Abdellah Chankou
14.1.2021 1:50

La renationalisation de la Samir! C’est la dernière fausse bonne idée développée par certains bien-pensants économiques et politiques pour faire sortir ce dossier complexe de l’ornière. Une situation qui dure depuis plusieurs années faute de repreneur. Les candidats à la reprise ont défilé les uns après les autres. Pour finalement jeter l’éponge. Mais qui voudrait réellement d’une entreprise à l’arrêt depuis août 2015 ? Une telle boîte, frappée de paralysie depuis de nombreuses années, est-elle encore viable, sachant que le redémarrage de la production est plus qu’hypothétique?

Mais qu’importe ! A en croire les défenseurs de cette proposition, emmenés par l’économiste Najib Akesbi, le retour de la Samir dans le giron de l’État permettrait à ce dernier d’expier le «péché originel» de sa privatisation qu’ils considèrent comme une faute politique. Or, ce n’est pas la cession de cette entreprise publique, dans l’absolu, qui est problématique mais plutôt la manière scandaleuse dont elle a été gérée par ses actionnaires saoudiens. Al Amoudi, Baamer et consorts, plutôt que de s’inscrire dans une logique de développement et de modernisation de l’outil de production conformément au cahier des charges, se sont rendus coupables au fil des années d’une série d’actes délictueux qui dessinent les contours d’une faillite frauduleuse. D’un point de vue économique, la faillite de la Samir est un non-sens, voire une aberration, car évoluant dans un marché monopolistique avec une offre claire et régulière émanant des distributeurs des produits pétroliers.  Pour des raisons incompréhensibles pour le commun des observateurs, les pouvoirs publics ont laissé les prédateurs saoudiens agir à leur guise dans une forme de bienveillance coupable qui a neutralisé toutes les alertes et conduit au gâchis financier monumental que l’on sait. Pour une société cotée en Bourse, censée émettre des warnings au premier dysfonctionnement, il y a de quoi se poser des questions et quelles questions !

Une relance de l’activité de la Samir semble relever de la gageure, tant les chances de son sauvetage semblent compromises. Le seul espoir d’une sortie d’impasse réside peut-être dans un projet de reconversion du site du raffinage en station balnéaire.

Une chose est sûre : Cette panne, qui n’avait pas lieu d’être, fait engager la responsabilité d’une ribambelle d’acteurs économiques et de décideurs politiques qui doivent normalement rendre des comptes. Si les repreneurs étaient autres que Saoudiens, la Samir n’aurait certainement pas subi le massacre dont elle a été victime et n’aurait pas été obligée par conséquent de mettre la clé sous la porte. Là réside sans doute, avec le recul, l’erreur d’appréciation même si à l’époque les Saoudiens représentaient aux yeux du pouvoir politique le meilleur partenaire pour la Samir. N’en déplaise aux partisans de la renationalisation de l’entreprise, le raffinage contrairement au pétrole n’est pas un outil stratégique et il ne tient qu’à État de renforcer la sécurité énergétique du pays par l’augmentation de ses capacités de stockage. Nul besoin que la réserve stratégique de pétrole (RSP) soit détenue directement par État ; un opérateur national du secteur peut remplir cette mission dans le cadre d’un cahier des charges précis, par le recours aux importations des produits raffinés qui approvisionnent d’ailleurs le marché local depuis l’instauration en décembre 2015 de la libéralisation du secteur des hydrocarbures. Reste que le problème de la Samir a traîné plus que de raison alors qu’il nécessitait une intervention énergique et sérieuse du gouvernement pour lui trouver une issue convenable,  surtout pour ce qui concerne le volet social. Les 900 employés de la Samir continuent, en effet, à être payés par État nonobstant leur condamnation au chômage technique depuis l’arrêt de la production il y a près de 6 ans. Cette situation, pour le moins curieuse, traduit une absence de vision gouvernementale sur le plus grand scandale du pays des deux dernières décennies.

Une relance de l’activité de la Samir semble relever de la gageure, tant les chances de son sauvetage semblent compromises. Le seul espoir d’une sortie d’impasse réside peut-être dans un projet de reconversion du site du raffinage en station balnéaire. Vivement l’avènement de «Samira Bay». Voilà qui est de nature à redonner à cette charmante ville  côtière qu’est Mohammedia sa douceur de vivre d’antan, empoisonnée justement par la raffinerie et d’autres industries polluantes, et restaurer sa vocation de cité où il fait bon vivre et passer des vacances.

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