Le printemps c’est la saison des amours, des fleurs et du soleil. L’axe Rabat-Madrid n’a jamais été aussi rayonnant et prometteur que depuis ce vendredi 18 mars 2022. Ce jour-là, peu après 16 heures, un communiqué du cabinet royal annonce la bonne nouvelle : L’Espagne considère désormais «l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» factice du Sahara marocain. C’est via un message du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, que l’Espagne a exprimé ce changement longtemps réclamé par Rabat et son désir de « construire une nouvelle relation, basée sur la transparence et la communication permanente, le respect mutuel et les accords signés par les deux parties et l’abstention de toute action unilatérale, à la hauteur de l’importance de tout ce que nous partageons ». Issu du Parti socialiste, réputé historiquement proche du Maroc, M. Sánchez a fait également état de la volonté de son pays «la gestion des flux migratoires en Méditerranée et dans l'Atlantique en agissant dans un esprit de pleine coopération […] dans le but de garantir la stabilité et l’intégrité territoriale des deux pays ». Alors que Madrid s’en tenait jusqu’ici à une position ambiguë en soutenant une solution politique dans le cadre des Nations unies, le fait qu’il apporte aujourd’hui clairement son soutien au plan d’autonomie marocain, qui bénéficie  déjà des soutiens de la France et tout récemment de l’Allemagne, représente un grand virage dans la ligne officielle espagnole. Certains médias espagnols comme la Razon se sont empressés dans leur édition du dimanche 20 mars à chercher la contrepartie de l’appui du gouvernement Sanchez à l’initiative marocaine. « Nous ignorons donc si Pedro Sánchez et le ministre Albares ont réussi à arracher au Maroc quelque chose qui soit fondamental pour l’Espagne », écrit l’auteur de l’article qui fait certainement allusion à un éventuel engagement secret du Royaume de renoncer à toute revendication sur les présides de Sebta et Melilia dans le cadre d’un donnant-donnant diplomatique.

Fort de son accord avec le Maroc, Pedro Sanchez s’est rendu mercredi 23 mars à Sebta où il a défendu son nouvel engagement en qualifiant le Maroc de « partenaire stratégique ». Les dirigeants de Sebta et Melilia attendent avec impatience la réouverture des frontières dont la fermeture  en mars 2020 par les autorités marocaines a asséché les circuits de contrebande et porté un coup dur à l’activité économique des deux enclaves. En vérité, la nouvelle position de l’Espagne sur le dossier du Sahara marocain découle tout bonnement d’un principe de réalisme politique. La realpolitik gouverne le monde.

Reste à savoir si l’accord des socialistes espagnols survivra aux aléas politiques ibériques puisque le soutien de l’option d’autonomie au Sahara par le chef du Psoe a provoqué les critiques des jusqu’aux-boutistes, notamment Podemos et certains milieux nationalistes du Parti populaire (PP), historiquement sensibles à la propagande de l’Algésario.

En sa qualité d’ex-colonisateur du Sahara, l’Espagne a fini par comprendre de manière concrète, à la faveur de l’affaire Brahim Ghali, qu’elle a tout à perdre sur les plans économique, politique et géopolitique dans le maintien d’une position ambivalente dans le dossier de l'intégrité territoriale du Maroc .

En sa qualité d’ex-colonisateur du Sahara, l’Espagne a fini par comprendre de manière concrète, à la faveur de l’affaire Brahim Ghali, qu’elle a tout à perdre sur les plans économique, politique et géopolitique dans le maintien d’une position ambivalente dans le dossier de l'intégrité territoriale du Maroc. Paradoxalement, cette ambiguïté politico-diplomatique tend à la rapprocher plus de l’Algérie (le géniteur et sponsor du Polisario, qui cherche, via cette création guignolesque, à affaiblir le Maroc) et l’éloigne un peu plus de son voisin immédiat avec lequel il est pourtant lié par l’histoire, la géographie, une communauté de destin et un partenariat économique de premier plan ! Confrontée également à des défis sécuritaires colossaux en relation avec la lutte contre l’émigration clandestine et le terrorisme où le Maroc est un partenaire incontournable, l’Espagne de Sanchez a fait le choix de l’avenir. En filigrane de sa nouvelle position, il y a aussi une décision qui n’était certainement pas facile à prendre, celle de se libérer du chantage odieux au gaz exercé par l’Algérie contre l’Espagne et qui a généré sous la pression le scandale Ghali (Madrid n’a pas su dire non à une Algérie qui a utilisé jusqu’au bout l’arme gazière contre le Maroc et pour arracher des positions pro-Polisario).

Les socialistes au pouvoir ont fait plus que changer leur fusil d’épaule. Encouragés certainement par la décision américaine de reconnaître la souveraineté du Maroc sur ses territoires du sud, Iis ont  opté pour le bon côté de l’Histoire en laissant le mauvais côté  à l’Algérie qui malgré son grand isolement sur le dossier du Sahara préfère poursuivre contre tout bon sens son entreprise d’instrumentalisation d’une bande de mercenaires  à sa solde contre un pays multiséculaire dont il a refusé d’innombrables fois la main tendue de son souverain pour mettre fin à la division du Maghreb, et réaliser le rêve d’union de ses peuples. Pourquoi Tebboune et ses prédécesseurs se sont-ils cadenassés dans cette ligne anti-marocaine suicidaire ? On le sait depuis longtemps, l’attitude des maîtres d’Alger relève, pour la comprendre, plus de la psychanalyse que de la politique. D’ailleurs, l’évolution de la position espagnole sur l’affaire du Sahara a fait vaciller le palais El Mouradia, déjà fragiles, sur ses bases; puisque Alger a décidé le rappel avec « effet immédiat » de son ambassadeur à Madrid.

La panique de la bande à Tebboune, qui s’est dite étonnée par « ce brusque revirement de position de l'ex-puissance administrante du Sahara occidental », n’a d’égal que la détermination de l’Espagne et du Maroc d’immuniser définitivement leurs relations contre les tensions mutuellement contre-productives. Continuer, côté espagnol, à s’accrocher au référendum d’autodétermination alors qu’il a été abandonné depuis longtemps par l’ONU en raison du caractère impraticable de cette consultation directe (la complexité de l’identification et du recensement du corps électoral) c’est camper sur une position caduque et alimenter en permanence une source de tension inutile vis-à-vis d’un voisin hautement stratégique aussi bien pour l’Espagne que pour l’UE. Politiquement dommageable et anachronique. Le tournant historique du 18 mars a fait délier les langues en Espagne. Ceux qui connaissent les dessous des cartes du Sahara ont reconnu que ce territoire désertique fait historiquement partie du Maroc et qu’il n’existe pas d’entité qui s’appelle « peuple sahraoui ». Celui-ci ne vit, au prix de la séquestration d’une population martyrisée à Tindouf depuis plus de 40 ans, que dans la propagande algérienne qui ne trompe plus personne.

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