Mendicité sans frontières

Ils sont partout et en grand nombre. Aux abords des mosquées et pâtisseries, à la sortie des magasins et marchés, envahissant carrefours, feux rouges, ou simplement la voie publique. Pas un endroit, même le plus insoupçonné, ne leur échappe, « attaquant » en solo ou en groupe. Difficile de faire un pas sans qu’ils vous  alpaguent. «Ils» ce sont les mendiants, cette population en pleine croissance, qui ne connaît ni le chômage ni la lassitude  ! Entre les mendiants maison, leurs collègues subsahariens et syriens entre lesquels la concurrence fait rage, le citoyen est constamment  sollicité par une foule de quémandeurs  de tous âges qui rivalisent de techniques pour attendrir les âmes. S’il est un secteur à Casablanca qui bat en effet sans cesse ses propres records c’est bien celui de la mendicité qui fonctionne à plein régime . Les adeptes de ce métier florissant, à la lisière  du harcèlement, source d’argent facile, qu’ils exercent sans relâche, ont plus que décuplé en ce mois sacré, spiritualité oblige, suscitant souvent plus qu’un sentiment de gêne chez les gens. Un préjudice urbain spectaculaire qui plombe un environnement social déjà saturé par une série de phénomènes qui contribuent grandement à sa dévalorisation.        
Ce qui ajoute au malaise ambiant, c’est le caractère actif de la mendicité dont les acteurs, qui se confondent avec ces mendiants déguisés, incarnés par la faune des gardiens de voiture – autre source de nuisance considérable – supplient les passants, souvent de manière théâtrale. Et en simulant même  une infirmité (les chaises roulantes sont toujours à la mode) avec pour certains exhibition de la preuve supposée de leur indigence (des notes d’eau et d’électricité impayées, des récépissés d’arriérés de loyer, un certificat médical pour une opération onéreuse,  le cancer de préférence …).

Il s’agirait d’explorer sérieusement la piste  de centres de prise en charge où, en échange d’un lit et d’une assiette ceux qui sont en âge et en capacité de travailler ont la possibilité d’être  productifs en étant utiles à eux-mêmes et à la collectivité.

En somme, tous les moyens sont bons pour attendrir le chaland, et devant une telle débauche de stratagèmes où la mise en avant des enfants est fréquente, il est difficile de distinguer le simulateur de celui qui est réellement dans le besoin.  Dopé par le laxisme des autorités,  le phénomène prend des proportions si alarmantes qu’il a fait  réagir en ce mois de ramadan le Conseil économique social (CESE). Ce dernier s’est fendu d’un avis sur la question et formulé des recommandations, notamment «l’amélioration des programmes de prise en charge sociale des catégories vulnérables et de durcir les sanctions contre l’exploitation des enfants, des personnes âgées, des femmes et des personnes handicapées à des fins de mendicité. » La mendicité  et le vagabondage sont passibles de prison comme le stipule clairement l’article 331 du code pénal:  » Est puni de l’emprisonnement d’un à trois ans, tout mendiant même invalide, tout vagabond, qui est trouvé porteur d’armes ou muni d’instruments ou objets propres à commettre des crimes ou des délits. » Pourquoi les pouvoirs publics ne font-ils pas respecter  cette disposition qui remonte à l’époque du protectorat, préférant cultiver  le laxisme dont les effets sont ravageurs à plus d’un titre ? Il est grand temps d’appliquer  la loi tout en  offrant aux quémandeurs des projets de réinsertion dédiés, de telle sorte de leur permettre d’apprendre un métier et d’en vivre.
De manière concrète, il s’agirait d’explorer sérieusement la piste  de centres de prise en charge où, en échange d’un lit et d’une assiette ceux qui sont en âge et en capacité de travailler ont la possibilité d’être  productifs en étant utiles à eux-mêmes et à la collectivité.
Accompagnée d’une criminalisation effective de la mendicité dans l’espace public, cette approche permettra d’un côté d’offrir  le droit à la digité aux intéressés et de l’autre de débarrasser nos villes d’un mal qui nuit gravement à l’image du Maroc qui le fait passer  aux yeux du touriste étranger pour un pays où il ne fait pas vraiment bon séjourner, encore moins flâner… Le Royaume va accueillir le monde en 2030, co-organisé avec l’Espagne et le Portugal. L’occasion de mettre définitivement hors-jeu toutes les nuisances urbaines  qui agressent le regard et font mal au cœur.

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