Khouribga, une ville française... (30)

Beurgeois gentlemen
11/2/2021 2:12
Khouribga, une ville  française... (30)

Nous célébrons le centenaire de Khouribga et de l’OCP, l’Office Chérifien des Phosphates voulu par Lyautey. Jnaynar Lotti,...

Nous célébrons le centenaire de Khouribga et de l’OCP, l’Office Chérifien des Phosphates voulu par Lyautey. Jnaynar Lotti, comme le nomment les indigènes des Ouled Abdoun, en signant le décret du 27 janvier 1920, est conscient du caractère exceptionnel de l’Office, prononcé « Loufisse » par les autochtones, et décide d'en confier l'exploration et l'exploitation au seul "Magasin" (ma5zen) afin d’éviter la rapacité du secteur privé. Lyautey va être stoppé net par la première Guerre mondiale 1914-1918. En 1916, au milieu de cette Première Guerre mondiale, qu’il avait qualifiée avant son déclenchement d’énorme ânerie : «Mais ils sont fous ! Une guerre entre Européens, c'est une guerre civile... C'est la plus énorme ânerie que le monde ait jamais faite ! », Lyautey se met une seconde fois en colère quand le député Birot fait l’erreur de dire que l’Empire chérifien du Maroc « fait partie de nos trois colonies françaises ». Il lui répond le 29 février 1916 dans un discours à la Chambre de Commerce de Lyon: «Permettez-moi maintenant, cher monsieur Birot, de retenir l'attention sur une de vos paroles. Parlant de l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc, vous avez dit : "Nos trois colonies". Or, rien ne serait plus inexact et plus périlleux (…) qu’une image aussi simplifiée, et de considérer la Tunisie, l'Algérie et le Maroc sous le même aspect. Alors que nous sommes en Algérie depuis plus de 80 ans, en Tunisie depuis 35 ans, nous n'avons pris pied au Maroc qu'il y a 8 ans, et notre protectorat y date de moins de 4 ans. (…) Et puis, si l'Algérie est bien une "colonie", le Maroc est un "protectorat", et ce n'est pas là seulement question d'étiquette. Alors que nous nous sommes trouvés en Algérie en face d'une véritable poussière, d'un état de choses inorganique, où seul le pouvoir constitué était celui du Dey Turc effondré dès notre venue, au Maroc, au contraire, nous nous sommes trouvés en face d'un Empire historique et indépendant, jaloux à l'extrême de son indépendance, rebelle à toute servitude, qui jusqu'à ces dernières années, faisait encore figure d'État constitué, avec sa hiérarchie de fonctionnaires, sa représentation à l'étranger, ses organismes sociaux dont la plupart subsistent toujours, malgré la défaillance récente du pouvoir central.

Songez qu'il existe encore au Maroc nombre de personnages qui, jusqu'il y a 6 ans, furent ambassadeurs du Maroc indépendant à Pétersbourg, à Londres, à Berlin, à Madrid, à Paris, accompagnés de secrétaires et d'attachés, hommes d'une culture générale, qui ont traité d'égal à égal avec les hommes d’État européens, qui ont le sens et le goût des choses politiques : rien de similaire en Algérie ou en Tunisie. À côté de cet état-major politique, il existe également un état-major religieux qui n'est pas négligeable. Le ministre de la Justice actuel du sultan a professé pendant des années à l'université d'El-Azhar au Caire, à Istanbul, à Brousse, à Damas, est en correspondance avec les oulémas jusqu'aux Indes, et n'est pas le seul qui soit en relation avec l'élite islamique d'Orient. Il existe enfin une équipe économique de premier ordre composée de gros commerçants qui ont des maisons à Manchester, à Hambourg, à Marseille, qui y sont généralement allés eux-mêmes. Nous nous trouvons donc là en présence d'une élite politique, religieuse et économique qu'il serait insensé d'ignorer, de méconnaître et de ne pas utiliser car, associée étroitement à l'œuvre que nous avons à réaliser au Maroc, elle peut et doit l'aider puissamment. Ajoutez - et tous ceux d'entre vous qui sont allés au Maroc le savent bien - qu'il y a là une race industrieuse, laborieuse, intelligente, ouverte au progrès, dont on tirera le plus large parti à condition de respecter scrupuleusement ce qu'elle veut voir respecter. (...) À nul pays ne convenait donc mieux le régime du protectorat, régime non pas transitoire mais définitif, qui a comme caractéristique essentielle l'association et la coopération étroite de la race protectrice dans le respect mutuel, dans la sauvegarde scrupuleuse des institutions traditionnelles. (...) ».(A suivre)

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