se féminiser même si l’écart des salaires reste important au profit des hommes.  

Or force est de constater que le rayonnement de la femme marocaine dans le domaine de la responsabilité politique  est moins remarquable que sa percée  dans la sphère économique, s’agissant du domaine de la responsabilité politique. Il est vrai que le Royaume peut se targuer d’avoir nommé quelques ministres femmes au gouvernement, envoyé une poignée de députés sous l’hémicycle et choisi quelques ambassadeurs parmi la gent féminine mais ce n’est guère suffisant, les hommes continuant à truster le gros des postes et des portefeuilles de la décision politique, ne laissant que très peu de place à la moitié de la société. Question de mentalité certainement qui montre aussi l’incapacité des législations à les changer.

Or force est de constater que le rayonnement de la femme marocaine dans le domaine de la responsabilité politique est moins remarquable que sa percée dans la sphère économique.

Cette sous-représentation continue d’être perpétuée en raison notamment de l’absence de lois sur la parité politique qui soient contraignantes pour les partis. Résultat: ces derniers se sentent libres de tout engagement dans ce domaine. Fait très significatif de cette situation, les premières élections régionales de 2015, post constitution révisée de 2011, n’ont vu aucune femme prendre la tête d’aucune des 12 régions du pays (quoique plus tard Madame Mbarka Bouaïda soit élue en juillet 2019 présidente de la région Guelmim-Oud Noun et Fatima El Hassani, présidente de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima en octobre de la même année)! La même exclusion a touché la démocratie locale puisque là aussi l’essentiel des mandats électifs sont revenus aux hommes. Malgré la réforme de la Moudawana en 2004 dans le sens de la protection des droits de la femme, d’autres problèmes restent posés, liés notamment au mariage des mineures et à l’interprétation de certaines dispositions de la Moudawana par les juges. Ce qui fait que la Marocaine n’a pas encore acquis le statut avancé de sa sœur tunisienne. Ce n’est certainement pas avec la persistance d’une vision stéréotypée de la femme que seront levés les vrais obstacles à l’égalité entre les deux sexes. Bien au contraire. Abdelilah Benkirane, alors Premier ministre, n’avait-il pas tenu en juin 2014 des propos sous la coupole qui lui ont valu la colère des femmes ? « Lorsque la femme est sortie des foyers, ceux-ci sont devenus sombres. Vous qui êtes là, vous avez été éduqués dans des maisons où il y avait des lustres. Ces lustres étaient vos mères », avait-il lancé. Par cette prise de, pour le moins étonnante, l’ex-patron des islamistes n’a fait qu’exprimer le fond de sa pensée, largement partagée au sein de son parti et certainement par une partie de la société dominée encore par les réflexes machistes. C’est dire que le combat des femmes n’est pas gagné d’avance. Il est d’autant plus difficile qu’il est permanent. Un chemin semé de préjugés et de clichés. En venir à bout est le plus difficile des combats.

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