Ces humoristes qui ont présidé aux destinées de la Raie publique (15)

Beurgeois gentlemen
24/9/2022 16:50
Ces humoristes qui ont présidé aux  destinées de la Raie publique (15)

François Mitterrand, le baccalauréat en poche, s’installe dans la capitale et défile en février 1935 dans les manifestations contre « l’invasion métèque ». Dans L’Echo de Paris, il écrit : 8« Désormais, le quartier Latin est ce complexe de couleurs et de sons si désaccordés qu’on a l’impression de retrouver cette tour de Babel à laquelle nous ne voulions pas croire. ». François Mitterrand est décoré de la francisque par Philippe Pétain en tant que marque spéciale d'estime. Il s’est entouré, après la Libération, de personnages sulfureux, mouillés dans la collaboration. Le futur président socialiste de la Ve République a même continué à fréquenter d'anciens responsables de la Cagoule, cette organisation criminelle et fascisante démantelée en 1938. François Mitterrand éprouvait une réelle fascination pour René Bousquet, l'ancien secrétaire général de la police sous Vichy, impliqué dans la traque des juifs et des résistants, notamment dans la rafle du Vel' d'Hiv'. Valéry Giscard d'Estaing – VGE –  est convaincu d’avoir battu François Mitterrand en 1974 grâce au débat télévisé (cf. Canard Libéré n°700). VGE s'est exprimé sur ce point dans ses Mémoires, Le Pouvoir et la Vie, et dans un entretien qu'il a accordé au Parisien le 26 avril 2012 : « Peut-on perdre une élection sur un débat ? Oui. François Mitterrand pensait y avoir perdu l'élection de 1974. Nous en avions parlé tous les deux par la suite, et il m'avait confié : "Votre phrase 'Vous n'avez pas le monopole du cœur' m'a déstabilisé, elle m'a coupé le souffle. Ce soir-là, j'ai perdu 3 millions d'électeurs." »

Les éditorialistes retiennent une autre pique encore plus rude lancée par Giscard d'Estaing à son adversaire : « Vous êtes un homme du passé. ». La gauche entend vite oublier cet événement télévisé, ressenti comme une défaite de François Mitterrand. Ce dernier la reconnaît dans une chronique du 12 mai 1974, ajoutant : « J'écoutais, je regardais du fond d'un détachement intérieur dont j'ai mesuré par la suite l'imprudence. » Au-delà de la petite phrase, c'est l'ensemble du débat de 1974 qui doit être porté au débit du candidat de la gauche, comme le montrent ces quelques lignes de Jacques Attali, publiées dans le tome 1 de Verbatim : « Lundi 4 mai 1981. Robert Badinter, Serge Moati, Régis Debray et moi revoyons, consternés, le film du débat télévisé de 1974 pour préparer celui de demain. François Mitterrand l'avait perdu plus manifestement que nous ne l'avions mesuré à l'époque. » Bien sûr, François Mitterrand a été piqué au vif par ce débat qui a laissé chez lui des traces douloureuses, et pour de longues années. On le perçoit à la manière dont il prépare la nouvelle campagne de 1981, cette fois victorieuse, dans les petites phrases que lui-même cisèle. Plus particulièrement celle-ci, qu'il lance à Giscard dans un nouveau débat: « Vous ne voulez pas parler du passé, je le comprends bien, naturellement, et vous avez tendance à vouloir reprendre le refrain d'il y a sept ans, "l'homme du passé".

C'est quand-même ennuyeux que dans l'intervalle vous soyez devenu, vous, l'homme du passif. » François Mitterrand tient sa revanche, par une phrase assassine. « L'homme du passé » de 1974 l'a plus marqué que « le monopole du cœur » ... Le « cœur » ressurgit quand-même quelques années plus tard. En 1988 plus précisément, toujours à l'occasion d'une campagne présidentielle. Dans le débat qui l'oppose à Jacques Chirac, son challenger, qui lui reproche d'avoir augmenté la TVA sur les aliments pour les chats et les chiens, François Mitterrand déclare: « Vous n'avez pas le monopole du cœur pour les chiens et les chats, je les aime moi aussi.» Avec humour, voire autodérision, il revient sur la phrase de 1974. La boucle est bouclée... deux septennats plus tard !

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