Jamil Manar
15/7/2021 2:58
José Manuel Albares.

Avec la nomination d’un nouveau ministre des Affaires étrangères à la place de celle qui a personnalisé la crise...

Avec la nomination d’un nouveau ministre des Affaires étrangères à la place de celle qui a personnalisé la crise entre les deux Royaumes, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez espère tourner une page douloureuse...

Une nouvelle page va certainement s’ouvrir dans les relations maroco-espagnoles après leur nette détérioration en raison de la gestion chaotique du dossier Brahim Ghali aggravée par l’arrivée brutale d’une vague de quelque 8 000 migrants irréguliers à Sebta le 17 mai. José Manuel Albares est celui par qui la sortie de crise promet d’être amorcée. Le nouveau ministre espagnol des Affaires étrangères, qui a intégré le gouvernement dirigé par Juan Perdro Sanchez suite à  un remaniement intervenu samedi 10 juillet, a pour mission de faire oublier sa prédécesseure, la controversée Arancha González Laya, la seule poids lourd à quitter le gouvernement, à l’issue d’une enquête militaire qui l’a   rendue responsable, avec la complicité du régime algérien, de l’entrée an avril dernier sur le sol espagnol du chef du Polisario sous une fausse identité. En clair, González Laya, dont le départ a été accueilli avec un certain soulagement aussi bien au Maroc qu’en Espagne, est accusée d’avoir violé les règles de l’espace Schengen en autorisant le franchissement par le pantin d’Alger des frontières espagnoles sans contrôle. Sur ce dernier pèse des accusations de «faux» et «usage de faux» et «usage public et sans droit de documents justifiant d’une qualité officielle».

Depuis l’éclatement de ce scandale d’État très embrassant pour le gouvernement Sanchez, l’ex-cheffe de la diplomatie espagnole, devenue la cible des critiques acerbes notamment de l’opposition qui lui ont fait porter le chapeau de la tension politico-diplomatique avec le Maroc, s’est transformée en obstacle à toute normalisation avec le voisin du sud. Dès lors, la mettre hors circuit était devenu le seul facteur de sortie de crise et l’unique lot de consolation possible pour le Maroc. Pour Lequel elle a cessé d’être une interlocutrice digne de confiance surtout que son homologue marocain n’a pas été informé au préalable de l’hospitalisation pour des « raisons humanitaires » de Brahim Ghali, visé pourtant par des plaintes instruites par la justice espagnole pour crimes de guerre, tortures et viols.

Intérêts stratégiques

« Le Maroc a cessé de considérer González Laya comme un interlocuteur valable après la crise » a indiqué le quotidien El País. C’est pour cela que le Premier ministre socialiste « a décidé de la sacrifier (…) pour renouer le dialogue avec le pays voisin », a ajouté le journal.  Il fallait bien un fusible pour que le courant soit rétabli de nouveau entre les deux nations que les manigances algériennes ont réussi à dresser l’un contre l’autre. Mais pas pour longtemps. Fort heureusement. Bien accueillie dans milieux politiques locaux, la nomination de l’ex-ambassadeur de Madrid en France est de nature à relancer la coopération multiforme (économique et sécuritaire) entre les deux parties que l’affaire Ghali a mise en veilleuse.

Fin connaisseur du Maroc, José Manuel Albares a le profil de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. D’ailleurs, il a tenu à donner le ton dès la cérémonie de passation des pouvoirs avec l’ancienne titulaire du poste. « Nous devons renforcer nos relations notamment avec le Maroc, notre grand ami », a déclaré celui aurait décidé de réserver sa première visite à l’étranger au Maroc. Une manière de marquer le retour de l’Espagne à de meilleurs sentiments envers le Maroc dans l’espoir de réparer ce que la sombre affaire Ghali a brisé. Plus de temps à perdre. Il faut toute de suite se remettre au travail. Surtout que les deux royaumes sont liés par une communauté de destin très forte régulièrement mise à mal par les vicissitudes de l’histoire et les contentieux du passé. Le plus grand défi qui se pose aux responsables des deux pays c’est d’immuniser durablement les relations bilatérales contre les tensions. C’est à ce prix que seront protégés les intérêts stratégiques du Maroc et de l’Espagne, et sera préservé leur partenariat privilégié.

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