Décidément, la France et l’Algérie sont irréconciliables. Ces deux pays sont à nouveau au bord de la rupture diplomatique. En cause, le report sine die, à la demande de la partie algérienne, du voyage que devait effectuer le Premier ministre français Jean Castex dimanche 11 avril à Alger pour participer aux travaux du comité intergouvernemental franco-algérien (CIHN). Une énième crise, en somme, provoquée par un accès de mauvaise humeur d’Alger qui a annulé la rencontre, ayant estimé que le niveau de la délégation française ne comportait pas assez de ministres pour se hisser « à la hauteur de l’importance de l’événement» ! La France a réduit en effet la taille de sa délégation de 8 membres à 2 en raison de la crise sanitaire. Ce qui n’a pas plu à Alger qui juge la qualité et le sérieux d’une relation à l’aune du nombre de hauts responsables qui font le déplacement. Censés connaître la susceptibilité à fleur de peau de leurs homologues algériens, les officiels français ne devraient pas être étonnés outre mesure par ce qui s’est passé.

La France et l’Algérie victimes de leur tumultueuse histoire commune sont irréconciliables, entretenant une relation jamais apaisée malgré la multiplication des gestes de bonne volonté du côté de l’ancien occupant dont le dernier en date est le rapport commandé par Emmanuel à l’historien Benjamin Stora sur la réconciliation mémorielle autour de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Ainsi va la relation entre la France et son ancienne colonie depuis l’indépendance de cette dernière en 1962. Une relation jalonnée de malentendus et de tensions, souvent exagérés dont les raisons tiennent plus d’un « émotionnel irrationnel ».  

De prime abord, l’on peut considérer que 132 ans de colonisation ont laissé des traces profondes. Mais, en vérité, les dirigeants du pays des Aurès ont tout fait pour les maintenir vives et ineffaçables. Cette façon de faire ressemble à la mentalité de ce régime unique et inique qui a démontré suffisamment son allergie chronique à tout ce qui ressemble de près ou de loin à une réconciliation ou à une main tendue pour dépasser les blocages. Ces vocables ne font pas partie de son lexique plutôt riche d’autres mots - les seuls qui lui parlent-  comme complexes, haine, rancœur, anachronisme et propagande. La France n’arrête pas de l’apprendre à ses dépens tout comme le Maroc, d’ailleurs, en butte depuis plusieurs décennies à la mauvaise foi caractérisée d’une junte honnie qui a fait de l’inimitié avec son voisin un fonds de commerce hautement juteux pour des généraux cacochymes.

Comme les dirigeants du FLN qui ont pris le pouvoir après le départ des Français ne connaissent pas la valeur de l'indépendance, ils en ont fait un instrument d'asservissement et de paupérisation du peuple algérien et un outil de propagande et de déstabilisation de la région.

Mais un pays qui a du mal à se réconcilier avec lui-même, travaillé constamment par ses propres contradictions, peut-il objectivement se réconcilier avec les autres et construire avec eux une relation normale et claire ? Un régime radicalement autiste, qui a fait main basse sur les richesses du pays, opprime son peuple et le paupérise en ignorant ses inlassables appels au changement, est-il capable de se projeter dans l’avenir ? Citez-moi un seul pays qui a construit quelque chose d’intéressant avec l’Algérie. Il n’y en a pas sur terre. Même la Chine, dont les officiels algériens se targuaient jusque tout récemment de la qualité du partenariat bilatéral, a fini par s’en détourner, lassée par le manque de sérieux de ses responsables…  

Contrairement à la France ou le Maroc, l’Algérie souffre sans doute du fait qu’elle n’a jamais été un État digne de ce nom. De colonisateur en colonisateur (Carthaginois, Romains, vandales, Byzantins, Turcs…) comme le rappela, à de multiples reprises, le général de Gaulle, elle n'a jamais été un pays souverain. Il fallait attendre la fin de l'occupation française pour qu'elle accède pour la première fois de son existence à la souveraineté. Comme les dirigeants du FLN qui ont pris le pouvoir après le départ des Français ne connaissent pas la valeur de l'indépendance, ils en ont fait un instrument d'asservissement et de paupérisation du peuple algérien et un outil de propagande et de déstabilisation de la région. Un immense gâchis pour un  pays riche en hydrocarbures qui a enfanté de brillants intellectuels...

Au vu de cette réalité désastreuse, le général de Gaulle n’a pas vraiment rendu service à l’Algérie en décidant d’octroyer, contre l’avis des partisans de l’Algérie française, l’indépendance à un territoire habitué historiquement à être sous tutelle d’une puissance étrangère…

Résultat : C’est une bande de prédateurs en civil, alliée à  une junte en uniforme, qui en récompense de sa lutte contre l'occupant, a récupéré comme un butin de guerre cette vaste terre dotée d'un énorme potentiel de développement. Une terre dont il fit jusqu’à aujourd’hui sa source de rente, à défaut de pouvoir la transformer en  pays économiquement viable, politiquement respectable et réellement souverain. C’est cela la différence entre des pays enracinés dans l’histoire et des entités empêtrées dans des petites histoires. Forcément, les deux ne jouent pas dans la même division. Quand les uns veulent prendre de l’altitude et de la hauteur, l’autre tire vers le bas dans un désir obsessionnel de voler au ras des pâquerettes.

Pour se maintenir au pouvoir et faire à chaque fois diversion, les profiteurs de la guerre d’Algérie ont fait de l’héritage colonial et des avancées réalisées par le Maroc le bouc émissaire de leurs multiples turpitudes dans tous les domaines. Et pour plomber définitivement des relations déjà compliquées à souhait, l’Algérie des gérontocrates en treillis reproche à Paris de défendre la position marocaine au détriment des thèses polisariennes qu’elle est encore la seule à défendre dans un anachronisme époustouflant.  Quoi de plus logique pour les sans État qu’un sujet de faux conflit de plus qui viendrait s’ajouter à une série de pseudo-problèmes pour égayer davantage l’ambiance…

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