Un gramme  d’information dans une tonne de désinformation!  Sans grande exagération, on est dans cet ordre de grandeur avec les réseaux sociaux noyés de plus en plus  dans un flot continu de fake news. Le déferlement de fausses informations et de post-vérités  est tel  que séparer le bon grain de la fiabilité de l’ivraie du mensonge devient ardu y compris pour les esprits éveillés. A l’heure du numérique et de son instantanéité, force et reconnaît que la véracité des contenus (images, vidéos, documents et autres commentaires ), dont l’origine est inconnue,  ne coule plus de source. Paragraphe à ajouter après croix : Dans un avis récent  intitulé: « les fake news, de la désinformation à l’accès à une information avérée et disponible », élaboré dans le cadre d’une auto-saisine, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) affirme que « la diffusion intentionnelle de fausses informations est devenue un outil largement utilisé pour réaliser des profits, influencer les comportements ou nuire aux organisations, voire même aux États, portant ainsi atteinte à l’ordre public et au bon fonctionnement des marchés ». Dans ce cadre, le Conseil a fait état  des résultats d’une consultation réalisée via sa plateforme « Ouchariko » : 93% des sondés ont dit  recevoir  souvent des informations qui semblent non fiables. La désinformation est devenue une grande industrie sans frontières. Selon une étude menée en 2018 par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), les fausses informations se répandraient six fois plus vite que les vraies.

Il faut croire que Facebook, Twitter et autres Instagram, juste des  machines à cash incapables de régulation, ont été colonisés, faute de garde-fous législatifs à caractère répressifs,  par des officines malveillantes  spécialisées dans l’industrie juteuse de la désinformation. Celle-ci possède ses fabriques - l’une d’elle a été débusquée en Israël - ses agents secrets, ses clients et ses «petites mains», selon la dernière enquête très fouillée de Forbidden Stories sur les mécanismes de ce business dangereux. En fait, l’enquête en question n’a fait que confirmer, preuves à l’appui, ce que l’on soupçonnait  déjà : Internet n’est plus ce qu' il était. La Toile, véhicule à ses débuts d’une interactivité mondiale plus sympathique, a cédé petit à petit  la place à un web moins convivial, arborant progressivement un  visage que l’on devine obscur à travers cette avalanche de contenus douteux alimentés sans cesse par les progrès des  nouvelles technologies et la diffusion rapide en ligne.

Il faut croire que Facebook, Twitter et autres Instagram, juste des machines à cash incapables de régulation, ont été colonisés, faute de garde-fous législatifs à caractère répressifs, par des officines malveillantes spécialisées dans l’industrie juteuse de la désinformation.

Visiblement, quelque chose ne tournait plus rond dans le cyberworld que l’on s'évertue à nous vendre comme une révolution technologique fabuleuse. Ce serait sans compter avec l’opportunisme  malveillant de ces organisations  obscures exploitant à fond l’anonymat que permet le Net pour  monter en service commandé  des entreprises sophistiquées de manipulation des masses. A coups de diffusion à grande échelle de théories du complot, de confection de fausses nouvelles pour orienter un débat, influencer une opinion publique, ou  même déstabiliser un État fragile… Les techniques  de la manipulation sont diverses et faciles à mettre au point grâce à des logiciels capables de générer  des faux comptes avec des avatars humains (humains numériques photoréalistes), de les activer sur les réseaux sociaux et de les faire réagir dans le sens de la propagande souhaité. Voilà qui éclaire d’un jour nouveau la fameuse campagne de boycott, initiée en 2018 sur les réseaux sociaux, contre trois marques nationales (Sidi Ali, Afriquia et Centrale Danone) sous couvert de la vie chère alors que ces entreprises n’ont pas augmenté le prix de leurs produits. A l’époque, le ciblage de ces trois groupes en particulier était troublant.  Pourquoi eux et pas leurs concurrents? La ficelle était tout de même grosse. Ce qui n’avait pas empêché certains experts de circonstance autoproclamés de voir dans ce mouvement inédit, qualifié même de «Hirak numérique», le signe d’une espèce de maturité du consommateur marocain, capable désormais de nouvelles formes de protestation pour défendre ses droits et  faire plier les entreprises. Voire…

Avec le recul, la vérité apparaît plus éclatante encore: nous sommes ici devant un cas d’école d’une campagne de manipulation des masses- dont le Canard avait en son temps tenté de cerner les contours et comprendre les mobiles- qui a mobilisé de gros moyens. Il faut être naïf pour croire  qu’il s’agit d’un mouvement  spontané ou d’une opération maison résultant d’une technicité locale. Preuve, c’est aujourd’hui, dans ce contexte de renchérissement des prix sans précédent, qu’une action de boycott s’impose et aurait véritablement un sens… Mais curieusement rien ne se passe. Sans commentaire… Là réside la puissance des artisans  du bidouillage virtuel dans sa dimension planétaire. Détenteurs d’armes de déstabilisation massive d’un autre genre, ils  sont les nouveaux maîtres des réseaux sociaux dont ils ont organisé la reconfiguration à des fins inavoués non exemptes d’un caractère mercantile évident. Une reconfiguration qui aboutit in fine, en fonction des intérêts des commanditaires, au formatage des esprits de la plèbe mondiale ou l’infléchissement de ses jugements, par le recours à diverses techniques… La machine à désinformer tourne à plein régime, profitant de la passoire que sont les réseaux sociaux pour influencer une campagne électorale, obtenir le report d’un scrutin ou monter une propagande…Une guerre "desinformationnelle" devant laquelle les États sont démunis en l’absence d’une parade efficace capable de dissuader les industriels de l’infox. Entre l’armée déclarée  des  influenceurs de l’acte d’achat et la nébuleuse des professionnels du formatage des esprits, les réseaux sociaux sont devenus de moins en moins Net. Il y a de quoi déchanter face à ce dévoiement croissant des nouvelles technologies. Poussant à chaque fois les limites du possible à une vitesse vertigineuse, celles-ci n’ont pas encore, à la faveur de ce qui ressemble à un piratage du cerveau humain par l’intelligence artificielle, épuisé tout leur potentiel du pire.

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