Khouribga, une ville française... (53)

Beurgeois gentlemen
31/7/2021 15:05
Khouribga, une ville française... (53)

Nous célébrons le centenaire de la ville de Khouribga et de l’OCP, l’Office Chérifien des Phosphates voulu par Lyautey. ‘‘Jnaynar Lotti’’, comme le nommaient les Ouled Abdoun, en signant le décret du 27 janvier 1920, était le seul à être conscient du caractère exceptionnel de ce ‘‘Loufisse’’. En confiant l'exploration et l'exploitation de l’OCP au seul ‘‘Magasin’’ (ma5zen), Lyautey a ainsi évité la rapacité du secteur privé. Loufisse commence son activité d’extraction et de traitement d’expédition du phosphate le premier mars 1921, avec l’ouverture de la première mine des M’fassis, dans le gisement de Khouribga, le gisement de phosphate le plus riche du monde. Dès juin 1921, la première cargaison de phosphates est transportée à bord du train de Boujniba vers le port de Casablanca. Le gisement des Ouled Abdoun à Boujniba, dans les environs de la future ville de Khouribga, est le premier à être exploité. L’acheminement du phosphate jusqu’au port de Casablanca va permettre la première exportation de phosphate le 27 juillet 1921. A partir de 1951, les installations de séchage et de calcination se développent dans les régions de Khouribga. En 1952, Loufisse va exploiter sa première mine à ciel ouvert. La production a progressivement augmenté pour atteindre 5 millions de tonnes en 1954.

La petite bourgade de Boujniba va subir une révolution socio-culturelle! Un petit garçon, Fouladi, issu d’une famille pauvre, dans un village pauvre, dans une région pauvre qui fait le grand saut à pieds joints dans le 20ième siècle ! Fouladi va se retrouver orphelin de sa mère à l’âge de 5 ans. Mais avant de partir, la génitrice de ses jours (walida en arabe) va lui insuffler le goût du dépassement. De son père, il apprendra à défier les obstacles et les abus de pouvoir… Mais c’est l’école française qui va être sa bouée de sauvetage. Ce gosse, un va-nu-pieds va commencer sa vie comme dans le film « America, America » sans couleurs, juste en noir et blanc. Sa mère, le corps ravagé par la maladie et le cœur par le chagrin, pleurant toutes les larmes de son corps, lui aurait chuchoté, quelques semaines avant sa mort, qu’il va aller à l’école et réussir ses études ! Fouladi dont les parents sont analphabètes et qui vient de perdre sa walida alors qu’il n’était âgé que d’environ 5 ans et qui a été élevé à la dure par un père autoritaire, a vu plutôt dans l’école une bouée de sauvetage. A l’instar de l’Arménien Elia Kazann, rescapé du génocide perpétré par les Turcs qu’il raconte dans son film « America, America » ou du Kabyle Mouloud Feraoun dans son livre « Le Fils du pauvre » ou du Marocain Mohamed Choukri dans son livre « Le Pain nu », Fouladi, le gone de Boujniba, va plonger dans son passé, comme on plonge dans l’océan Atlantique à Casablanca, du côté de la source des loups (3ayn diabe). Guidé par sa mémoire, il raconte non pas son histoire mais ses histoires, avec en exergue la ville de Boujniba. Cette dernière était cé¬lèbre dans les années vingt par ses galeries du Phosphate.

Galeries qui ont déstructuré les terres des Ouled Abdoun donnant le nom de 5ribga qui vient du verbe arabe  5arba9a. Fouladi a grandi à Boujniba dans des conditions difficiles : une mère berbère aimante et un père dur, dogmatique, têtu, imprévisible, frustré, autoritaire, incapable d’extérioriser son amour. Ce père compliqua la vie de cet orphelin fragile et innocent. Le récit autobiographique de Fouladi « De Boujniba à Montréal: parcours du combattant d'un va-nu-pieds» pourrait aussi bien s’intituler ‘’Bras de fer entre un enfant et son destin’’. Dans ce livre, il raconte son parcours du combattant qui le conduisit de Khouribga au Canada. Ayant accompli ses études en Géographie ainsi qu’en Géomatique, Fouladi est devenu consultant en impacts des changements climatiques. Dans ce cadre, il a réalisé ou participé à la réalisation de différentes études de risques, désastres naturels et vulnérabilité environnementale modélisant les impacts futurs des changements climatiques, notamment dans la région des Caraïbes et de l’Amérique du Sud. (A suivre)


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