Abdellah Chankou
29.9.2022 0:36

Qu’est-ce qu’au fond un MRE, sinon un citoyen qui aspire à un avenir meilleur dont il juge absentes  les conditions dans son propre pays et qu’il entreprend de chercher sous d’autres cieux, soit dans le cadre d’une immigration choisie ou irrégulière ? Quoi de plus légitime que de vouloir, en effet, améliorer ses conditions sociales et progresser dans la vie quitte à supporter les affres de l’exil, aggravées dans certains cas par les maux du racisme et de l’intolérance ! Ce sont ces mêmes MRE considérés comme des gens qui ont percé à l’étranger que leur pays d’origine, qu’ils ont quitté, entend aujourd’hui  faire revenir au bercail pour contribuer à son développement économique en y lançant des investissements. Vouloir mettre à contribution les compétences et le savoir-faire de la diaspora dans différents domaines est une excellente idée, un pari fondamental sur l’avenir auquel les pouvoirs publics sont tenus de consacrer toute leur énergie pour le réussir.  Mais il y a loin de la coupe aux lèvres et il ne suffit pas de souhaiter une chose pour qu’elle se concrétise. Encore faut-il mouiller sa chemise, faire en sorte que l’environnement national dans toute sa complexité et ses paradoxes, ses insuffisances et ses désagréments soit porteur pour les candidats au retour des conditions de réussite, d’épanouissement et surtout d’intégration. Encore faut-il mouiller sa chemise, faire en sorte que l’environnement national dans toute sa complexité et ses paradoxes, ses insuffisances et ses désagréments soit porteur pour les candidats au retour de facteurs de réussite, d’épanouissement et surtout d’intégration. Prenez par exemple les milliers d’ingénieurs et autres médecins qui bon an mal an cèdent aux sirènes de l’expatriation à un moment où leur pays en a grandement besoin pour son développement, ils ne reviendront assurément pas si les raisons (conditions matérielles, environnement professionnel, plans de carrière…) qui les ont poussé à s’exiler n'auront pas évolué dans le bons sens…C’est en effet un véritable gâchis que de ne pas savoir retenir ses ressources humaines qualifiées alors que leur pays a investi dans leur formation depuis le primaire jusqu’au supérieur. Il faut que les candidats au retour potentiels puissent gagner au change. Ce qui n’est pas acquis a priori. Car un Marocain de l’étranger qui évolue par exemple dans une entreprise en France, en Allemagne ou aux États-Unis aura du mal à s’habituer à « la mentalité locale », à son type de management et à certains réflexes qui ont la peau dure…

Ce n’est pas la création d’une énième commission consacrée aux MRE ou des instructions aux patrons des CRI de faciliter la vie aux MRE investisseurs qui pourraient concrétiser la vision royale. Il faut rompre avec cette mentalité de « consignes » et de mobilisation qui ne dure que le temps des roses…

Et ce n’est guère encourageant quand le MRE est un investisseur potentiel qui doit tout, comme son compatriote resté au pays, se coltiner notre beau maquis administratif, ses magnifiques montagnes de paperasse à légaliser et ses chouettes  tracasseries de toutes les couleurs. De quoi décourager le plus vaillant des entrepreneurs, alors qu’il aurait été plus pratique et rentable pour tout le monde de décréter la dématérialisation intégrale des formalités de création des sociétés comme c’est le cas dans de nombreux pays comme Dubaï où le porteur du projet crée son entreprise en quelques clics. Sans bouger de son fauteuil. L’environnement des affaires avec sa multitude de facteurs contraignants qui impactent l’activité de l’entreprise après sa création a encore besoin d’amélioration.  L’environnement social, plombé par une série de dysfonctionnements et de nuisances, gagnerait à son tour à être assaini. Ces réformes de fond ne manqueraient pas de rejaillir positivement sur la dynamique des investissements au Maroc en général, qu'ils soient le fait des Marocains (0d’ici ou d’ailleurs) ou des étrangers.En fait, la dynamique du retour des Marocains du monde a toujours existé mais le rythme n’est pas aussi soutenu qu’il devrait l’être, étant donné que le Royaume a tous les atouts en main (potentiel de développement énorme, opportunités d’affaires à la pelle et qualité de vie) pour attirer les élites issues de l’immigration désireuses d’entreprendre dans les proportions souhaitées par le souverain lors de son dernier discours à l’occasion du 69ème  anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple.

Les MRE ont ceci de particulier qu’ils gardent des attaches notamment affectives avec leur terre d’origine. Aux responsables de capitaliser sur cette spécificité inestimable tout en tirant les conséquences qui s’imposent de la menace réelle que représente pour les étrangers en général la montée grandissante de l’extrême droite dans un certain nombre de pays européens (Suède, Italie…), où elle commence à s’emparer du pouvoir. Cette tendance lourde du paysage politique européen, qui s’enracine dans le populisme et l’instrumentalisation de la peur de l’Autre, doit normalement pousser les décideurs marocains à renforcer plus que jamais ses liens avec la diaspora.  

Le souverain a tracé les grandes orientations, montré la voie à suivre et les objectifs à atteindre. Et ce n’est pas la création d’une énième commission consacrée aux MRE ou des instructions aux patrons des CRI de faciliter la vie aux MRE investisseurs qui  pourraient concrétiser la vision royale. Il faut rompre avec cette mentalité de « consignes » et de mobilisation qui ne dure que le temps des roses… Le vrai travail, est celui qu’on institutionnalise par l’action sur le terrain du réel pour le changer en actionnant les bons leviers une fois pour toutes. Dépoussiérer le discours sur les Marocains du monde qui ne sont généralement glorifiés que comme des chiffres en relation avec le volume croissant de leurs transferts de devises serait le bienvenue. Le capital humain qu’ils représentent en termes de talent et de technicité n’a pas de prix et il est sans commune mesure avec les 50 ou 60 milliards de DH qu’ils expédient bon an mal an au pays. Au fait,  pourquoi pas un ministère chargé des MRE dont le titulaire serait issu de l’immigration ?

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