Abdellah Chankou
4.9.2021 16:20

Si l’on doit trouver un avantage à la pandémie du Covid-19 qui a impacté durement le déroulement de la campagne électorale, c’est bien celui-là : Elle a réduit de manière importante, mesures restrictives oblige, les scènes de sous-développement qui émaillent traditionnellement les campagnes électorales au Maroc. Malgré la crise sanitaire qui a fait interdire les meetings et autres festins et poussé par conséquent les partis à se rabattre sur les réseaux sociaux pour communiquer avec le public, on a eu droit tout de même à des séquences de violence choquantes entre groupes de certains candidats rivaux dans plusieurs coins du pays. Il faut bien, à défaut de vrais débats et d’échanges constructifs, mettre un peu d’ambiance dans l’arène…    

Sur le terrain de la communication électorale, force est de constater que la classe politique marocaine n’a guère évolué, reproduisant des pratiques archaïques qui aggravent sa décrédibilisation tout en creusant le fossé avec la rue. A croire que les actes d’intimidation et d’agression   font partie des programmes de certaines formations et représentent à ce titre la seule promesse concrète qu’elles tiennent avant même qu’ils raflent les postes en jeu.

A cet effet, il serait intéressant de convoquer la sociologie électorale sous l’angle non pas de l’électeur assidu dont le profil est plus ou moins connu mais de cette armée de distributeurs de tracts électoraux utilisée par bien des candidats à court d’arguments sérieux pour intimider l’adversaire et espérer se faire élire par la méthode forte. Il s’agit en général des mêmes jeunes distributeurs de flyers dont le boulot rémunéré à la journée sillonnent d’habitude la voie publique sans restriction aucune, puisqu’ils remettent les imprimés publicitaires non seulement aux passants mais aussi aux conducteurs sur la route ou arrêtés à un feu rouge, à un stop, un rond-point et les placent aussi sous les essuie-glaces des voitures à l’arrêt. Il arrive aussi à des petits malins de jeter des piles de cette paperasse à l’entrée des immeubles, histoire de s’en débarrasser au plus vite. Un vrai gâchis de papier, que personne ne lit en général, généré par cette activité non-réglementée qui, plus grave encore, ne contribue ni à la réduction des déchets dont le pays est un gros producteur ni à la protection de l’environnement.

Pour se signaler aux électeurs, les candidats recrutent dans le même vivier du street marketing dont le profil des employés reste assez correct par rapport à celui de cette jeunesse désœuvrée, voire délinquante qui carbure aux psychotropes. Ce sont ces éléments qui fréquentent généralement les stades, qui ont en commun d’être agressifs, incontrôlables et sans éducation, qui agissent comme des miliciens à la solde de bien des prétendants aux strapontins en jeu sans foi ni loi pour lesquels tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins.

Ces camelots occasionnels, qui ne bénéficient d’aucun encadrement préalable, sont lâchés dans la nature où ils font beaucoup de dégâts confortant ainsi de nombreux citoyens dans leur désaffection à l’égard de la chose politique… Difficile dans ces conditions d’avoir une compétition propre et des candidats qui font rêver. Bien au contraire. La campagne électorale 2021, la crise sanitaire en plus, ressemble aux précédentes. Très peu excitante, médiocre et infestée par pire que le Covid, le virus de l’ignorance et de la mauvaise éducation (qui sévit aussi bien du côté des distributeurs de tracts que de celui de nombreux candidats) dont l’origine est, elle, bien connue pour avoir été plusieurs fois identifiée: la crise éducationnelle liée principalement au massacre de l’école.

Résultat : Malgré ses efforts remarquables dans de nombreux secteurs avec des performances indéniables à la clé, le Maroc est à chaque fois rattrapée par sa réalité sociale qui lui joue des tours en plombant sa marche vers le développement et la modernité. Prétendre construire une démocratie crédible en faisant émerger des acteurs politiques à la hauteur dans un contexte où l’indice de l’ignorance est proportionnellement plus élevé par rapport à celui de la conscience politique, relève de la gageure. Une pure illusion…

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