CANETON FOUINEUR

Casablanca rompt avec le laxisme et l'anarchie

Un homme de terrain dans la ville
Laïla Lamrani
Mohamed Mhidia, fermeté et efficacité.

Après plusieurs années de léthargie qui ont enfanté négligences , laisser aller et une multitude de dysfonctionnements, Casablanca bouge...

Après plusieurs années de léthargie qui ont enfanté négligences , laisser aller et une multitude de dysfonctionnements, Casablanca bouge enfin. C'est l'effet Mhidia nommé le 19 octobre 2023 à la tête  de la plus grande région du Maroc.

Il fallait secouer le cocotier, faire le ménage,  dénouer les blocages  et restaurer l’autorité de l’autorité locale longtemps chancelante dans la capitale économique et ses environs. L’homme qu’il faut à la place  qu’il faut. Les mots passivité et laxisme, qui caractérisent hélas l'in-action du personnel communal, ne font pas partie de son lexique. Lors d’une session extraordinaire du conseil régional de Casablanca-Settat, convoquée au lendemain de sa nomination, le wali déroule en présence  du président de la région et de ses adjoints la feuille de route de la mise à niveau  de la ville après avoir écouté leurs exposés de la situation d’une métropole dont la qualité du paysage urbain et les ratages de l’extension spatiale sont en contradiction avec ses ambitions de hub africain et de cité destinée à accueillir des matchs de la coupe du monde 2023 que le Maroc co-organise avec l’Espagne et le Portugal. Beaucoup de pain sur la planche pour redorer le blason de Casablanca.
Après l’interdiction des vendeurs ambulants et autres camelots qui ont envahi l’espace public,  le voilà qui  décrète tout récemment la  fin du règne  des gardiens de voitures- ce fléau qui s’est abattu depuis longtemps sur tous les coins et recoins de Casablanca-  à Aïn Diab pour les remplacer par des parcmètres. Une action qui devrait être généralisée à d’autres zones, au grand dam des protecteurs et des bénéficiaires occultes  de cette  gigantesque pompe à fric alimentée jour et nuit par un racket  non-stop des automobilistes. L’ordre et la transparence sont en train d’être instaurés  après des années d’opacité et d’anarchie dans le domaine du stationnement urbain devenu un énorme point noir. Au nombre des nuisances urbaines les plus préjudiciables figure aussi le phénomène de la mendicité qui a pris des proportions ahurissantes et auquel il faut s’attaquer  de front en trouvant des solutions à ceux qui font la manche par nécessité ou par métier.

Blocages

La feuille de route du nouveau wali comprend plusieurs fronts. La libération du domaine public sur lequel bien des commerces notamment les cafés ont pris l’habitude d’empiéter notamment dans les quartiers populaires et périphériques . Sur ce registre, une campagne d’envergure a été menée en novembre 2023 dans toutes les préfectures de la métropole sous la supervision des  représentants des autorités locales. L’action la plus spectaculaire aura été  sans conteste la démolition des constructions anarchiques entourant le mausolée de Sidi Abderrahmane situé sur un îlot rocheux sur la partie paisible de la côte de Ain Diab. Lancée aux premières heures du vendredi 12 janvier, l’opération s’est déroulée sans incident majeur, l’ordre d’évacuation ayant été notifié à l’avance aux locataires dont certains occupent les lieux depuis plus de 30 ans. Des lieux malfamés réputés pour être des repaires de sorcellerie et de charlatanisme, ayant contribué à la dégradation de l’image d’une métropole criblée de points noirs et de dysfonctionnements. L’autre front et non des moindres concerne les grands projets royaux lancés à Casablanca et dont certains connaissent se sont enlisés  dans des blocages mystérieux  alors que d’autres tardent curieusement  à entrer en service comme le grand théâtre et le nouveau zone alors qu’ils ont été finalisés depuis bien des années.
Mohamed Mhidia est auréolé d’une réputation de bulldozer de l’administration du territoire, très à cheval sur le respect des lois et des normes. Sa méthode, dont les maîtres-mots sont la fermeté et le suivi, est d’une efficacité redoutable.  Dans toutes les régions où il a déjà officié en tant que wali,  Rabat-Salé-Kénitra, l’Oriental, (2012), Marrakech-Tensift-Al Haouz, (2010) et Taza-Al Hoceima-Taounate (2007), l’approche Mhidia a donné des résultats probants sur le terrain. Lauréat de l'École nationale supérieure des mines de Douai en France, en 1981 et de l’Institut supérieur du béton armé de Marseille en 1982, ce natif de Sidi Kacem démarre sa carrière au sein du ministère de l’Équipement comme chef de division de l’entretien, de l’exploitation et de la sécurité des routes et de la circulation routière (1993)  avant d’être promu  directeur provincial des travaux publics à la province d'Azilal (1987).  Après un passage  comme directeur de la Société de l’Aménagement de Sala Al-Jadida (1996-2002) les portes de l’administration  territoriale s’ouvrent à lui. En 2002, date de sa nomination comme gouverneur de la préfecture de Skhirate-Témara où il fait du bon travail dans le cadre du programme « villes sans bidonvilles » en faisant raser le plus grand bidonville situé dans cette préfecture.
Sa réputation d’homme d’autorité sûr et assuré est faite, il ne sera jamais défaite.  L’État peut compter sur lui pour des chantiers stratégiques et des opérations d’assainissement d’importance  dans les régions les plus en vue du Royaume ou il a été dépêché en homme presque providentiel. L’homme démontre vite qu’il  a l’étoffe des grands commis de l’État dont le profil tranche avec celui de ces walis,  portés moins sur l’action de terrain que les réunions de bureaux où sortent des instructions sans lendemain. Mohamed Mhidia a une autre approche . En ligne avec les orientations royales,  elle est fondée  sur la coordination de l’action sur le terrain en s'appuyant sur une équipe de cadres supérieurs, tous ingénieurs de formation comme lui. Mhidia parle peu, laissant son travail parler pour lui. A 69 ans, Mohamed Mhidia agit le réel pour le changer de la plus grande région du Royaume et sa capitale économique, sa dernière grande mission avant d’aspirer  à une retraite (sans cesse différée) largement méritée.

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